Le croyant a un grand sujet de joie devant lui : le jour du plein salut est proche. Bientôt, libéré de tout ce qui l’attache encore à la création actuelle, le corps du racheté sera glorifié et son âme jouira sans contrainte de la gloire éternelle. Le croyant sait aussi qu’en un jour futur, la création sera délivrée de la servitude de la corruption, et bénie sous le règne de justice et de paix de Jésus Christ. Déjà tout est prêt pour la révélation de ce grand salut de Dieu (verset 5) Luc 2. 30 ; 3. 6.
Le chrétien traverse un monde sans Dieu où le mal domine ; il est affligé en constatant les ravages du péché. Si son âme est pure, il ne peut être que douloureusement éprouvé par la corruption et la violence qui l’environnent. Il aspire à la paix qui sera bientôt établie par l’Homme que Dieu a choisi et fait asseoir sur son trône ; il vit dans cette espérance. Dans cette disposition d’esprit, le temps de l’affliction paraît plus court (“un peu de temps”) et l’épreuve plus supportable.
L’apôtre Paul a traversé des épreuves multiples. Il les estimait cependant comme une “légère tribulation d’un moment”, parce qu’il en résultait pour lui une jouissance surabondante de la gloire divine. Ses regards étaient dirigés vers les choses invisibles et éternelles2 Corinthiens 4. 17, 18 ; Romains 8. 18.
L’apôtre Pierre nous donnera constamment dans cette épître l’exemple du Seigneur qui a souffert avant d’entrer dans son repos. Jésus a connu les mêmes tentations que nous, mais avec un cœur infiniment plus sensible, et pourtant toujours rempli de joie. Il est aujourd’hui notre secours, et sa joie peut remplir nos cœursJean 15. 11 ; Hébreux 4. 15 ; 12. 2, 3.
Dieu éprouve la foi du croyant selon ce qu’il estime nécessaire. Il mesure la souffrance qui en résulte ; il sait ce que le fidèle peut supporter, et donne une issue à l’épreuve au temps convenable1 Corinthiens 10. 13. Dieu reconnaît la valeur de la foi et la purifie par le creuset de l’épreuve, comme l’homme le fait pour l’or pour éliminer les scories. Le feu de l’affineur en tire un métal pur et brillant mais destiné à disparaître, comme toutes choses. Le fruit de l’épreuve, lui, est éternel.
Nous ne trouvons pas que l’épreuve soit précieuse au moment où nous la traversons, mais Dieu apprécie la patience de la foi, la soumission à sa volonté, la fermeté entretenue par une parfaite confiance en un Père de miséricorde. Tout cela portera son fruit au jour des rétributions ; le chrétien en recevra le prix et s’en réjouit d’avance1 Corinthiens 4. 5 ; Jacques 1. 2, 12. Le Seigneur affinera aussi les fidèles de son peuple Israël avant d’entrer dans son règne f. Christ, lui, était pur au-dedans de lui-même ; le creuset continuel qu’il a connu sur la terre n’a fait que confirmer sa sainteté. Dieu l’a visité et n’a trouvé en lui que pureté inaltérableHébreux 2. 6 ; Psaume 17. 3.
La foi est l’œil qui voit l’invisible ; elle fait dire au fidèle qui contemple Christ : “Tu es plus beau que les fils des hommes ; la grâce est répandue sur tes lèvres : c’est pourquoi Dieu t’a béni à toujours” Psaume 45. 3. La joie du racheté est indicible et glorieuse parce que sa source provient d’un Christ glorifié. Le croyant seul en connaît le secret. Elle ne se communique pas, mais elle peut se montrer. L’apôtre suppose qu’il en est toujours ainsi ; sinon, sans doute faut-il défricher notre cœur et le nettoyer de tout ce qui nous empêche d’être heureux. Le croyant qui jouit de son Sauveur est bienheureux. Sa foi est déjà récompensée pendant le temps de l’épreuve (verset 9). Le salut de son âme est assuré pour l’éternité, et dans cette certitude il peut se réjouir, aimer et servir son Maître.
L’apôtre présente maintenant le salut (verset 10) comme le grand dessein de Dieu envers les hommes perdus. Il est ici envisagé dans sa plénitude et fondé sur la grâce de Dieu. Celle-ci reposait dans son cœur avant les temps des siècles ; elle se concentrait dans la personne de son Fils bien-aimé2 Timothée 1. 9. Puis au cours des siècles, les prophètes en ont parlé ; ils ont soutenu la foi des fidèles (verset 10). Mais il a fallu attendre la venue de Jésus Christ pour que la grâce rayonneJean 1. 14-17 ; Tite 2. 11. Elle est la substance de l’évangile (la bonne nouvelle : verset 12) annoncé par les apôtres. Enfin elle sera pleinement déployée au jour de gloire du Seigneur (verset 13).
Le salut est offert à la foi et repose sur la seule grâce de Dieu. Les prophètes avaient saisi cela, mais beaucoup de choses leur restaient cachées dans ce que l’Esprit Saint leur dictait. Le Seigneur Jésus rappelle qu’ils ne sont pas entrés dans tous les mystères du royaume de Dieu, ni dans toutes les gloires des personnes divinesMatthieu 13. 11, 17 ; Luc 10. 22-24. Ils ont beaucoup parlé de Christ (verset 11) Luc 24. 26, 27, 44-46 ; Apocalypse 19. 10, mais ces “choses” merveilleuses prophétisées à son sujet leur étaient obscures ; leur révélation nous était réservée.
L’inspiration des prophéties ressort d’ailleurs du fait qu’elles ont été écrites par des hommes “poussés par l’Esprit Saint” 2 Pierre 1. 21, sans qu’ils aient eux-mêmes compris toute la portée de leurs écritsDaniel 12. 4, 8, 9. Malgré cela, ils ont eu la diligence de méditer sur ce qu’ils savaient être la parole de Dieu, et il leur fut donné une certaine révélation de la parole prophétique pour enrichir leur foi (verset 12) Daniel 9. 22, 23. Depuis lors, l’Esprit Saint est descendu du ciel pour nous parler de Christ, de ses souffrances et de ses gloires. Jésus le Sauveur remplit les ÉcrituresLuc 24. 26, 27 ; Jean 5. 39 ; il est la substance de la bonne nouvelle annoncée par les apôtresJean 15. 26, 27. Des anges se sont penchés sur le mystère de sa personne (verset 12) 1 Timothée 3. 16, mais l’évangile est pour nous.