Christ n’est pas personnellement le sujet de ce psaume comme il l’était du Psaume 40. Cependant, qui, plus que lui, a pris cette place du pauvre, a goûté l’amertume de l’humiliation et de l’incompréhension ; qui, plus que lui, pourra entrer en sympathie avec le résidu futur d’Israël quand celui-ci connaîtra l’affliction et l’hostilité décrites ici ? C’est pourquoi le Seigneur pourra en citer lui-même quelques expressions et les prendre à son compte (ainsi le verset 20 cité en Jean 13. 18 au moment de la trahison de Judas).
David déjà, poursuivi par son fils Absalom et trahi par Akhitophel, avait éprouvé la sympathie d’un Barzillaï qui avait compris le “pauvre” 2 Samuel 17. 27-29. Peut-être trouvons-nous dans cet épisode les motifs qui ont conduit le psalmiste à écrire ces lignes.
Dans notre psaume, le terme hébreu « dal », traduit par pauvre, signifie aussi “faible, souffrant” : tel sera Christ ici-bas. “Bienheureux les pauvres en esprit”, dira le Seigneur en Matthieu 5. 3 ; il précisera en Luc 6. 20 que tels sont les disciples qui le suivent : “Bienheureux, vous pauvres” ; donc, ceux qui entrent en esprit et de cœur dans la position d’humilité, de renoncement et de souffrance que Christ, leur maître, a prise ici-bas, sont les bienheureux auxquels le royaume de Dieu est assuré. Ils ont un peu compris le pauvre et l’ont accompagné : “Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations” Luc 22. 28.
Ce fut pour eux une part irremplaçable que d’accompagner un Christ qui s’était dépouillé de toute sa gloire, qui s’est ensuite laissé dépouiller de tous ses droits de Messie, qui sera bientôt dépouillé même de sa dignité d’homme, à l’heure de son jugement inique et de sa crucifixion.
L’expérience chrétienne va plus loin encore : “Si même notre homme extérieur dépérit, toutefois l’homme intérieur est renouvelé de jour en jour” 2 Corinthiens 4. 16. N’en avons-nous pas constaté la réalité chez des croyants qui ont vécu près du Seigneur ?
La confession du péché du verset 5 sera, plus particulièrement, celle du résidu de Juda, reconnaissant qu’il a crucifié son Messie lors de sa première venueZacharie 12. 10.
Les versets 6 à 9 arrêtent l’attention sur la gravité de la médisance, voire même de la calomnie. Le fidèle paraît profondément atteint dans sa santé ; il voit alors venir à lui quelques visiteurs qui cachent leur satisfaction sous de faux airs de sympathie, avant de colporter et dénaturer les faits, dans l’intention de nuire à celui qui est éprouvé. Ce sont de faux amis.
Le verset 11 annonce celui qui se tiendra aux côtés de Jésus. Il sera l’un des douze disciples. C’est de lui, Judas, que le Maître devra dire, citant ce verset 10 : “Celui qui mange le pain avec moi a levé son talon contre moi” Jean 13. 18. Remarquons l’omission de “en qui je me confie” : le Seigneur connaissait les sentiments de Judas depuis toujours et n’avait pas confiance en lui.
Il peut arriver que la défection d’un ami, d’un frère dans la foi, vienne troubler le cœur. Paul mentionne la peine causée par l’abandon de Démas qui a préféré le monde2 Timothée 4. 10. Mais la grâce et le secours divin sont là pour fortifier l’apôtre, comme ils vont ici “relever” l’homme pieux (verset 10).
Le juste reprend confiance ; l’ennemi ne triomphera pas ; l’homme droit sera maintenu dans son intégrité, et sera établi devant Dieu pour toujours. C’est la part de Christ après sa résurrection, celle du résidu au terme de ses souffrances.
Le N.T. confirme que c’est aussi la part du chrétien : “Nous avons… accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu” Romains 5. 2.
Comme chacun des livres des psaumes, celui-ci s’achève par une doxologie, c’est-à-dire une louange adressée à Dieu : “Béni soit…” Elle ne se rattache pas directement au Psaume 41 ; c’est une louange qui s’élève vers Dieu du cœur de tous les fidèles de cette terre.
Le Dieu d’Israël est devenu aujourd’hui le “Père de notre Seigneur Jésus Christ” Éphésiens 1. 3 ; Romains 15. 6. Comme croyants de l’ère chrétienne, nous joignons notre voix à celle des croyants d’autrefois pour dire : “Béni soit l’Éternel… de l’éternité jusqu’en éternité ! Amen, oui, amen !”