“En ce jour-là” est le jour de l’exécution de Haman (verset 1). Quel changement en un jour ! Venu tôt le matin pour solliciter la condamnation de Mardochée, Haman est pendu à l’issue du banquet ! Mardochée passe du statut de condamné à celui de premier ministre. L’audience auprès d’Assuérus est l’occasion de l’investiture officielle de Mardochée, puisqu’il reçoit la bague du roi.
Assuérus confie les possessions de Haman à Esther comme compensation pour sa peine et marque de sa bonne volonté (verset 1 a). Elle les transmet à Mardochée (verset 2 b), car : “Si l’homme méchant entasse l’argent comme la poussière (les 10 000 talents promis à Assuérus) … c’est l’innocent qui se le partagera” Job. 27. 13-17.
Une nouvelle fois, Esther prend le risque de paraître devant le roi sans avoir été appelée (verset 4 comp. 4. 11-16). Solidaire des Juifs qui restent sous la menace de l’exécution du décret pris par Haman, Esther se rappelle qu’elle est montée sur le trône pour le salut du peuple (4. 14).
Si le roi avait été préoccupé par le péril que Haman faisait peser sur la reine, voudrait-il s’intéresser au sort du peuple juif ? Esther a échappé une première fois à la mort, Dieu a répondu à son attente. À nouveau, elle met sa vie en jeu pour que la grâce qui l’a sauvée soit accordée au peuple de Dieu. Quelle scène : Esther, la reine, se jette en pleurs aux pieds du roi pour le supplier ! (verset 3).
Assuérus tend une nouvelle fois le sceptre de grâce. Il écoute la prière d’Esther, rappelle ce qu’il a fait jusqu’ici (verset 7) et propose à Esther et à Mardochée de rédiger de nouvelles lettres annulant les conséquences néfastes du décret de Haman (versets 7, 8).
Dieu a aussi fait de nous des roisApocalypse 1. 6 ; 5. 10. Son but n’est-il pas que nous intercédions en faveur de ceux qui sont sous “l’écrit” qui les condamne ? Une des missions du croyant n’est-elle pas de « soustraire » des hommes et des femmes aux conséquences meurtrières du péché, par l’annonce de la bonne nouvelle du salut ?
Ces versets sont à mettre en parallèle avec ceux du chapitre 3. 12-15. Deux mois et demi se sont écoulés depuis le décret de Haman. Au troisième mois, la bonne nouvelle de la délivrance du peuple doit être traduite dans les différentes langues du royaume et expédiée dans les 127 provinces par les meilleurs messagers (verset 10).
Mardochée reprend avec soin la procédure que Haman avait suivie, pour en annuler chaque méfait : les satrapes, les gouverneurs, les chefs de province sont à nouveau sollicités.
Cet édit donne aux Juifs la possibilité de s’assembler pour se défendre et se venger1 (verset 11). L’ancien édit, qui ne peut être révoqué (verset 8), demeure, mais il est rendu inopérant pour ceux qui font partie du peuple de DieuColossiens 2. 14.
Comme Haman, Mardochée scelle le décret avec la bague du roi, ce qui lui donne toute autorité et le rend irrévocable (verset 8b). Avec une grande sagesse, Mardochée veille à ne pas outrepasser la mission que le roi lui a confiée : écrire “au nom du roi à l’égard des Juifs ce qui vous paraîtra bon” pour les protéger (verset 8a). Aller au-delà, aurait été prendre le risque de soulever les populations non juives contre le régimeEsdras 4. 19.
Mardochée n’apparaît plus “assis à la porte du roi”, mais revêtu des vêtements royaux2. Cette scène souligne sa dignité officielle et la gloire de sa fonction ; Joseph les avait connues aussi autrefoisGenèse 41. 42.
Suse, plongée dans la consternation peu de jours auparavant (3. 15), se retrouve dans la joie : “Quand les justes se multiplient, le peuple se réjouit, mais quand le méchant gouverne, le peuple gémit” Proverbes 29. 2.
Les Juifs éprouvent pleinement les effets de la grâce qui les délivre : c’est l’espérance, la joie, l’allégresse et la fin de la honte (verset 16). Pour les autres, c’est la crainte, parce que ce changement soudain démontre la présence de Dieu derrière la scène. Cette “frayeur” devient salutaire puisqu’elle pousse plusieurs “à se faire Juifs” (verset 17).
Ce chapitre évoque le moment où Christ sortira de “devant le roi”. Investi de l’autorité divine (l’anneau royal), il engagera le combat contre ses ennemis pour inaugurer le règne de paix. Car aujourd’hui Satan, vaincu, n’est pas détrôné : il garde encore comme usurpateur “l’autorité et la gloire des royaumes” de la terreLuc 4. 6. Pour lui ôter tout pouvoir, il faut attendre ce moment où, après l’apparition de Christ, il sera lié et jeté dans l’abîmeApocalypse 20. 1-6.
L’épouse juive – le “résidu” – ne peut arrêter le jugement qui le menace. Lors de la grande tribulation, la délivrance ne viendra pas de la fin des persécutions, car “si ces jours-là n’avaient été abrégés, nulle chair n’aurait été sauvée” Matthieu 24. 22, mais de Christ le libérateur.