Le chapitre 11 a présenté tout le tableau résumé de l’histoire du peuple depuis sa sortie d’Égypte, jusqu’à son rétablissement dans sa terre sous le royaume millénaire de Christ. L’Esprit développe maintenant (chapitre 12) un autre côté des relations de Dieu avec Israël.
Au temps où Osée prophétisait, l’état moral d’Éphraïm était encore bien différent de celui de Juda. Éphraïm n’était pas droit envers Dieu ; il pratiquait le mensonge, la fraude et la fausseté. Ayant semé le vent (8. 7), il s’en nourrissait (12. 2), c’est-à-dire cherchait son plaisir dans les choses vainesÉsaïe 58. 13, en oubliant Dieu pour s’allier aux nations idolâtres.
Juda, au contraire, n’avait pas encore abandonné le vrai Dieu, grâce à l’impulsion donnée par des rois fidèles tels qu’Abija, Asa, Josaphat et Ézéchias2 Chroniques 13. 10 ; 15. 15 ; 19. 3. Mais Dieu connaissait la suite de l’histoire de Juda, et avait déjà un débat avec lui (12. 3). Juda est assimilé ici avec Jacob, bien que les dix autres tribus (Éphraïm ou Israël) soient également issues de lui. En effet, la conduite de Juda reproduisait bien des traits de celle de son père. Aussi l’histoire personnelle de Jacob est-elle prise comme symbole des voies de Dieu envers le peuple de Juda.
Les quelques circonstances de la vie du patriarche rappelées par le prophète sont de toute importance pour nous. La naissance même de JacobGenèse 25. 26 justifie son nom (celui qui supplante) et préfigure ce que sera sa vie, une succession de conflits. Pourtant, Jacob désirait la bénédiction de Dieu.
À l’issue de la lutte avec l’Ange à PenielGenèse 32. 25-33, l’Éternel change le nom de Jacob en Israël (vainqueur ou prince de Dieu). Mais Osée révèle ici le secret de la victoire pour Jacob : la foi, la repentance et la prière (“il pleura et le supplia”) ; et son infirmité (la hanche luxée), témoignage constant de sa faiblesse, serait le secret de sa force2 Corinthiens 12. 9, 10.
Le soleil s’était couché à Béthel lors de la première rencontre avec Dieu, quand Jacob s’enfuyait de devant Ésaü son frère, qu’il avait trompéGenèse 28. 11. Mais, à Peniel, l’aurore puis le soleil se lèvent sur Israël (vainqueur de Dieu), à l’issue du combat qui a délivré son âme parce qu’il avait vu Dieu face à face. Sa communion avec Dieu ne sera retrouvée qu’à Béthel, après que Jacob et sa maison se seront purifiés des idoles. Dieu lui déclare alors son propre nom (ce qu’il n’avait pas fait auparavant), parle avec luiGenèse 35. 11, 14, et lui confirme le changement de son nom de Jacob en Israël.
Dieu se nomme ici “l’Éternel (Jéhovah)”. C’est à Moïse que le Dieu des patriarches, le “Dieu Tout-puissant”, s’était révélé pour la première fois sous son nom d’alliance et son mémorial (12. 6) Exode 3. 15 ; 6. 2-4. Pour que Juda puisse retrouver la jouissance de cette relation d’alliance avec son Dieu, il devra connaître une vraie conversion, comme Jacob à Peniel, puis à Béthel.
Cet appel de l’Esprit de Dieu conclut cette brève rétrospective sur la vie du patriarche (12. 7). Dans l’humiliation et la repentance, Juda reviendra vers Dieu ; les relations de communion avec lui seront rétablies (la piété), le peuple aura le discernement pour juger entre le bien et le mal (le jugement), et se confiera en Dieu (l’attente). La portée morale pour nous chrétiens est aussi claire qu’importante.
Le prophète revient alors à Éphraïm ; ce sera le sujet de toute la fin de la prophétie. Il le nomme “marchand” ou Cananéen1. Tout en lui n’est que fausseté et corruption, en violation continuelle des commandements explicites de la loiLévitique 19. 36. C’est plus que l’ignorance de son propre état, comme précédemment (7. 9). La conscience, volontairement endurcie, refuse de reconnaître son péché, en prétextant que son iniquité ne peut être prouvée (verset 9).
Avant de reprendre le cours de ses justes reproches, Dieu témoigne de sa grâce inaltérable, que l’infidélité d’Éphraïm ne pouvait interrompre. L’Éternel n’avait pas cessé d’être son Dieu dès la sortie d’Égypte, et lui accorderait dans l’avenir le repos de la fête des tabernacles (verset 10). Dieu avait parlé à son peuple par des prophètes, en visions et par des similitudes.
L’Esprit reprend l’exemple de Jacob pour l’appliquer maintenant à Éphraïm plutôt qu’à Juda. Après avoir trompé Ésaü, Jacob s’était enfui en Syrie pour y connaître le dur labeur de l’esclavage, en vue d’acquérir Rachel, la femme qu’il aimait. Malgré cela, sa foi en Dieu n’avait pas été ébranlée. Dieu l’avait délivré de la main de Laban et l’avait richement béni. Plus tard, Israël a aussi été délivré de son esclavage en Égypte, par un prophète (Moïse), qui lui a fait traverser le désert.
Cette même grâce divine s’est exercée à l’égard d’Éphraïm dans la suite de son histoire. Quelle a été la réponse du peuple ? Édifier des autels idolâtres (qui seraient transformés en tas de pierres), manifester sa vanité dans les plaines de Galaad, et son infidélité à Guilgal2. C’est pourquoi cette triste scène se termine par un constat de jugement. Toutefois, l’Éternel se nomme encore le Seigneur d’Éphraïm, car il ne peut renier son peuple, malgré le jugement dont il le frappe.