La scène change totalement ; elle s’ouvre sur un quatrième tableau. Lorsque des maux sans nombre atteignent le serviteur de Dieu, son témoignage au milieu de la congrégation est clos. Son dévouement attire sur lui haine et opposition de tous ceux qui prennent plaisir à son malheur et cherchent à détruire son âme. Alors, après l’acceptation du service, vient le moment de l’acceptation du sacrifice. L’heure des messages de l’envoyé fait place à l’heure du silence, comme celui d’une brebis muette que l’on mène à la boucherie. Christ ne parle plus aux hommes, mais, dans son cœur, il parle à son Dieu ; il implore son secours et, tout à la fois, confesse les iniquités des autres qu’il fait siennes ; il va bientôt les prendre sur lui et en porter le lourd fardeau. Pendant les heures d’expiation, il en subira le châtiment, mais seul le Psaume 22 aborde ces heures-là. Le Psaume 40 s’arrête à la confession ; il ne va pas jusqu’au sacrifice de la victime, ni aux heures d’abandon. Nous avons plutôt ici ce qui était figuré, au grand jour des propitiations, par la confession des iniquités du peuple sur la tête du bouc azazelLévitique 16. 21, mais non pas ce que figurait le sacrifice du bouc pour le péché du peupleLévitique 16. 15. L’Homme parfait a devant lui tout ce qui va être mis à son compte dans les trois heures de ténèbres quand il sera sous la colère de Dieu. Il anticipe cette souffrance et accepte la confession de ces iniquités, plus nombreuses que les cheveux de sa tête ; son cœur, brisé par une telle souffrance, semble l’abandonner. Nous sommes là dans l’angoisse du combat de GethsémanéLuc 22. 44, quand la sueur tombe sur le sol comme des grumeaux de sang, et qu’un ange doit être envoyé par Dieu pour fortifier Jésus prostré en terre.
Le salut des hommes rachetés, acquis au prix des trois heures sous le jugement de Dieu, devra être payé plus cher encore. Mais déjà nous sommes devant une douleur si profonde que nous ne pouvons ni la mesurer, ni la comprendre, tant notre esprit humain glisse sur de grandes souffrances sans y entrer.
Le Psaume 70 reproduit presque textuellement les verset 13 à 17 du Psaume 40. Ici cet affligé demande que les moqueurs – qui, comme au Psaume 35. 21, 25, disent : “ha ha ! ha ha !”, sans aucun respect pour celui qui souffre – reçoivent de la part de Dieu un juste châtiment.
Le début du psaume apportera la glorieuse réponse de Dieu, mais l’épître aux Hébreux rappelle au terme de quel terrible chemin elle sera enfin donnée : “Ayant offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, quoiqu’il fût Fils, (il) a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes” Hébreux 5. 7, 8.