Ce chapitre exprime à nouveau le contraste entre l’amour de Dieu pour son peuple et le jugement de ses graves infidélités. Comme un dernier orage, les paroles du prophète annoncent la destruction d’Éphraïm (chapitre 13), avant le lever du jour sans nuage de la délivrance et de la bénédiction (chapitre 14).
Éphraïm, second fils de Joseph, occupait autrefois une place prédominante en Israël (verset 1). Les autres tribus respectaient sa puissance. Selon la prophétie de Jacob, sa descendance devait être “une plénitude de nations” Genèse 48. 19. Déjà au temps de Josué, Éphraïm, conscient de sa propre importance, se considérait comme un peuple nombreux qui aurait dû, sans combattre, recevoir un héritage agrandiJosué 17. 14-18. Dans un esprit de jalousie, Éphraïm conteste ensuite fortement avec GédéonJuges 8. 1-3, puis, au temps de Jephté, engage une guerre civile qui coûtera la vie à 42 000 personnesJuges 12. 6. Osée montre ici comment Éphraïm continue à s’enfoncer dans le péché (verset 2) ; aussi disparaîtra-t-il comme la nuée matinale, comme la rosée, comme la balle, comme la fumée (verset 3). Toutes ces images expriment la vanité et le caractère éphémère de la vie humaine. C’est ainsi que Dieu nettoierait entièrement son aire, là où le blé est séparé de la balleMatthieu 3. 12. Cette prophétie s’est accomplie à la lettre ; les dix tribus sont encore dispersées parmi les nations aujourd’hui, et leurs traces sont perdues. Il faudra attendre des temps futurs pour qu’Éphraïm soit débarrassé de ses tendances à la domination sur les autres et à la jalousie : “Et la jalousie d’Éphraïm s’en ira… Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda” Ésaïe 11. 13.
Toutefois, Israël demeure le blé battu de l’ÉternelÉsaïe 21. 10, qui sera un jour rassemblé comme le froment dans son grenier. Et Dieu revient à la manifestation de sa grâce envers son peuple, depuis la sortie d’Égypte. Il demeure leur seul Dieu et leur seul Sauveur. Éphraïm, insensible à tant de grâces, s’était élevé dans son cœur et a oublié Dieu.
Mais Dieu ne pouvait les oublier, pas plus que leur ingratitude. Il allait les livrer au jugement désastreux des bêtes mauvaisesÉzéchiel 14. 21 : le lion, le léopard, l’ours, et les bêtes des champs (versets 7, 8). On remarque la similitude frappante avec les images des empires des nations (Babylone, la Grèce, l’empire médoperse et Rome), dont Dieu s’est servi pour châtier Juda, infidèle lui aussi1.
Israël avait persisté dans son opposition à Dieu, pour sa propre destruction (verset 9). Les rois que le peuple s’était choisis ne lui seraient d’aucun secours. Le fait même de demander un roi était déjà un abandon du vrai Dieu1 Samuel 8. 7. La déclaration divine : “Je t’ai donné un roi dans ma colère, et je l’ai ôté dans ma fureur” (verset 11) s’était réalisée en premier lieu en Saül, le roi selon la chair : Dieu avait d’abord accédé à la demande du peuple pour ensuite rejeter ce roi infidèle1 Samuel 15. 35 ; 16. 1. Mais la portée de cette déclaration s’étend jusqu’à la fin de l’histoire du peuple : Jéhu a été donné à Israël comme instrument de la colère divine ; puis la plupart de ses descendants ont péri de mort violente, car “la fureur de l’Éternel monta contre son peuple” 2 Chroniques 36. 16.
Si nous refusons de l’écouter, Dieu peut nous abandonner aux conséquences de notre conduite, et nous faire goûter plus tard les fruits amers de nos infidélités.
Le péché d’Éphraïm est encore lié sur lui. Le procès est clos, toutes les preuves de la culpabilité du peuple sont établies. Il doit recevoir sa juste rétribution par les jugements.
La comparaison avec les douleurs de l’enfantement montre le caractère inévitable et soudain des jugements2. Un vent desséchant fera tarir toutes les sources de rafraîchissement et de joie en Israël (verset 15). Et l’Assyrien, dans sa haine aveugle, apportera la mort à tous : hommes, enfants et futures mères. Quelle terrible scène !
Alors, sans transition, Dieu fait luire les rayons de sa grâce. Bien qu’Éphraïm ne se repente pas encore, le Messie accomplirait envers lui une œuvre de délivrance (verset 14). La citation que fait l’apôtre Paul de cette promesse montre que sa portée s’étend bien au-delà de la terre et du peuple d’Israël, à tous les rachetés célestes1 Corinthiens 15. 55.
La mort et la résurrection du Sauveur opèrent la libération du peuple terrestre de Dieu. Si l’œuvre de la croix en faveur de la nation juive est maintenant pleinement accomplieJean 11. 51 ; 19. 30, toutefois ses effets restent encore à venir. Par sa mort, Christ a annulé la mort, pour l’engloutir en victoire2 Timothée 1. 10 ; Ésaïe 25 ; 8. Ainsi, l’opprobre du peuple terrestre de Dieu sera à jamais ôté “de dessus toute la terre”.
Mais l’œuvre de la rédemption opère aussi la délivrance du peuple céleste de Dieu. Les “pestes” de la mort rappelaient à Israël un des quatre jugements désastreux3 de l’Éternel. L’apôtre Paul, dans le passage rappelé plus haut, parle plutôt de l’aiguillon de la mort, en comparant celle-ci à un scorpion, dont le pouvoir de nuire est dans la queueApocalypse 9. 10. Sa piqûre et son venin mortels (spirituellement parlant) sont le péché, qui trouve sa puissance dans la loi. Ainsi, l’homme est atteint par une blessure mortelle, et la perspective de la mort entretient en lui un tourment perpétuel. Quelle terrible situation pour tout homme !
L’œuvre de la grâce envers nous et en nous a tout changé. Elle nous apporte la libération définitive de l’esclavage de la mort, du péché, de la chair, de la loi et du monde. La résurrection de Christ est le gage assuré de cette entière délivrance, comme aussi l’assurance que nos corps mortels seront changés à la première résurrection. Dans l’état éternel, “la mort ne sera plus” Apocalypse 21. 4 ; elle sera abolie à jamais.
C’est sur cette merveilleuse perspective que s’achève la prophétie d’Osée proprement dite. Le dernier chapitre annonce la repentance et le relèvement futurs d’Israël.