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Ruth
Sondez les Écritures - 4e année

Ruth 1. 1-5

Le séjour en Moab ou les conséquences d’un manque de foi

1. Le départ pour Moab : versets 1, 2

Le récit se déroule au temps des Juges en Israël (verset 1). Il suffit de lire le livre des Juges pour constater combien ces temps étaient troublés et l’état moral du peuple mauvais. Dieu suscitait des juges pour ramener à lui son peuple mais les juges eux-mêmes sombraient souvent dans l’infidélité. Qui pourrait donc s’étonner que le peuple de Dieu connût des famines ? L’Éternel voulait pourtant bénir son peuple. Il avait promis de très grandes bénédictions à ceux qui écoutaient sa voix et mettaient en pratique ses commandementsDeutéronome 28. 1-14. Mais il avait aussi averti que celui qui serait sourd et refuserait d’obéir connaîtrait la famine et de nombreuses plaiesDeutéronome 28. 15-68.

Le récit commence par la présentation d’une famille en Israël, habitant Bethléem, un village situé dans la tribu de Juda. Bethléem signifie “maison du pain” 1. Comme ce nom l’indique, la région devait être fertile. Le mari, Élimélec (Dieu le Roi, ou Dieu est roi) a pour femme Naomi (mes délices, ma gracieuse). De cette union naissent deux fils dont les noms indiquent déjà un état de faiblesse : Makhlon (langueur, grande faiblesse) et Kilion (dépérissement).

Une famine éclate dans le pays. Il s’agit d’un châtiment limité au pays d’Israël car Moab, un pays tout proche, possède du pain. Élimélec emmène sa famille en Moab pour l’épargner de la faim et de la mort. Quel paradoxe ! Moab, peuple voisin, mais ennemi d’Israël, avait autrefois refusé le pain et l’eau au peuple d’Israël qui entrait en Canaan. Balak, roi de Moab, avait acheté à prix d’argent Balaam pour maudire le peuple de Dieu sorti d’ÉgypteNombres 22-24. Or, en Moab, on adorait Kemosh (ou Moloc chez les Ammonites) dont le culte idolâtre comportait des holocaustes d’enfants.

Pourtant le pays de Moab était fertile, propre à nourrir de nombreux troupeauxJérémie 48. 33.

2. Conséquences de l’éloignement : versets 3-5

Les soins d’Élimélec pour sa femme et ses deux fils ne peuvent être blâmés, mais son départ ne saurait être justifié car il éloigne sa famille du pays de la promesse, hors des frontières assignées par le Dieu d’Israël, pour séjourner pour un temps seulement (c’est le sens du verbe utilisé) parmi un peuple idolâtre. Quand la famine sera passée, nous saurons bien revenir, pense-t-il. Le pain de Moab vaut bien celui de Bethléem ! Il va fuir la misère pour tomber dans le malheur. Il cherche de la nourriture, il trouvera son tombeau. Même si pendant un certain temps tout semble bien aller, l’engrenage est fatal : Élimélec, le chef de famille, meurt en Moab (verset 3), le séjour se prolonge, Makhlon et Kilion, les deux fils de Naomi, épousent des Moabites étrangères au peuple de Dieu. De telles unions étaient interdites par la loiDeutéronome 23. 4-7. Ils meurent à leur tour. Naomi et ses deux belles-filles restent veuves. La descendance d’Élimélec paraît s’être éteinte.

Pour nous aujourd’hui, la leçon est claire : on ne quitte pas impunément le lieu où le Seigneur a promis sa présence, même lors de circonstances adverses qui peuvent paraître se prolonger. Élimélec a « démissionné ». Il a voulu aller faire sa vie ailleurs pour sauver sa maison, mais hors des frontières spirituelles assignées par Dieu. Si nous tentons la même démarche, sachons que nous en reviendrons peut-être, mais terriblement appauvris. Élimélec aurait dû se souvenir de la résolution de Josué qui, dans des temps difficiles, avait affirmé : “Mais moi et ma maison, nous servirons l’Éternel” Josué 24. 15.

Élimélec a suivi sa propre logique, son propre jugement. Comme le dit le proverbe : “Il y a telle voie qui semble droite à un homme, mais des voies de mort en sont la fin” Proverbes 14. 12 ; 16. 25.

Quelles ont été les conséquences de cet éloignement de la maison de Dieu ?

  • Le séjour en terre étrangère s’est prolongé (à remarquer la gradation : séjourner, demeurer, habiter, versets 1, 2, 4) ;
  • le monde est entré dans la famille ;
  • de mauvaises alliances ont été contractées2 Corinthiens 6. 14 ;
  • une famille entière s’est égarée ;
  • le témoignage de la foi a été terni ;
  • finalement la mort a surgi.

Il ne reste que la solitude. Prendre une mauvaise direction conduit non seulement à une perte de temps mais aussi à l’abandon du vrai témoignage. Mais Dieu, dans sa grâce, permet souvent qu’un événement particulier se manifeste pour que les siens sortent d’une fausse position. Naomi, démunie de tout, privée de son mari et de ses deux fils, “reviendra à elle-même” et se lèvera pour retourner à Bethléem.

Notes

1Dans le sens probable de grenier à blé plutôt que dans celui de boulangerie.

Ruth 1

1Et il arriva, dans les jours où les juges jugeaient, qu’il y eut une famine dans le pays ; et un homme s’en alla de Bethléhem de Judaa, pour séjourner aux champs de Moab, lui et sa femme et ses deux fils. 2Et le nom de l’homme était Élimélec, et le nom de sa femme, Naomi ; et les noms de ses deux fils, Makhlon et Kilion, Éphratiens, de Bethléhem de Juda ; et ils vinrent aux champs de Moab, et ils demeurèrentb là.

3Et Élimélec, mari de Naomi, mourut ; et elle resta avec ses deux fils. 4Et ils prirent des femmes moabites : le nom de l’une était Orpa, et le nom de la seconde, Ruth ; et ils habitèrent là environ dix ans. 5Et Makhlon et Kilion, eux deux aussi, moururent ; et la femme resta, [privée] de ses deux enfants et de son mari.

Notes

aou : un homme de Bethléhem de Juda s’en alla.
blitt. : furent.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)