Au milieu de la nation coupable, placée sous la double sentence de jugement1, le Dieu souverain se plaît à reconnaître pour son cœur un
Ces fidèles, reconnus de Dieu et conscients de sa faveur, sont invités à plaider contre leur mère, Israël (verset 6). Vouée à l’idolâtrie, elle avait totalement oublié sa relation avec l’Éternel : son état était celui d’une véritable prostitution spirituelle. Dieu s’adresse ici à la nation entière par la bouche d’enfants restés fidèles au milieu d’elle ; comme fils spirituels du prophète, ils étaient pour ainsi dire issus de Dieu et pouvaient parler selon l’Esprit de prophétie.
Si l’appel à la repentance était négligé (et il l’a effectivement été), le jugement tomberait sur la nation (verset 3), et sur ses enfants qui portaient le même caractère d’infidélité qu’elle (verset 4). Le parallèle avec le jugement de la chrétienté infidèle et de ses enfants est très solennel : la prostituée sera rendue déserte et nue, et Dieu fera mourir de mort les enfants de la femme JézabelApocalypse 17. 16 ; 2. 23.
La conduite de la nation d’Israël, vue comme la femme infidèle à son Dieu qui l’avait épousée, était le résultat d’une volonté délibérée d’indépendance (verset 7) : c’est exactement l’inverse de ce que Dieu demande à une épouse à l’égard de son mariÉphésiens 5. 24. Au lieu de reconnaître l’amour de Dieu qui l’avait comblé de tous les biens terrestres (pain, eau, laine, lin, huile, boisson), le peuple infidèle attribuait ces dons à ses faux dieux (ses “amants”). Lorsque la source divine en serait tarie (verset 15), la nation d’Israël serait bien contrainte d’en reconnaître la véritable origine. Mais il y avait plus grave encore : Dieu avait comblé son peuple de richesses (argent et or) ; elles avaient été offertes à Baal, un faux dieu, un maître cruel.
Privé des biens de la terre, Israël est maintenant humilié aux yeux des autres nations (verset 14), et devient la proie de ses ennemis, figurés par les bêtes des champs (verset 14). Même les privilèges du service divin (les fêtes solennelles et les assemblées) lui sont enlevés (verset 11). En l’absence d’un vrai retour vers Dieu, la réaction du peuple infidèle est caractéristique : “Je m’en retournerai à mon premier mari” (verset 7). La poursuite des mirages de ce monde n’engendre que découragement, et pousse les hommes vers les vains secours d’une religion de formes.
En définitive, Dieu arrêtait son peuple sur son chemin d’indépendance et jugeait son idolâtrie. En servant les Baals, Israël avait oublié l’Éternel (verset 13).
Pour ramener la nation à lui, Dieu la conduira au désert et lui parlera au cœur. C’était là, dans ce pays non semé, qu’avaient été célébrées les fiançailles de l’Éternel avec IsraëlJérémie 2. 1-3. À la sortie d’Égypte, le peuple connaissait alors la fraîcheur du premier amour pour son rédempteur. Mais Israël avait vite abandonné Dieu pour les idolesAmos 5. 25, 26 ; Actes 7. 42, 43. Il avait accepté la domination des Baals (maîtres) : “Éternel, notre Dieu, d’autres seigneurs que toi ont dominé sur nous” Ésaïe 26. 13.
Seule avec l’Éternel dans le désert, la nation d’Israël reconnaîtra alors son péché. Dieu rétablira son peuple dans la communion et la joie avec lui, symbolisées par la vigne ; auparavant détruite par le jugement (verset 12), cette vigne est rendue à Israël en bénédiction. La porte d’espérance qui ouvre l’accès aux bénédictions divines est précisément la vallée d’Acor (la vallée du trouble), là où avait été jugé le péché d’Acan, au début de la conquête du paysJosué 7. 19-26. Le lieu où Dieu punissait le péché du peuple sur le principe de la responsabilité devenait la porte d’entrée à la bénédiction selon le principe de la grâce. Ce changement est d’un intérêt touchant pour nous. Un résidu retrouve alors la grâce de la jeunesse qu’avait connue Israël à sa sortie d’Égypte. En même temps, les relations de l’Éternel et de son peuple sont changées. Sans cesser d’être son “maître” Malachie 1. 6, Dieu se révèle maintenant à Israël comme son “mari”. L’esclavage de l’idolâtrie est aboli et oublié à jamais.
Après le travail nécessaire de la repentance et du retour vers Dieu, la scène de la bénédiction millénaire s’ouvre devant Israël relevé. Dieu retient l’action des instruments de son jugement (bêtes mauvaises, oiseaux de proie et serpents venimeux) et brise les engins de guerre (arc et épée) ; son peuple repose enfin en sécurité, “en ce jour-là” (versets 20, 23), le jour de la bénédiction.
Les relations entre l’Éternel et Israël sont comparées à de nouvelles fiançailles, formées pour toujours (verset 21). Il s’agit des privilèges de la “nouvelle alliance”, scellée par le sang de Christ à la croixJérémie 31. 33, 52 ; Matthieu 26. 28. La justice et le jugement, les bases du trône de Dieu, sont maintenant réunis pour bénir le peuplePsaume 89. 14 ; 94. 15. La bonté et la vérité, qui s’étaient rencontrées à la croix de ChristPsaume 85. 11, s’associent pour bénir un peuple heureux qui connaît l’Éternel. L’harmonie est parfaite entre les cieux et la terre, la création est libérée de la servitude de la corruptionRomains 8. 21. Israël, semence de Dieu, sera semé par Dieu lui-même (c’est le sens de Jizreël) dans la terre promise aux pères (à Abraham en particulier).
Dieu peut alors faire miséricorde à “Lo-Rukhama” et dire : “Tu es mon peuple” à “Lo-Ammi” (verset 25). Les citations que font les apôtres Paul et Pierre de ce passageRomains 9. 25 ; 1 Pierre 2. 10 montrent qu’il s’applique à Israël, alors que la promesse par laquelle se terminait le chapitre 1 (verset 10) annonçait au contraire la bénédiction future des nations.
Avec l’apôtre Paul, nous pouvons nous écrier : “O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu !” Romains 11. 33
Ce court chapitre résume par avance toute l’histoire de la nation d’Israël jusqu’au millenium. Dieu invite le prophète à accomplir un nouvel acte symbolique pour présenter un aspect de l’histoire morale du peuple pendant le temps de son infidélité, et avant son rétablissement. Ce que va vivre Osée (versets 3-5) s’applique prophétiquement à Israël (versets 6, 7).
Le prophète devait s’attacher par amour à une femme infidèle2. Le prophète représente ici l’Éternel et la femme adultère est Israël. Le peuple avait estimé que son abandon de l’Éternel pour se choisir des faux dieux lui assurerait des avantages (symbolisés par les gâteaux de raisins3 que Dieu lui aurait refusés). Quel égarement ! les chrétiens font de même lorsqu’ils s’éloignent de Christ, la seule source de vraie bénédiction ! Ni les plaisirs raffinés du monde, ni les délices du péché, ne peuvent jamais combler le cœur.
Ayant acquis cette femme (même pour un prix dérisoire), le prophète avait des droits sur elle : elle devait l’attendre, et lui être fidèle. Ainsi, Israël est resté longtemps sans vrai Dieu ni faux dieux (statues ou théraphim), et sans vraies relations avec l’Éternel par la sacrificature (sans éphod), privé même du culte divin (sans sacrifice). Effectivement, la ruine de la sacrificature a été consommée avant même l’instauration de la royauté en Israël ; et les deux déportations (des dix tribus en Assyrie et de Juda à Babylone) ont mis fin à toutes les offrandes des sacrifices de paix (qui représentaient les relations du peuple avec Dieu).
Encore maintenant, “ce peuple répandu loin et ravagé… attend, attend” Ésaïe 18. 7. Mais son attente ne sera pas vaine ; “à la fin des jours” (verset 5) Israël se convertira, et se tournera vers Dieu pour reconnaître Christ comme vrai Roi. Dès aujourd’hui, tous les Juifs sont toutefois invités à accepter l’évangile de la grâce pour être sauvés.
Dans cette première partie de sa prophétie (chapitre 1 à 3), écrite à la veille de la disparition des dix tribus parmi les nations, Osée annonce :