Ainsi apaisé dans l’assurance que les bontés et les compassions de Dieu s’élèvent au-dessus de ses jugements, le fidèle peut faire part de ce qu’il a appris sous le poids de l’affliction. Tout d’abord, c’est l’Éternel lui-même qui est connu. Le cœur ne s’arrête plus sur sa propre souffrance, mais sur ce que Dieu est pour tous ceux qui s’attendent à lui, pour l’âme qui le cherche. Deux choses sont bonnes pour traverser utilement l’épreuve :
Nous contemplons l’Affligé, entièrement seul dans son rejet et sa souffrance, seul (verset 28) Psaume 102. 8 et muet sous les outrages des hommes alors qu’il avait pris sur lui leur fardeau (verset 28), seul sous la colère de Dieu mais non sans espérance : “Que ton salut, ô Dieu, m’élève en un lieu de sûreté !” Psaume 69. 30 Si lui, innocent, a souffert ainsi pour les autres sans être épargné, il peut enseigner ceux qui souffrent à cause de leurs fautes : ils ne seront pas rejetés pour toujours. Pourquoi se plaindraient-ils alors qu’ils portent le juste châtiment de leurs péchés ? Un Dieu parfaitement juste suit attentivement tout ce qu’on leur fait, prêt à tirer vengeance de la méchanceté des instruments qu’il emploie pour châtier. Rien n’échappe à l’œil de Dieu. Il ne reste pas insensible. Toutes les actions des hommes recevront un jour leur rétribution.
Jérémie s’associe maintenant à ses frères pour leur montrer le chemin de la confession et du retour vers l’Éternel. “Recherchons nos voies et scrutons-les… Nous avons été rebelles”. L’Éternel est juste dans l’exercice de sa colère. Ils ne connaissent pas encore la paix ni la délivrance, mais peuvent parler à l’Éternel de ce qu’il a fait, en détail et sans aigreur. Seulement ce rappel réveille l’affliction du prophète au sujet de Jérusalem, toujours aimée de Dieu, alors qu’il a dû la frapper. C’est ce qu’éprouvera le résidu juif à la fin ; Christ l’a éprouvé en sympathie parfaite lorsqu’il a pleuré sur Jérusalem.
Maintenant, le prophète parle à l’Éternel de sa condition personnelle. Il traverse toute la souffrance qui est arrivée sur les habitants de Jérusalem parce qu’ils ont refusé d’écouter les avertissements de Dieu. Mais de plus, il a été persécuté jusqu’à être jeté dans une fosse profonde (comp Jérémie 38). Remarquons la différence entre les expressions : “nos ennemis” (verset 46), les étrangers qui ont été les instruments de la ruine de Jérusalem, et “mes ennemis” (verset 52). Ces derniers sont des rebelles de son peuple qui méprisent le jugement que l’Éternel fait tomber sur la ville. Ils poursuivent de leur haine le témoin fidèle qui les avait avertis.
Jérémie peut alors parler à l’Éternel de ce qu’Il a été pour lui dans sa détresse. Lorsqu’il a prié du fond de sa souffrance, l’Éternel l’a entendu et l’a rassuré. L’Éternel a pris sa cause en main en présence de ceux qui l’outragent et l’oppriment. Et il peut lui dire encore une fois : “Regarde…”, non pas comme aux chapitres précédents… la ruine de Jérusalem, mais… ceux qui me persécutent. Et il appelle sur eux la malédiction. Une telle invocation aura sa place dans la bouche du résidu juifJérémie 17. 18 ; Psaume 69. 24-26. Mais les chrétiens sont appelés, comme ÉtienneActes 7. 60, à manifester un autre esprit envers ceux qui les persécutentMatthieu 5. 44.
L’encouragement que Dieu a donné au prophète : “Ne crains pas” (verset 57), nous rappelle que même si les châtiments que Dieu doit infliger sont grands, ses compassions sont encore plus grandes.