Dès lors Boaz prend tout en main. Descendu dans l’aire, il monte maintenant à la porte de la ville, là où se traitait toute affaire importante en présence des anciens1. On y rendait aussi la justice. L’endroit était pratique car, en cas de besoin, il était facile de faire appel à des témoins pour sceller une transaction. En Israël, le rachat était une transaction sacrée et non un simple marchandage.
Le parent le plus proche qui pouvait acheter l’héritage d’Élimélec et faire revivre le nom du défunt se présente. Il n’est pas nommé. Comme il semble que les veuves n’héritaient pas, mais seulement les enfants, il veut bien racheter la pièce de terre qui appartenait à Élimélec pour que Naomi puisse jouir de l’héritage. Peut-être, Élimélec avait-il hypothéqué son bien pour assurer la survie de sa famille au début de la famine.
Quand cet homme réalise que Ruth, par son mariage avec Makhlon, y a aussi droit et qu’elle devrait être rachetée, il déclare forfait (verset 6). Il ne veut pas exercer une fonction de lévir en épousant la veuve du défunt. Il craint d’y perdre, de désobéir à la loi en introduisant une étrangère dans sa famille et, enfin, de ruiner son héritage. N’est-ce pas là un type frappant de la loi mosaïque, qui est totalement incapable de nous sauver ? Bien que la loi fût d’origine divine, elle ne pouvait racheter l’homme, car la chair (ce qui nous caractérise en tant que pécheurs) paralysait les commandementsRomains 8. 3 ; Hébreux 7. 18. La loi pouvait bien racheter l’héritage mais n’était pas en mesure de racheter l’héritier, car elle n’avait pas le pouvoir de faire vivreGalates 3. 21. Les dix témoins choisis par Boaz (verset 2) peuvent représenter les dix commandements, le noyau de la loi. Ces hommes témoigneront que le proche parent (la loi) ne peut être celui qui exerce le droit de rachat. La loi de Dieu ne fut donnée qu’à Israël et Dieu n’avait placé personne d’autre sous l’autorité de cette loi. Ruth ne pourra-t-elle donc jamais faire partie du peuple d’Israël ?
De cet échec, Dieu, dans sa grâce, tire pourtant le moyen de salut de Ruth. Le plus proche parent a échoué. Boaz a maintenant toute liberté d’agir. A l’image du Seigneur Jésus, il sera le seul à vouloir et à pouvoir racheter Ruth la Moabite. Il le fera de son plein gré, car il n’a aucune obligation envers elle. Avec Ézéchias, rendons grâce à Dieu de ce qu’il ait voulu nous sauverÉsaïe 38. 20.
Le plus proche parent de Naomi et de Ruth cède son droit de rachat à Boaz, car il ne veut pas racheter la possession. Cette affaire est scellée devant de nombreux témoins selon la coutume de la sandale pratiquée à cette époque. Boaz prend symboliquement possession de l’héritage en acceptant la sandale que lui tend le plus proche parent (verset 7). La sandale symbolisait le droit à la propriété et la puissance2. En la retirant et en la donnant à un nouvel acquéreur, le possesseur transmettait ce droit avec tous les pouvoirs. Le rachat devenait effectif lorsque la totalité de la somme avait été acquittéeLévitique 25. 27.
Dans ce récit, la loi cède pour ainsi dire tous ses droits au divin rédempteur ; toutefois, le type n’a jamais la profondeur, la grandeur et la beauté de la personne et de l’œuvre du SeigneurÉphésiens 5. 25-27, 32. Christ nous a rachetés, non avec de l’argent, mais au prix de son précieux sang1 Pierre 1. 18, 19. Nous sommes son trésor particulier, nous lui appartenons entièrementRomains 3. 24 ; Galates 3. 13 ; Éphésiens 1. 13, 14.
Dans cet épisode, il est remarquable de constater que Ruth n’intervient pas. Elle s’approche de Boaz, ayant confiance qu’il la rachètera. Dès lors, sur la base de cette confiance, Boaz prend tout en main et Ruth, comme Naomi, disparaît de la scène. Image frappante de l’œuvre de Christ à notre égard. Lui a tout accompli pour nous délivrer. L’homme n’a aucune part dans ce travail, car le salut ne dépend pas de nos propres œuvres. Quelle grâce et quel bienfait ! Les deux femmes profitent de ce rachat : Naomi reçoit l’héritage pour assurer sa subsistance et Ruth épouse Boaz.
Boaz rachète Ruth pour que la famille d’Élimélec ne soit pas éteinte. Aujourd’hui encore, demandons au Seigneur qu’il puisse toujours y avoir dans notre descendance de fervents chrétiens défenseurs de la foi chrétienne, jusqu’à son retour.
Boaz s’engage solennellement devant les hommes et devant Dieu en prenant pour femme Ruth, la Moabite. Même si les formes sont différentes aujourd’hui, le principe de l’engagement légal du mariage devant témoins n’a pas varié, quelles que soient les coutumes du monde. La parole de Dieu ne reconnaît pas l’union dite « libre » entre un homme et une femme, même si les deux partenaires sont fidèles l’un à l’autre. Dans nos pays, le mariage est publiquement sanctionné par la signature d’un contrat écrit devant un représentant de l’État. Dans d’autres pays, les autorités civiles délèguent cette responsabilité à un représentant religieux.