Les avertissements et les annonces prophétiques des versets précédents étaient de nature à troubler un jeune homme craintif tel que Timothée. Sur quoi devait-il encore s’appuyer ? Paul a une réponse à cette question : “Toutefois le solide fondement de Dieu demeure…” Même si la ruine s’accentue, le croyant peut être assuré qu’il est en sécurité sur le fondement de Dieu, quels que soient les dangers. Il connaît ce Dieu, dont Moïse déclarait : “Il est le Rocher, son œuvre est parfaite ; car toutes ses voies sont justice” Deutéronome 32. 4, et dont Ésaïe prophétisait : “Voici, je pose comme fondement en Sion, une pierre… un sûr fondement” Ésaïe 28. 16. Il se souvient des paroles de son Seigneur : “Et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle” Matthieu 16. 18 ; 1 Corinthiens 3. 11. Tout ce que Dieu nous a préparé est établi sur ce sûr fondement, et nous-mêmes aussi.
Pour confirmer cela, le solide fondement divin porte un sceau à deux faces. Sur l’une, un message de consolation : “Le Seigneur connaît ceux qui sont siens”. Même si la confusion croissante rend toujours plus difficile de distinguer les vrais croyants des incrédules, ce fait irréfutable subsiste qu’un enfant de Dieu ne peut pas perdre son salutJean 10. 28. Sur l’autre face en revanche, figure la responsabilité de celui qui confesse le Seigneur Jésus : “Qu’il se retire de l’iniquité quiconque invoque le nom du Seigneur”. L’iniquité (plus précisément l’injustice) comporte tout ce qui est en contradiction avec la nature et la volonté de Dieu, et qui est donc un déshonneur pour le chrétien. Tout comme la justice, qui sera l’ornement de l’épouse de ChristApocalypse 19. 8, comprend tout ce en quoi nous l’avons glorifié dans notre vie.
Pour illustrer cela, Paul introduit l’image de la “grande maison”. C’est une comparaison, mais il s’agit sans aucun doute d’un aperçu de l’évolution de la maison spirituelle de Dieu dont la construction a été confiée aux hommes1 Corinthiens 3. 10-17. Elle embrasse tous ceux qui prononcent “le nom du Seigneur”, c’est-à-dire ceux qui le professent, qu’ils soient croyants ou non. Dans les vases d’or et d’argent nous pouvons voir les croyants, qui portent les caractères de la gloire et de la justice divine (l’or), et ceux de la rédemption (l’argent). Les vases de bois et de terre sont en revanche une image des incrédules, caractérisés uniquement par leur nature terrestre. En plus de leur matière, ces vases sont distingués par leur usage. Pour le maître de maison, certains sont pour un usage noble, à honneur, d’autres pour un usage vil, commun, à déshonneur.
Le verset 21 fait bien ressortir que ces vases sont des personnes. Seuls des croyants qui se purifient (en grec, c’est le même mot que “ôter” en 1 Corinthiens 5. 7) des vases à déshonneur – qu’il s’agisse de croyants ou d’incrédules – sont à la gloire du Seigneur Jésus, qui est et qui demeure Seigneur sur cette grande maison.
Avant de continuer, il est peut-être utile de nous arrêter et de jeter un coup d’œil en arrière. Tout d’abord, Paul avertit Timothée au sujet des disputes de mots, qui sont sans profit et pour la ruine des auditeurs (verset 14). Ensuite il l’exhorte à éviter les discours vains et profanes propres à conduire à une impiété croissante (verset 16). Puis il rappelle le principe divin, valable pour tout chrétien, de se retirer de l’iniquité (verset 19), et finalement il met comme condition à une vie à la gloire du Seigneur, la purification d’avec les vases à déshonneur (verset 22). La sainteté du Seigneur exige l’abstention personnelle de tout ce qui ne sert pas à sa gloire. Cette recherche de sa gloire commence en évitant les paroles vaines et inutiles et peut amener jusqu’à la séparation d’avec ceux qui déshonorent constamment le Seigneur Jésus. Ainsi seulement nous pourrons répondre à la sainteté de notre bien-aimé Seigneur et lui être vraiment utile, en nous laissant former par lui pour toute bonne œuvre. Ici tout est individuel, il n’ y a rien de collectif.
Nous ne devons pas pour autant perdre de vue le jugement de soi-même, la purification personnelle quotidienne. Timothée est exhorté à fuir les convoitises de la jeunesse. En considérant le contexte, on peut penser qu’il ne s’agit pas là tellement des convoitises sexuelles de la jeunesse, mais plutôt de passions (ou de sentiments) comme la prétention, la confiance en soi, l’orgueil et la légèreté, des traits souvent liés à la jeunesse inexpérimentée.
En revanche, Timothée devait poursuivre quatre qualités : la justice, la foi, l’amour, la paix. C’est la contrepartie positive de l’iniquité (verset 19), de l’incrédulité (versets 16-18), de la dureté de cœur et de la discorde (verset 14). Il ne devait pas poursuivre ces qualités pour lui seul, mais “avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur”.
Au verset 23, Timothée est averti de ne pas se laisser entraîner dans des questions folles et insensées, car un serviteur du Seigneur ne doit pas polémiquer ; au contraire, il doit manifester les sentiments de son maître. De cette manière seulement il peut essayer de persuader les opposants à la vérité, avec le désir constant qu’ils trouvent, par une sincère repentance de leurs égarements, le chemin du retour (versets 24-26). Timothée ne devait jamais abandonner cet espoir ! Tous ceux qui résistent à la vérité divine sont des instruments de Satan qui les a séduitsMatthieu 16. 23. Quelle pensée grave et solennelle ! Mais de quel éclat brille la grâce de Dieu, qui cherche toujours à relever, même dans de tels cas !