Dans les deux premiers chapitres, Malachie a dépeint le sombre tableau moral du peuple et de ses conducteurs. Mais un jour nouveau va poindre. Dieu va purifier les siens en profondeur par la venue du Seigneur lui-même. Ces deux derniers chapitres sont éclairés par la personne du Messie, “le soleil de justice”.
Une limite a été dépassée, un point de non-retour. La merveilleuse patience de Dieu va prendre fin. Les contestataires du peuple fatiguent l’Éternel par leurs paroles dures et blasphématoires. Ils en veulent à Dieu de ne pas agir selon leurs pensées. Ils l’accusent, au mépris de l’ÉcritureÉsaïe 5. 20 ; Proverbes 17. 15 ; Michée 6. 8, de favoriser les méchants, mettant en doute soit sa justice, soit sa capacité à intervenir. C’est une terrible provocation, une révolte ouverte contre Dieu.
Pourtant, s’ils avaient réfléchi avec droiture sur le passé, ils auraient compris leur erreur. Dieu avait envoyé les épreuves à son peuple pour qu’il délaisse son péché et revienne à lui. Hélas, ils restaient aveugles, prisonniers de leur amertume et de leur esprit négatif qui se voulait pourtant réaliste. Ils étaient bien trop remplis de leur propre justice pour envisager la possibilité de se tromper.
Et nous ? Sommes-nous soumis au Seigneur dans nos épreuves ? Ou bien l’accusons-nous de ne pas intervenir ? Nous aboutirons à cette triste conclusion, si nous suivons nos propres pensées, plutôt que de nous confier dans les promesses de la parole de Dieu. À travers nos malheurs, Dieu désire nous former, nous amener à nous repentir et nous confier toujours plus en sa bonté. “Ne rejetons donc pas loin notre confiance” Hébreux 10. 35.
Avec force et émotion, Dieu répond aux provocations du peuple. Oui, le Dieu que vous accusez vient, il vient soudainement et avec majestéApocalypse 1. 7. Auparavant vient son messager, Jean le Baptiseur1. Tel un héraut marchant devant le cortège royal, il annonce et prépare l’arrivée du Roi. En Orient, autrefois, on avait coutume de préparer le chemin du roi. Avant son passage, des hommes enlevaient toutes les pierres et ôtaient tous les obstaclesÉsaïe 57. 14 ; 62. 10. Jean le Baptiseur allait préparer le chemin en appelant le peuple à recevoir la bonne nouvelle de la venue du Messie et à se repentir.
Le messager, pourtant le plus grand des prophètesMatthieu 11. 11, n’est rien par rapport à celui qu’il introduit : l’Éternel lui-même (“devant moi”). Il y a une merveilleuse unité entre l’Éternel et “celui qui vient”, le Messie. Il est “le Seigneur qui viendra à son temple”, “l’Ange de l’alliance”, la révélation même de DieuExode 23. 20-23 ; Ésaïe 63. 9. Nous discernons ici “la Parole faite chair” Jean 1. 14, Jésus de Nazareth, lui en qui “la plénitude de la déité s’est plu à habiter” Colossiens 1. 19.
En invoquant le Dieu de jugement, le peuple pensait probablement au jugement des ennemis. Il ne s’attendait pas à sa propre purification, ne se doutant pas combien celle-ci serait profonde.
L’image de l’ancien fondeur est à la fois belle et sérieuse. Le métal était porté à haute température pour être fondu. Les scories, moins denses, flottaient à la surface et étaient évacuées avec un soufflet. Le fondeur restait assis pour surveiller avec attention la fin de l’affinage ; il voyait alors son visage se refléter sur le métal pur et limpide1 Jean 3. 2. Dans son amour, Dieu opère ainsi en nous avec soin et patience pour nous rendre conformes à l’image de son FilsRomains 8. 29. Cet affinage s’effectue par le feu de l’épreuve, qui forme le caractère et la foi du chrétienRomains 5. 3-5 ; Zacharie 13. 9 ; Psaume 66. 12.
Dieu emploie aussi un autre moyen évoqué par l’image des foulons2. Ceux-ci nettoyaient les vêtements avec un détergent naturel, la potasse. Si le feu agit de l’extérieur, la potasse pénètre les tissus et en détache les impuretés qui sont entraînées par l’eau. Les épreuves n’atteindraient pas leur but sans ce travail profond de la Parole par le Saint Esprit qui agit pour nettoyer les profondeurs du cœurProverbes 20. 30.
Le résultat de ce travail divin est une offrande qui répond à la pensée de Dieu. La louange jaillit, pure et fraîche. Il n’y a plus d’ombre, plus de doute mais un amour profond, une communion retrouvée. Ce verset annonce aussi le
Et nous ? Combien nous sommes lents à comprendre que le Seigneur, par son Esprit, doit travailler en nous et parmi nous1 Pierre 1. 7 ! Heureusement, il est fidèle dans la discipline. Il appesantit sa main sur nous jusqu’à ce qu’apparaisse le fruit paisible de la justiceHébreux 12. 11.
Après avoir purifié les siens (verset 4, comp. 1 Pierre 4. 17), Dieu va répondre à la question insolente et incrédule des méchants (2. 17). Ses paroles, d’une grande puissance prophétique, annoncent l’énergie de Jean le BaptiseurMatthieu 3. 7-12. L’Éternel viendra lui-même pour juger. Il sera un fidèle témoin contre toute forme de mal. Personne ne pourra se cacher, au jour du jugement divin.
Les péchés décrits ici étaient déjà dénoncés par MoïseLévitique 19-20. Et que dire aujourd’hui ? Magie, adultère, tromperie, oppression, racisme, injustices diverses se répandent toujours plus. Comment résister à ce raz de marée ? En vivant près du Seigneur, dans sa crainte, conscients de ce qui lui revient de droit. N’ayons pas peur de venir dans sa lumière. Elle nous montre nos péchés, mais c’est la lumière de la vie. Celui qui nous éclaire est aussi celui qui efface nos péchésÉsaïe 43. 26.