L’en-tête du livre (“L’oracle de la parole de l’Éternel”) annonce la gravité et l’autorité de la prophétie. C’est une entrée directe, sans détail de circonstance, car ce message de Dieu doit aller droit à la conscience et au cœur. Il est donné “par la main de” 1 Malachie, sans autre indication sur sa personne. Ce qui compte d’abord, pour Israël comme pour nous, c’est la parole de Dieu. Ceux qui l’annoncent doivent attirer l’attention sur leur Seigneur, et non sur eux-mêmes.
L’oracle est une communication de l’Éternel. Ce nom “d’Éternel” est son nom d’alliance qui rappelle sa fidélité et l’engagement du peuple. Il s’adresse au peuple tout entier – Israël – que Dieu considère comme étant un, bien que seule une minorité soit remontée de captivité. Aujourd’hui encore, la parole de Dieu est pour toute l’Église, aussi divisée soit-elle : “Que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées” 2.
“Je vous ai aimés”. Riche déclaration qui réchauffe le cœur ! Dieu exprime d’emblée son amour initial et constant3 que toute la Bible proclame avec force4. Cet amour éternel est la source de tous les conseils de Dieu. Il n’y a rien à y ajouter.
Mais le peuple réplique : “En quoi nous as-tu aimés ?” Autant l’affirmation de l’amour divin est brûlante, limpide, aussi brillante qu’un diamant sur un fond sombre, autant la réponse du peuple est attristante. Il reste insensible, son cœur est comme éteint. Il n’y a aucun écho à l’amour de Dieu.
Et nous, chrétiens ? Dieu ne nous dit-il pas son amour ? Jésus ne nous montre-t-il pas ses souffrances ? Mais nous avons tendance à dire : « En quoi le Seigneur agit-il ? Tant de ruines, de divisions, de désordre. Sommes-nous laissés seuls ? Nous sommes-nous trompés ? » Peut-être, sans même le formuler, ne sommes-nous pas assurés que Dieu nous aime. Alors nous devenons amers et indifférents. Et rien ne blesse plus l’amour que l’indifférence.
De nombreuses fois, Dieu avait révélé son amour à son peuple. Il l’avait délivré de l’esclavage en Égypte, il l’avait porté dans le désert “comme un homme porte son fils” Deutéronome 1. 31, et il lui avait donné un pays prospère. Hélas le peuple s’était détourné. Plusieurs fois, Dieu lui avait envoyé des prophètes pour qu’il revienne, mais en vain, malheureusement ! Dieu avait dû alors le châtier par la captivité à Babylone. Dans sa bonté, il avait ensuite ramené un résidu dans le pays.
Ici, Dieu remonte à l’origine. Son amour brille dans l’élection de Jacob. Jacob ne méritait pas que Dieu l’aime et le choisisseRomains 9. 11, 12. Tout venait de la grâce de Dieu. Par ce rappel, Dieu veut élargir l’horizon trop étroit du peuple préoccupé par les difficultés du moment. Il veut diriger ses pensées – et les nôtres aussi – non pas sur les bénédictions, mais sur l’amour divin qui les donne. Si notre confiance dans l’amour de Dieu repose simplement sur ses dons, elle est fragile. Si elle se fonde sur le donateur, elle pourra résister aux orages de la vie.
Ésaü était le frère jumeau de Jacob. Dieu lui avait donné en héritage le pays d’Édom, la montagne de Séhir, à l’est de la Palestine, entre la mer Morte et le golfe d’Aqaba. Mais les descendants d’Ésaü s’étaient montrés hostiles à leurs frères israélitesNombres 20. 14-21 et leur avaient manifesté une haine meurtrière lors de la destruction de Jérusalem par NebucadnetsarAbdias 10-14.
“J’ai haï Ésaü”. Dieu ne repousse aucune de ses créatures. Mais, à cause de son hostilité continuelle et de son mépris de Dieu, le peuple d’Ésaü a été haï5, rejeté. Au lieu de se courber devant Dieu, les descendants d’Ésaü ont refusé la parole divine et, par leur orgueil (verset 4), se sont attiré le jugement divin. Même sous ce jugement sévère, ils montrent encore leur nature révoltée. Ils veulent rebâtir ce que Dieu a détruit. Ils méprisent la sanction divine, rejetant par cela même toute possibilité de grâce. Alors Dieu les renversera de nouveau. Et cela pour toujours, en exemple à tous les insolents de la terre.
Ce qui est arrivé au pays d’Édom, deviendra comme un proverbe restant dans les mémoires (verset 4). Par ce jugement, Dieu sera reconnu justeExode 9. 16 et le peuple prendra conscience de la grandeur du Seigneur, qui agit au-delà des frontières d’Israël. En considérant ce jugement, il comprendra aussi combien Dieu l’a réellement aimé et a agi avec patience et miséricorde envers lui. Jacob n’avait rien de plus qu’Ésaü mais Dieu l’avait choisi et béni.
Et nous, chrétiens ? Dieu nous a élus en ChristÉphésiens 1. 4. Il nous a sauvés selon sa propre miséricordeTite 3. 5 alors que nous étions esclaves du mal et allions vers le jugement éternel. Méditons ces grands faits et soyons toujours davantage émerveillés par l’amour du Seigneur. L’apôtre Paul répétait avec conviction et reconnaissance : “Miséricorde m’a été faite” 1 Timothée 1. 13, 16.