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Commentaire sur l'épître à Philémon
S. Berney
1 Paul, prisonnier de Jésus Christ,

Ce n’est pas en qualité d’apôtre de Jésus Christ (voir 2 Corinthiens 1. 1), ni d’esclave de Jésus Christ (voir Romains 1. 1), que Paul se présente au début de cette épître. Paul se nomme ici “prisonnier”. Bien que d’autres épîtres évoquent son emprisonnement (Éphésiens 3. 1 ; 4. 1 ; 2 Timothée 1. 8), cette lettre est la seule qui débute avec ce qualificatif de “prisonnier”.

  • Paul aurait pu se prévaloir de son autorité d’apôtre de Jésus Christ pour enseigner Philémon au sujet de la manière de procéder dans la situation que traite cette lettre.
  • Comme esclave de Jésus Christ, Paul aurait pu également agir comme exécutant de la volonté de son Maître pour donner les instructions nécessaires.

Mais c’est avec beaucoup d’humilité, dans la souffrance et la privation de liberté, que Paul écrit à Philémon sur un sujet pratique qui exige sensibilité et douceur. Recherchons aussi cette délicatesse et cette humilité dans la dépendance du Seigneur, particulièrement lorsque nous sommes en présence de situations relationnelles sensibles. Combien de fois avons-nous tendance à agir dans un esprit de supériorité !

Remarquons aussi la beauté de cette expression : “prisonnier de Jésus Christ”. Ce n’est donc pas “prisonnier pour Jésus Christ”, ou “prisonnier pour le nom de Jésus Christ”, ce qui était également vrai. Mais cette expression – “prisonnier de Jésus Christ” – semble montrer que l’emprisonnement de Paul était selon la volonté de Dieu. Il reconnaît donc la souveraineté de Dieu dans ces circonstances pénibles et contraignantes. Quel exemple pour nous !

Cette introduction donne ainsi le ton de cette courte épître pleine d’humilité et d’amour.

1 et le frère Timothée,

Timothée est associé comme co-auteur de la lettre à Philémon, ainsi qu’il l’est également dans d’autres épîtres (2 Corinthiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens). Bien que cette épître ait un caractère personnel, la mention spécifique de 2 rédacteurs souligne son importance (voir Deutéronome 17. 6 ; Ecclésiaste 4. 9 ; Matthieu 18. 16). Timothée, bien qu’ayant aussi été emprisonné (Hébreux 13. 23), n’est pas mentionné ici comme tel, ce qui laisse supposer qu’il était libre au moment de la rédaction de cette épître. Paul qualifie ici Timothée de “frère”, alors que, dans d’autres épîtres, il le considère comme son enfant. Ces deux titres sont distincts et complémentaires :

  • Comme co-auteur de cette épître adressée à des croyants individuels et à une assemblée, Timothée est appelé “frère” (voir aussi 2 Corinthiens 1. 1 ; Colossiens 1. 1). En revanche, Paul l’appelle “mon enfant” pour mettre en évidence son affection envers lui, lorsqu’il lui écrit, ou lorsqu’il informe l’assemblée de sa venue (voir 1 Timothée 1. 2, 18 ; 2 Timothée 1. 2 ; 1 Corinthiens 4. 17…).
  • Dans cette épître, c’est Onésime que Paul nomme “mon enfant” (v. 10), afin de montrer à Philémon son affection particulière pour ce jeune converti. Nous comprenons qu’il n’aurait pas été approprié, dans ce contexte, que Paul appelle également Timothée “mon enfant”.

Par ailleurs, en utilisant le mot “frère”, l’apôtre met en évidence les relations au sein de la famille de Dieu. Il est ainsi remarquable de constater combien de fois le qualificatif de “frère” (ou “sœur”) revient dans cette courte épître :

  • v. 1 : le frère Timothée
  • v. 2 : la sœur Apphie
  • v. 7 : le frère Philémon
  • v. 16 : le frère Onésime (frère bien-aimé)
  • v. 20 : le frère Philémon
1 à Philémon, notre bien-aimé compagnon d’œuvre,

Le destinataire principal de cette lettre est un frère nommé Philémon. C’est le seul verset dans la Parole qui mentionne son nom. Toutefois, toute cette épître lui est adressée, et, comme nous le verrons plus loin, Dieu se plaît à mettre en évidence son amour, sa confiance, sa piété, sa soumission, son obéissance, son hospitalité. Ce qui honore Dieu, ce n’est pas la popularité, mais un cœur humble, obéissant, dépendant et confiant. Son Esprit pourra ainsi agir librement pour produire du fruit pour la gloire du Seigneur.

L’un des traits de Philémon, c’est son amour. Il est déjà mis en évidence ici dans son nom (Philémon) et dans le premier qualificatif qui lui est donné (bien-aimé)  :

  • “Philémon” signifie “amical, affectionné”, dont la racine est la même que celle de l’amour fraternel (philos)
  • le qualificatif “bien-aimé” (en grec : agapêtos) trouve ses racines dans l’amour divin (agapê) .

Philémon est donc un bien-aimé, comme son esclave Onésime (Colossiens 4. 9), et d’autres (voir Romains 16. 5, 8, 9, 12).

De même, par la foi dans la personne et l’œuvre du Seigneur Jésus, nous avons été “rendus agréables dans le Bien-aimé” (Éphésiens 1. 6), et nous sommes nous-mêmes “bien-aimés de Dieu” (Romains 1. 7 ; Jude 1). Chaque enfant de Dieu est un bien-aimé du Père, objet de son amour infini. Le réalisons-nous ? Voyons-nous tous nos frères et sœurs dans la foi comme des bien-aimés de Dieu ? Combien nos relations dans la famille de Dieu seraient différentes si nous le réalisions davantage !

Philémon est aussi un “compagnon d’œuvre”, tout comme d’autres frères et sœurs nommés dans les épîtres. C’est ainsi que cette épître mentionne, relativement à Paul :

  • ses compagnons d’œuvre (Philémon, Marc, Aristarque, Démas, Luc)
  • son compagnon d’armes (Archippe)
  • son compagnon de captivité (Épaphras)

Les compagnons d’œuvre et les compagnons d’armes sont des collaborateurs dans le service pour Christ. Le service des compagnons d’œuvre est plutôt lié aux aspects matériels, tandis que celui des compagnons d’armes est davantage en rapport avec les aspects spirituels, notamment la prière. Épaphrodite, entre autres, revêtait ce double caractère (Philippiens 2. 25). Les compagnons de captivité sont des compagnons d’emprisonnement, c’est-à-dire également prisonniers.

Malgré son rang social, sans doute supérieur à celui de beaucoup de ses contemporains, Philémon est actif dans l’œuvre du Seigneur. C’est un encouragement pour nous à participer à cette œuvre, en commençant dans nos maisons et notre environnement direct.

2 à la sœur Apphie,

Cette épître est également adressée à une sœur nommée Apphie. La nature du lien entre les destinataires de cette épître n’est pas mentionnée ; mais il est encourageant de remarquer que cette lettre et la deuxième de Jean sont explicitement adressées à une sœur.

Combien il est heureux lorsque les sœurs peuvent être associées, avec discrétion et sagesse, à des situations difficiles concernant des relations entre enfants de Dieu : leurs prières, mais aussi leurs sensibilités dans la main de Dieu, sont en effet bien nécessaires et utiles. Le nom “Apphie” signifie “fertile”. Ne trouvons-nous pas ici un enseignement à avoir des cœurs préparés et labourés par le travail divin pour que la Parole agisse en nous et produise du fruit à la gloire du Seigneur ?

2 à Archippe notre compagnon d’armes,

Un troisième destinataire de cette lettre est Archippe, dont le nom signifie “maître palefrenier” (celui qui est au service des chevaux) ; dans la Parole, le cheval évoque souvent la confiance en l’homme (voir Proverbes 21. 31). Nous ne savons pas pourquoi ce croyant est nommé ainsi ; mais il est frappant de constater que c’est justement à Archippe qu’est adressé l’avertissement de prendre garde à accomplir le service reçu dans le Seigneur (Colossiens 4. 17).

Quant à nous, qui portons le beau nom de chrétien, notre confiance et notre force sont-elles dans l’homme ou dans le Seigneur ?

Archippe est qualifié de “compagnon d’armes”, comme Épaphrodite (Philippiens 2. 25). Le compagnon d’armes participe au combat spirituel, par la prière, en faveur de ses frères et sœurs engagés dans les batailles spirituelles. Ce serviteur passait donc certainement beaucoup de temps à prier pour Paul et Timothée. Nous sommes aussi exhortés à combattre ensemble par la prière (Romains 15. 30 ; Colossiens 4. 12). Parmi les sujets, n’oublions pas d’intercéder pour nos frères et sœurs actifs dans la moisson divine (Matthieu 9. 37, 38).

2 et à l’assemblée qui se réunit dans ta maison :

Le quatrième destinataire de cette lettre est une assemblée locale, celle qui se réunit dans la maison de Philémon. On peut alors se demander pour quelle raison cette épître, a priori personnelle et concernant deux frères, est aussi adressée à une assemblée. Cela nous montre que les relations personnelles entre croyants sont liées à la vie d’assemblée et influent sur elle. Quelqu’un a dit que nos vies de familles sont le terreau de la vie d’assemblée. Dans ce cas précis, l’assemblée était certainement au courant de la fuite d’Onésime ; son retour aurait peut-être suscité des interrogations parmi les saints. Cette lettre n’est donc pas rédigée en secret afin de régler une affaire privée, car elle implique toute l’assemblée.

D’autre part, l’assemblée (ou : l’église) est constituée de tous ceux qui ont la vie éternelle et sont scellés du Saint Esprit ; cette lettre s’adresse donc à chaque enfant de Dieu. Notons enfin que l’assemblée mentionnée dans cette épître est une expression locale de l’assemblée de Dieu, qui se réunit dans la maison de Philémon. La Parole mentionne d’autres rassemblements autour du Seigneur réalisés dans des maisons de croyants (Romains 16. 5 ; 1 Corinthiens 16. 19 ; Colossiens 4. 15). Le Seigneur Jésus est là où deux ou trois sont assemblés à son nom (Matthieu 18. 20), et de merveilleuses bénédictions sont attachées à sa Personne. Et n’y a-t-il pas une bénédiction toute particulière pour un racheté lorsque ce rassemblement autour du Seigneur Jésus peut se réaliser dans sa maison ?

3 Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ !

Comme dans toutes les épîtres de Paul, cette lettre commence par une formule de bénédiction. Dans les deux épîtres à Timothée, la miséricorde est aussi mentionnée.

Cet appel à la bénédiction n’est pas simplement une formule usuelle de politesse : c’est la demande et le souhait de la grâce et de la paix de Dieu pour les destinataires.

  • La grâce est l’expérience de la bonté de Dieu dans le chemin, de ses soins et de sa miséricorde. Cette épître commence et se termine par le souhait de grâce (voir v. 25). Combien nous en avons tous besoin !
  • La paix est celle que le cœur du croyant peut éprouver dans les circonstances de la vie. Cette paix divine surpasse toute intelligence et garde nos cœurs et nos pensées ; elle est le résultat de la confiance en Dieu (Philippiens 4. 7).

La grâce et la paix ne viennent pas de nous, ni des circonstances, mais de Celui qui est le “Dieu de paix” (Romains 15. 33) et le “Dieu de toute grâce” (1 Pierre 5. 10). Le souhait de l’apôtre est donc que les destinataires puissent expérimenter ces ressources journalières de Dieu.

Avons-nous aussi ce désir que nos frères et sœurs goûtent la grâce et la paix de Dieu dans le chemin ?

Synthèse des versets 1 à 3

Avec beaucoup d’humilité, Paul commence cette courte épître en souhaitant la grâce aux destinataires. Cette lettre, destinée à Philémon, s’adresse à trois personnes nommées par leur prénom (Philémon, Apphie et Archippe), ainsi qu’à l’assemblée, ce qui met en évidence le lien entre les relations personnelles des enfants de Dieu et l’assemblée tout entière.