Le prophète reprend la parole par cette injonction : “Écoutez, je vous prie, chefs de Jacob, et vous, princes de la maison d’Israël” (3. 1). Il rappelle aux conducteurs qu’ils étaient responsables du bien du peuple, et devaient le conduire dans la voie de la justice et du juste jugement. Mais leur état moral personnel était mauvais ; au lieu de manifester un esprit de repentance, ils haïssaient le bien et aimaient le mal. Une telle attitude entraîne toujours à terme le malheurÉsaïe 5. 20.
Israël était le troupeau de l’Éternel, objet de ses soins. Comme de mauvais bergers, les chefs, par contraste, en avaient fait leur proie. En figure, ils avaient arraché leur peau, puis leur chair, tout en brisant leurs os, pour finalement manger les brebis confiées à leurs soins. Dans tous les temps, le danger pour les conducteurs spirituels n’est-il pas de dominer sur les héritages, au lieu d’être les modèles du troupeau1 Pierre 5. 2, 3 ? Appliquons-nous plutôt à imiter l’exemple du bon berger, le grand pasteur des brebis, qui a “aimé la justice” Psaume 45. 6, 7 ; Hébreux 1. 9.
Le jour du jugement vient, “en ce temps-là” (verset 4), au jour du règne glorieux de Christ. Alors, le troupeau est béni, mais Dieu ne répondra pas au cri de ses méchants conducteurs. Ils avaient refusé de prêter attention à ceux qui étaient dans le besoin. L’Éternel allait les rémunérer de la même manière, en refusant maintenant de les écouterProverbes 21. 13. Quelle solennelle différence avec la couronne inflétrissable de gloire promise aux fidèles serviteurs1 Pierre 5. 4 !
Michée s’adresse maintenant aux prophètes. Cherchant leurs propres intérêts au détriment de ceux du peuple, ces prophètes, authentiques mais infidèles, font errer celui-ci. Comme au temps d’ÉzéchielÉzéchiel 13. 1, 10, ils promettent la paix, et endorment ainsi le peuple dans une confiance trompeuse. Au lieu d’annoncer avec hardiesse la volonté de Dieu, ils flattent le peuple et l’encouragent à pécher. Prompts à adapter leur message à leurs propres intérêts, ils annoncent la paix à ceux qui leur promettent des biens matériels ; sinon, ils prédisent la guerre. Dieu, en rétribution, ne leur communiquera plus ses visions, et les abandonnera aux ténèbres morales ; ce sera pour leur honte et pour leur confusion. Quel solennel avertissement pour nous ! Si quelqu’un, ayant reçu quelque don de grâce spirituel, l’emploie à son propre avantage, et falsifie le message divin, Dieu peut cesser de lui communiquer ses pensées, et l’abandonner à lui-même pour sa confusion.
Le prophète définit maintenant sa position, en contraste avec celle de ces mauvais prophètes. Un serviteur fidèle est toujours sous la conduite de l’Esprit de l’Éternel, qui est un Esprit de puissance, d’amour et de conseil2 Timothée 1. 7. La force du serviteur n’est pas la sienne propre, mais celle que Dieu lui prête par son Esprit : “Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées” Zacharie 4. 6. La Parole abonde en exemples de faibles témoins rendus vigoureux et devenus forts dans la bataille : Gédéon, Barak, Jérémie, Daniel et l’apôtre PaulHébreux 11. 34 ; 2 Corinthiens 12. 10.
Le message communiqué par Michée est triste : déclarer à Jacob sa transgression et à Israël son péché. Le prophète s’adresse à la fois à l’autorité civile (chefs et princes) et religieuse (sacrificateurs et prophètes). Les chefs et les princes ont abandonné le jugement et la justice, les deux bases du trône de DieuPsaume 89. 15. Sion, la montagne de la grâce royale, et Jérusalem, le lieu où Dieu avait mis la mémoire de son Nom, ont été ainsi souillées et profanées.
De plus, tous les conducteurs, civils et religieux, se sont laissés détourner par la puissance de l’argent : les juges acceptaient des présents, ce que la loi défendait, “car le présent aveugle ceux qui voient clair, et pervertit les paroles des justes” Exode 23. 8 ; Deutéronome 16. 191. Plus grave encore, les sacrificateurs, qui auraient dû enseigner le peuple de la part de DieuMalachie 2. 7, demandent un salaire ; et finalement, les prophètes se font payer leur message. Ézéchiel déclare que de tels prophètes devinaient le mensongeÉzéchiel 13. 9 ; 21. 34 ; 22. 28 ; par contraste, la mission d’un prophète fidèle est de recevoir le secret de l’Éternel pour le communiquer à son peupleAmos 3. 7. Quel terrible danger, dans tous les domaines, que l’amour de l’argent, “une racine de toutes sortes de maux” 1 Timothée 6. 10 !
Les mauvais prophètes aggravent leur cas par le fait qu’ils se réclament de la présence de Dieu au milieu d’eux : “L’Éternel n’est-il pas au milieu de nous ?” (verset 11). La même question avait été posée par Israël dans le désert à l’occasion de la contestation de MéribaExode 17. 7. Le peuple doutait alors de la présence de Dieu et de sa puissance pour prendre soin de lui. Au temps de Michée, le raisonnement des prophètes est inversé. Dieu était près de quitter sa demeure terrestre, à cause de l’infidélité de son peuple, et les prophètes prétendaient l’obliger à rester au milieu d’eux, pour leur assurer l’impunité : “Il ne viendra pas de mal sur nous” (verset 11). Plus tard, au temps de Jérémie, le peuple mettra de nouveau sa confiance en des paroles de mensonge, en disant : “C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel !” Jérémie 7. 4. C’est une aberration morale que la chrétienté répète aujourd’hui, qui culminera au moment où le faux prophète “s’assiéra au temple de Dieu”, lui qui est l’
Michée conclut par une parole de jugement qui répond aux prétentions des chefs religieux et politiques du peuple. La capitale du royaume d’Israël et le temple, siège de la présence de l’Éternel, seront détruits et abandonnés à la désolation. Cette déclaration de Michée sera citée plus tard par les princes de Jérusalem au temps de Jehoïakim, pour justifier les paroles d’avertissement de Jérémie, et sauver ce prophète de la mortJérémie 26. 18.
Ésaïe ajoute l’espérance d’un relèvement futurÉsaïe 32. 12-18. Michée confirme ce relèvement dans la suite immédiate de son message.
Si la maison de l’Éternel devait être détruite, selon le gouvernement de Dieu sur son peuple devenu infidèle (3. 12), elle devait être rebâtie, selon le dessein de sa grâce souveraine envers lui (4. 1). Le prophète reporte ce relèvement “à la fin des jours”, pour désigner les temps heureux de la période du règne millénaire.
Les paroles de Michée sont exactement les mêmes que celles de son contemporain ÉsaïeÉsaïe 2. 2-4. Cette remarquable répétition (par la bouche de deux témoins indépendants) confirme la volonté arrêtée de Dieu de bénir son peuple terrestre, et à travers lui, la terre entière, sous le règne du Messie, le Seigneur Jésus. Cette bénédiction découle de sa mort et de son œuvre de réconciliation.
Aujourd’hui, l’Église est la colonne et le soutien de la vérité de Dieu, et le messager de sa grâce envers les hommes, au milieu d’une création qui soupire en attendant la délivrance. Après l’enlèvement de l’Église au ciel, Jérusalem, la ville du grand Roi, la montagne de Sion et le temple de l’Éternel seront le centre terrestre de la bénédiction, la source de la loi, de la parole de l’Éternel et de la connaissance du vrai DieuJérémie 31. 33, 34.
Au cours du dernier millénaire de l’histoire du monde et de l’humanité, les effets des deux malédictions – sur la terreGenèse 3. 17 et sur l’hommeGenèse 4. 11 – seront annulés. Le jugement retournera à la justicePsaume 94. 15. Toutes les nations goûteront une paix et une prospérité universelles. Les armes de guerre seront transformées en outils pour cultiver la terre, qui rendra alors pleinement son fruit. La vigne et le figuier, deux images d’Israël, seront l’ombrage et la sécurité de tout homme et de son prochainZacharie 3. 10.
Le résidu fidèle déclare qu’il marchera, non seulement dans les sentiers du Dieu de Jacob (verset 2), mais aussi au seul nom de l’Éternel. Par contraste avec les nations qui avaient autrefois suivi leurs propres dieux, Israël suivra le seul vrai Dieu, à toujours. Leurs affreuses idoles seront définitivement abandonnées.
L’Éternel, lui le seul Berger d’Israël, rassemblera son peuple sous sa houlette (2. 12, 13). Il prendra soin de toutes les brebis, blessées ou exclues, même celles qui avaient encouru autrefois le châtiment divin ; elles seront sous la protection de Migdal-Eder, la tour du troupeau. Cette étape mémorable du patriarche Jacob, après la mort de RachelGenèse 35. 21, devient le symbole de la gloire future de la nation, placée sous le sceptre de Christ.