Après les salutations, l’apôtre commence par remercier Dieu, comme il le fait dans la plupart des épîtres. Cette manifestation est le fruit produit par la vie divine agissant dans le croyant. En effet, la prédisposition de l’homme naturel est de se plaindre, de voir le mal, de critiquer. En rendant grâces, le croyant se tourne avec reconnaissance vers Dieu et reconnaît sa grandeur, sa souveraineté, sa fidélité et son amour, au travers des circonstances parfois difficiles qu’il traverse.
Sachons en toutes choses rendre grâces (1 Thessaloniciens 5. 17), et remercions aussi notre Dieu pour le travail qu’il opère dans nos frères et sœurs, comme Paul le fait ici.
Remarquons l’adjectif possessif “mon Dieu”. Paul réalise la dépendance et la communion avec Dieu, ce qui est également mis en évidence dans d’autres épîtres (Romains 1. 8 ; 1 Corinthiens 1. 4 ; Philippiens 1. 3 ; 4. 19). Pouvons-nous aussi faire nôtre cette expression : “mon Dieu” ? (voir aussi Ésaïe 25. 1).
L’apôtre Paul était un homme de prière. Il était “assiégé tous les jours” par “la sollicitude pour toutes les assemblées” (2 Corinthiens 11. 28). Combien de supplications pour des situations humiliantes, d’intercessions pour des cas difficiles a-t-il présentées à Dieu ! Quel amour de Paul et quelle persévérance dans la prière en faveur de son frère Philémon, alors que la situation de cette épître semble a priori anodine en regard de tous les autres sujets qui préoccupaient l’apôtre !
C’est un encouragement pour nous à persévérer dans la prière (Actes 6. 4 ; Colossiens 4. 2) pour nos frères et sœurs. Paul mentionnait Philémon nommément : sachons aussi prier en nommant nos frères et sœurs. Nous en oublierons sans doute, mais quel encouragement de penser que Dieu n’oublie aucun des siens !
Le bon témoignage que rendait Philémon (son amour et sa foi) était parvenu jusqu’à l’apôtre Paul.
Qu’apprenons-nous de nos frères et sœurs ? Reconnaissons que, bien souvent, à cause de nos cœurs non jugés, nous nous plaisons à rapporter le mal ou les travers de nos frères et sœurs pour lesquels Christ est mort (Romains 14. 15). Demandons au Seigneur qu’il nous garde de toute médisance (Lévitique 19. 16 ; 1 Pierre 2. 1), et encourageons-nous ainsi à nous réjouir mutuellement en rapportant le bien que nous voyons dans la famille de Dieu.
L’amour et la foi de Philémon s’exerçaient premièrement envers le Seigneur Jésus. Il s’agit ici de l’expression “verticale” de l’amour et de la confiance (la foi) du racheté à l’égard de Dieu :
L’expression “Seigneur Jésus” tourne nos regards vers Celui qui doit être l’objet de notre amour et de notre confiance. Combien notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ en est digne, lui qui a donné sa vie pour nous racheter !
L’amour et la confiance de Philémon s’exerçaient également envers tous les saints : nous avons ici l’expression “horizontale” de l’amour et de la confiance manifestés dans la marche chrétienne au sein de la famille de Dieu.
Les saints, ce sont tous les enfants de Dieu, ceux qui ont été séparés, mis à part pour Dieu par l’offrande du corps de Jésus Christ (Hébreux 10. 10). Cette position devant Dieu est acquise pour l’éternité ; inaltérable et inaliénable, elle est indépendante de notre marche. Notre responsabilité est de poursuivre la sainteté, de marcher dans la séparation du mal, en conformité avec la nature de Celui qui nous a appelés (1 Pierre 1. 15).
L’amour et la foi de Philémon étaient actifs à l’égard de tous les saints : Philémon ne faisait aucune distinction. C’est ainsi que nous sommes exhortés à ne pas faire de favoritisme (Jacques 2. 1 ; Proverbes 28. 21), selon l’exemple divin (Deutéronome 10. 17 ; Éphésiens 6. 9).
Par l’expression “de sorte que”, l’apôtre relie l’amour et la foi de Philémon à la communion. La communion est le partage de valeurs ou d’objets pour lesquels nous avons la même appréciation.
Il y a donc une unité de pensées entre Philémon et Paul. Elle est “dans la foi”, parce qu’elle trouve sa source en Dieu. Cette communion produit un beau résultat (elle “agit”) : Philémon reconnaît tout le bien qui est en Paul et Timothée à l’égard du Christ Jésus. La foi de Philémon envers le Seigneur et son amour pour les saints le rendent capable de discerner ce qui est fait pour le Seigneur (le bien qui est dans le croyant). Il ne s’agit donc pas d’une incitation ou d’un encouragement à réaliser la communion, mais du constat de la communion heureuse existante qui produira des fruits à la gloire du Seigneur.
Paul mentionne cela, car il va demander quelque chose qui pourrait sembler humainement difficile à Philémon : recevoir un ancien esclave qui s’est échappé, comme un frère bien-aimé, comme s’il recevait Paul lui-même. Cette demande s’inscrit dans ce que Paul nomme ici “le bien qui est en nous à l’égard du Christ Jésus”. L’apôtre met donc en évidence que les dispositions de Philémon (sa foi envers le Seigneur et son amour pour les croyants) lui permettront de reconnaître que la requête de Paul est selon la volonté du Seigneur.
L’expression “reconnaître le bien” n’est, par conséquent :
L’amour de Philémon pour le Seigneur comme pour les saints est un motif de joie et d’encouragement profonds pour l’apôtre Paul. Quelle consolation pour lui, qui connaissait tant de difficultés et de sujets de peines !
Demandons au Seigneur d’être des instruments dans sa main pour réjouir et encourager nos frères et sœurs.
Le terme “cœur” employé ici (littéralement : “entrailles”) signifie “affections”. Ce mot est aussi employé en rapport avec Christ (Philippiens 1. 8). Le sens de ce mot figure à trois reprises dans cette épître :
Par son amour, Philémon réconfortait (ou ressourçait) le cœur des saints. Cet amour n’avait donc pas des effets superficiels, mais au contraire profonds et durables, produits seuls par l’amour de Dieu.
Le croyant qui souhaite plaire au Seigneur réalise que le monde dans lequel il vit est troublé, corrompu, souillé : tout n’est que sécheresse morale. Dans un tel contexte, combien son cœur a continuellement besoin d’être réconforté !
Que le Seigneur nous donne de faire partie de ceux qui ressourcent et encouragent leurs frères et sœurs !
Philémon était un bien-aimé, un compagnon d’œuvre (v. 1), mais aussi un frère. Conséquence merveilleuse de l’œuvre de Christ à la croix, tous les rachetés, scellés du Saint Esprit, constituent ensemble la famille de Dieu le Père, et sont individuellement ses enfants, soit frère, soit sœur.
Cette position, acquise pour l’éternité par la foi au Seigneur Jésus, est indépendante de notre marche terrestre et de la perception que nous en avons.
C’est donc en qualité de frère que Philémon sera encouragé à recevoir son autre frère, Onésime (v. 16).
Synthèse des versets 4 à 7
Paul commence par remercier Dieu pour le travail qu’Il a opéré dans son frère Philémon, et relève la communion qui existe. Il met en évidence l’amour et la foi de Philémon qui sont une source d’encouragement et de réconfort pour les frères et sœurs.