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Les lamentations de Jérémie
Sondez les Écritures - 2e année

Lamentations de Jérémie 1

L’extrême affliction de Jérusalem et de ses habitants

La description d’une ruine complète : versets 1-11

Le prophète contemple avec stupéfaction la dévastation de Jérusalem, autrefois si peuplée et prospère, maintenant vide et détruite. Sa population décimée est allée en captivité ; ceux qui dominaient sont réduits en esclavage. Rien n’a échappé à la destruction et au pillage. Personne n’a trouvé grâce devant les ennemis ; même ceux qui auraient dû forcer le respect ou la pitié : sacrificateurs, jeunes filles, enfants, tous ont été victimes de leur cruauté. Jérusalem est abaissée publiquement, abandonnée par tous ceux qui avaient autrefois envié ou partagé sa prospérité. A maintes reprises cet abandon complet est souligné : “Il n’y a personne…” (versets 2, 4, 7, 9, 17, 21).

Mais, en présence d’un tel spectacle, ce sont les causes de cette désolation qui remplissent le cœur du prophète. “L’Éternel l’a affligée à cause de la multitude de ses transgressions” et “Jérusalem a grièvement péché”. Elle s’est rendue impure en se liant aux nations qui l’ont entraînée dans leur idolâtrie : “Tu t’es prostituée à beaucoup d’amants” Jérémie 3. 1 ; Ézéchiel 23. 11. Maintenant ceux qui la courtisaient se sont changés en ennemis pour l’opprimer et se moquer d’elle.

Non seulement la ville a été pillée et détruite, ses habitants menés en captivité, mais les gens des nations sont entrés dans le sanctuaire que l’Éternel avait établi et au sujet duquel il avait lui-même commandé qu’ils n’y entrent pasDeutéronome 23. 4. Comment l’Éternel resterait-il insensible à une telle profanation ? Par deux fois, la douloureuse description du prophète est interrompue par un poignant appel de Jérusalem elle-même sous le poids de l’orgueil cynique de l’ennemi : “Regarde, ô Éternel, mon affliction !” puis : “Regarde, Éternel, et contemple, car je suis devenue vile”. La montagne sainte, la ville du grand roiPsaume 48. 2, 3, est foulée aux pieds par les nations. Cet appel répété qui monte de la poussière vers un Dieu connu est un soupir de la foi, mais c’est le temps du silence ; Dieu se taitJérémie 11. 11 ; 18. 17. Dans tout ce livre, une seule parole est adressée de sa part aux fils d’Israël, après que la repentance a été complète (4. 22).

Le souvenir des jours heureux est un des sujets de souffrance pour Jérusalem. Quel souvenir rongeant ce sera pour ceux qui seront jetés dans l’étang de feuApocalypse 20. 15, d’avoir entendu, sans la recevoir, la bonne nouvelle du salut gratuitement offert aujourd’hui !

Un appel à la compassion : versets 12-17

Accablée par le silence de l’Éternel, Jérusalem exhale sa plainte : “N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur… à moi que l’Éternel a affligée au jour de l’ardeur de sa colère” (verset 12). La honte et les railleries sont amères, l’indifférence est insupportable, mais ce qui est plus douloureux encore, c’est la conviction d’être frappée par l’Éternel lui-même : il est par conséquent impossible d’échapper à la main de l’oppresseur. Le sentiment de la colère de l’Éternel à cause des péchés commis pénètre le cœur de Jérusalem : elle pleure sans retenue, non seulement à cause de sa désolation, mais parce que le seul consolateur qui pourrait lui être en secours se tient à distance.

En quelques mots, dans le verset 17, le prophète résume la triste condition de Jérusalem :

  • il n’y a personne qui la console,
  • l’Éternel a commandé sa désolation,
  • Jérusalem est devenue une impureté.

La plainte déchirante du verset 12 nous fait penser à une douleur bien plus grande encore, et nous arrête pour contempler Christ crucifiéGalates 3. 1. Le seul juste était frappé par Dieu à cause de nos péchés. Il l’a été en un seul jour, mais quelle ardeur et quelle colère ! Seulement, lui n’a pas proféré une parole pour attirer la pitié. Lorsque, sur le chemin vers la croix, les femmes pleuraient sur lui en se frappant la poitrine, il leur a dit : “Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants” Luc 23. 28. Et sur la croix, il a intercédé pour ceux qui l’ont crucifiéÉsaïe 53. 12 ; Luc 23. 34.

L’interpellation : “N’est-ce rien pour vous ?” nous stimule à ne pas rester indifférents devant tant de souffrances que nous côtoyons, comme le sacrificateur et le lévite de Luc 10, versets 31 et 32. Plus encore, elle s’adresse avec force à tous ceux qui sont restés insensibles à ce que “Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu” 1 Pierre 3. 18.

Une profonde repentance : versets 18-22

Reconnaissant sa culpabilité, Jérusalem s’écrie : “L’Éternel est juste”. Cette déclaration est le signe d’un vrai travail de conscienceDaniel 9. 14 ; Esdras 9. 15 ; Néhémie 9. 8, 33 chez celui qui ne se borne pas à accepter un châtiment inévitable. Il reconnaît que la sentence est pleinement méritée. Deux faits sont publiquement confessés :

  • je me suis rebellée contre le commandement de l’Éternel,
  • j’ai appelé mes amants (les idoles qu’elle avait servies) ; ils m’ont trompée.

C’étaient les deux grands sujets des avertissements de l’Éternel à son peuple au temps où il refusait d’écouterJérémie 2. 13 ; 3. 13.

Tandis que Jérusalem renouvelle son douloureux appel : “Regarde, Éternel, car je suis dans la détresse” (verset 20), le labourage intérieur s’approfondit : “je me suis grièvement rebellée” (verset 20). Le malheur qui atteint Jérusalem vient de l’Éternel. Les ennemis s’en réjouissent et se moquent, mais cette conviction donne à la foi l’assurance que le jour viendra où l’Éternel rétribuera pareillement l’iniquité de mes adversairesJérémie 25. 29. Jérusalem appelle de ses vœux ce juste renversement des choses. Cet appel à la vengeance est caractéristique de la position d’Israël, car la destruction de ses ennemis sera l’occasion de sa délivrance, alors qu’il n’aurait pas sa place dans la bouche d’un chrétien.

Lamentations de Jérémie 1

1aComment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée ! Celle qui était grande entre les nations est devenue comme veuve ; la princesse parmi les provinces est devenue tributaire.

2Elle pleure, elle pleure pendant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues ; de tous ses amants, il n’en est pas un qui la console ; tous ses amis ont agi perfidement envers elle, ils sont pour elle des ennemis.

3Juda est allé en captivité à cause de [son] affliction et de la grandeur de [son] esclavage ; il habite parmi les nations, il n’a pas trouvé de repos ; tous ses persécuteurs l’ont atteint dans [ses] lieux resserrés.

4Les chemins de Sion mènent deuil de ce qu’il n’y a personne qui vienne aux fêtes ; toutes ses portes sont désolées ; ses sacrificateurs gémissent, ses vierges sont dans la détresse ; elle-même est dans l’amertume.

5Ses adversaires dominentb, ses ennemis prospèrent ; car l’Éternel l’a affligée à cause de la multitude de ses transgressions ; ses petits enfants ont marché captifs devant l’adversaire.

6Et toute la magnificence de la fille de Sion s’est retirée d’elle. Ses princes sont comme des cerfs qui ne trouvent pas de pâture, et ils s’en sont allés sans force devant celui qui les poursuit.

7Jérusalem, dans les jours de son affliction et de son bannissementc, lorsque son peuple tombait dansd la main de l’ennemi et qu’il n’y avait personne qui l’aide, s’est souvenue de toutes les choses désirables qu’elle avait dans les jours d’autrefois ; les adversaires l’ont vue, ils se sont moqués de sa ruinee.

8Jérusalem a grièvement péché, c’est pourquoi elle est [rejetée] comme une impureté ; tous ceux qui l’honoraient l’ont méprisée, car ils ont vu sa nudité : elle aussi gémit et s’est retournée en arrière.

9Son impureté était aux pans de sa robe, elle ne s’est pas souvenue de sa fin ; elle est descendue prodigieusement ; il n’y a personne qui la console ! Regarde, ô Éternel, mon affliction, car l’ennemi s’est élevé avec orgueil.

10L’ennemi a étendu sa main sur toutes ses choses désirables ; car elle a vu entrer dans son sanctuaire les nations, au sujet desquelles tu avais commandé qu’elles n’entreraient point dans ta congrégation.

11Tout son peuple gémit ; ils cherchent du pain ; ils ont donné leurs choses désirables contre des aliments pour restaurer [leur] âme. Regarde, Éternel, et contemple, car je suis devenue vile.

12N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s’il est une douleur comme ma douleur qui m’est survenue, à moi que l’Éternel a affligée au jour de l’ardeur de sa colère.

13D’en haut il a envoyé dans mes os un feu qui les a maîtrisés ; il a tendu un filet pour mes pieds, il m’a fait retourner en arrière ; il m’a mise dans la désolation, dans la langueur, tout le jour.

14Le joug de mes transgressions est lié par sa main ; elles sont entrelacées, elles montent sur mon cou ; il a fait défaillir ma force ; le Seigneur m’a livrée en des mains d’où je ne puis me relever.

15Le Seigneur a abattu tous mes hommes forts au milieu de moi ; il a convoqué contre moi une assemblée pour écraser mes jeunes gens. Le Seigneur a foulé comme au pressoir la vierge, fille de Juda.

16À cause de ces choses je pleure ; mon œil, mon œil se fond en eau ; car il est loin de moi, le consolateur qui restaurerait mon âme. Mes fils sont péris, car l’ennemi a été le plus fort.

17Sion étend ses mains, il n’y a personne qui la console. L’Éternel a commandé au sujet de Jacob que ses adversaires l’entourent ; Jérusalem est devenue au milieu d’eux une impureté.

18L’Éternel est juste ; car je me suis rebellée contre son commandement. Écoutez, je vous prie, vous tous les peuples, et voyez ma douleur : mes vierges et mes jeunes gens sont allés en captivité.

19J’ai appelé mes amants : ils m’ont trompée. Mes sacrificateurs et mes anciens ont expiré dans la ville, alors qu’ils se sont cherché de la nourriture afin de restaurer leur âme.

20Regarde, Éternel, car je suis dans la détresse ; mes entrailles sont agitées, mon cœur est bouleversé au-dedans de moi, car je me suis grièvement rebellée : au-dehors l’épée m’a privée d’enfants ; au-dedans, c’est comme la mort.

21Ils m’ont entendue gémir : il n’y a personne qui me console ; tous mes ennemis ont appris mon malheur, ils se sont réjouis de ce que toi tu l’as fait. Tu feras venir le jour que tu as appelé, et ils seront comme moi.

22Que toute leur iniquité vienne devant toi, et fais-leur comme tu m’as fait à cause de toutes mes transgressions ; car mes gémissements sont nombreux, et mon cœur est languissant.

Notes

aLa lettre hébraïque initiale de chacun des versets des chapitres 1, 2 et 4, suit l’ordre alphabétique ; au chapitre 3 il en est de même pour chaque paragraphe de trois versets, la lettre initiale de chacun de ceux-ci restant la même.
blitt. : sont à la tête.
cou : sa misère.
dou : par.
eou : ses [jours de] repos.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)