Deux psaumes d’instruction qui se complètent de la manière la plus heureuse, terminent ce livre. Le premier exprime la détresse d’une âme pieuse, lorsqu’elle perçoit la réalité et les terreurs de la colère de Dieu contre le péché. Il n’y a ici ni ennemis, ni circonstances adverses, mais seulement les angoisses de l’âme devant la sainteté de Dieu.
Dans ce psaume “les sages” feront comprendre au résidu d’Israël souffrant ce qu’est la colère de Dieu, à l’égard de ceux qui, s’étant placés sous la loi, n’ont pu l’accomplir. Car “nulle chair ne sera justifiée devant Dieu par des œuvres de loi, car par la loi est la connaissance du péché” Romains 3. 20.
Chose étonnante, ce psaume est aussi un cantique. Cela nous rappelle comment le Seigneur avait chanté une hymne avec ses disciples, avant d’aller à la montagne des Oliviers où son âme a été “saisie de tristesse jusqu’à la mort” Matthieu 26. 38. Combien est digne de toute louange, celui qui a bien voulu aller jusqu’à la mort, et à la mort de la croix.
Nous entendons dans ce psaume un des cris du Seigneur, à “celui qui pouvait le sauver de la mort”. Le résidu apprendra en cela aussi, combien son Messie l’a devancé dans ses détresses, mais dans une mesure autrement grande. Éthan anticipe les sentiments du résidu réalisant ce qu’est la colère de Dieu contre ceux qui ont enfreint sa loi. Le péché sépare l’âme de Dieu. Que lui reste-t-il alors, sinon la réalisation de ce qu’est la mort, l’éloignement de Dieu et les terreurs de sa colère et de son jugement ?
Nous avons pourtant l’assurance que la colère de Dieu ne peut demeurer sur le fidèle, parce que Christ l’a subie à notre place.
Le psalmiste prend conscience maintenant du fait que le péché ne le sépare pas seulement de Dieu mais aussi de ceux de sa connaissance. Il en était ainsi de l’homme atteint de la lèpre (qui est une saisissante figure du péché) : “le lépreux en qui sera la plaie… sera impur. Il est impur ; il habitera seul, son habitation sera hors du camp” Lévitique 13. 45, 46. Et pourtant, dans une telle solitude, il ne peut y avoir de ressource qu’en Dieu.
Mais envers qui Dieu peut-il exercer sa faveur ? Le psalmiste évoque sa bonté, sa fidélité, sa justice… or si le péché aboutit à ses pleins résultats, il conduit l’âme à la mort, aux ténèbres, au pays de l’oubli, où l’on ne connaît plus rien des merveilles de Dieu.
N’est-ce pas une terrible expérience que de crier à Dieu dès le matin et de n’avoir aucune réponse ? Nous apprenons ainsi avec l’auteur du psaume, ce que sont les exigences de la justice et de la sainteté du Dieu dont les yeux sont trop purs pour voir le malHabakuk 1. 13.
Quelle adoration devrait alors jaillir de nos cœurs, à la pensée que Christ est entré dans toutes ces détresses. Mais lui seul a connu sur la croix la suprême détresse, celle de l’abandon de son Dieu, pendant laquelle il a porté nos péchés, en son corps, et les a expiés à notre place.
« Il n’y a qu’un seul psaume comme celui-ci dans la Bible, pour faire connaître une expérience rare, a écrit un croyant ; mais elle est traversée par quelqu’un qui peut donner au plus désespéré l’assurance que Dieu ne l’abandonne pas. »
Il y a toujours un cœur, derrière la main qui châtie ; et nous savons que Christ fut une fois abandonnéPsaume 22. 1 ; Matthieu 27. 46 ; Marc 15. 34, afin que ceux qui croient en lui ne le soient jamais.
Le psaume s’achève en rappelant les terreurs et la détresse d’une âme séparée de Dieu par le péché et une loi violée.
Le dernier verset exprime encore la solitude de l’âme, dans des termes semblables à ceux du verset 9.
Nous aimons à penser alors à la joie du résidu d’Israël lorsque, ayant appris l’instruction d’Héman, il recevra celle d’Éthan, qui annonce la bonté éternelle et l’immuable fidélité de Dieu.