Après avoir rappelé comment une vie de piété permet au croyant de résister à la corruption qui est dans le monde, l’apôtre dénonce dans ce chapitre ce mal affreux. Il s’est insinué dans la chrétienté, c’est pourquoi Dieu la jugera un jour. Si la première épître nous rappelle que la maison de Dieu est l’objet de son gouvernement sur la terre, la deuxième nous enseigne que le Seigneur a aussi la haute main sur le monde, et qu’il exercera la vengeance contre ceux qui auront pris son nom en vain.
Des prophètes inspirés de Dieu ont communiqué sa pensée pour leur propre temps et pour le temps à venir. Mais “il y a eu aussi des faux prophètes parmi le peuple” d’Israël ; ces hommes-là étaient “poussés” par le diable. Ils reviendront nombreux, pour égarer le peuple dans un jour futurMatthieu 24. 11. Aujourd’hui, l’ennemi se sert avec ruse de faux docteurs pour falsifier la Parole de Dieu. Il mêle insidieusement l’erreur avec la vérité, et séduit ainsi les âmes fragilesGalates 1. 7 ; 2 Corinthiens 2. 17 ; 11. 3, 4.
L’apôtre Pierre s’adresse à des chrétiens “affermis dans la vérité présente” (1. 12) ; sa mise en garde est donc pour tous. L’apôtre Paul dénonce aussi ceux qui, par de douces paroles et un beau langage, séduisent les âmes naïvesRomains 16. 17, 18. Lui n’avait point usé de ruse pour enseigner2 Corinthiens 4. 2, 3 et son évangile n’était pas voilé. Par contre, les faux docteurs ne s’avancent pas à découvert ; leurs doctrines sont perverses et leur but est d’attirer des disciples après euxActes 20. 30. Ainsi se forment les sectes ; elles rassemblent des personnes séduites par une doctrine où la pensée de l’homme s’affirme dans un enseignement pernicieux. Le faux docteur prétend se référer à la Bible, mais isole de l’ensemble de l’Écriture des citations dont il altère le sens (1. 20). Cet endoctrinement sectaire conduit les âmes à la perdition (verset 1).
Les faux docteurs sont d’autant plus dangereux qu’ils se réclament de Christ, de près ou de loin. De toute façon, ils le renient de fait, car aucun d’eux ne le reconnaît comme le Fils de Dieu qui a toute autorité et à qui revient toute gloire. L’apôtre les compare à des esclaves qu’un maître a achetés, mais qui se rebellent contre son autorité ; ils seront détruits sans appel.
Aux fausses doctrines se joignent en général des mœurs dissolues (excès : verset 2) Jude 4 ; c’est cela que le monde remarque. Des gens qui se réclament de la Bible et qui se conduisent mal attirent les critiques, voire les blasphèmes sur la Parole elle-même, “la voie de la vérité”. Bien entendu, l’apôtre attendait tout autre chose de ces croyants juifs1 Pierre 3. 16, 17. Cette “voie de Dieu” enseignée par les apôtresActes 18. 26 ; 19. 9, 23 ; 24. 16 était à l’opposé des sectes, tout en étant calomniée comme telle. Il appartient encore aujourd’hui d’orner l’enseignement de notre Seigneur par une bonne conduite, hors de l’esprit sectaire qui nous guette à l’évidence, et loin des coutumes et séductions du monde.
Enfin, ces conducteurs d’églises et chefs de sectes sont attachés à la recherche du profit (verset 3). Jésus avait déjà dénoncé ces Juifs responsables qui avaient transformé le temple, “la maison de son Père”, en maison de traficJean 2. 16, et même en caverne de voleursLuc 19. 46. Le trafic d’âmesApocalypse 18. 13 subsiste et ira encore en s’amplifiant. Sous couvert de religion, et par des paroles mensongères habilement présentées, les faux conducteurs dépouillent leurs proies aveuglées. Mais l’apôtre rappelle que leur jugement s’approche ; tôt ou tard, leur destruction viendra. Ainsi soyons en garde pour nous-mêmes et avertissons, à l’aide de la Parole de Dieu, ceux que nous voyons en danger.
Dans le chapitre précédent, l’apôtre a placé sur nos cœurs l’espérance de la gloire dans un triple témoignage : la gloire de Christ sur la sainte montagne, la parole prophétique, et la venue de “l’étoile du matin”. Nous avons maintenant trois exemples de la certitude du jugement inexorable de Dieu qui atteindra les impies. L’apôtre évoque à ce sujet trois scènes bien connues des Juifs.
Lot, lui, a été épargné du jugement de Sodome, mais il a été “sauvé comme à travers le feu”. Il avait choisi les riches plaines du monde, tout en sachant qu’elles étaient peuplées d’hommes méchants et dépravés ; tout ce qu’il avait pu acquérir sur la terre a été détruit en un instant. Si la Genèse nous parle de la justice de Noé et d’Abraham, elle ne nous dit rien de celle de Lot. Il faut arriver à cette épître pour lire par trois fois que Lot était juste ; mais sa justice ne le rendait pas heureux, bien au contraire. Il était continuellement tourmenté dans son âme à cause de la conduite débauchée des gens de Sodome ; Pierre en donne la raison : parce qu’il “habitait parmi eux”.
Le croyant n’est pas du monde ; il doit donc en être moralement séparé pour être heureux et jouir des choses d’en haut. Il ne peut être un vrai témoin pour Dieu lorsqu’il vit dans une coupable promiscuité avec les pécheurs. Il ne peut être que tourmenté et plongé dans la misère morale, à moins que sa conscience ne s’endurcisse. “Sortez du milieu d’eux et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous recevrai” 2 Corinthiens 6. 17. Obéissons à cette injonction, c’est notre sûreté et la clef de notre joie intérieure.
Les tentations sont multiples autour de nous, mais Dieu nous en préserve si nous sommes fidèles, si nous vivons de foi et de piété (1. 5, 7). Même l’homme pieux peut succomber à la tentation : Abraham et David nous en donnent un exemple. Mais Dieu délivre l’homme pieux parce qu’il le tient dans sa main ; cependant il reste toujours des traces de tels écarts. Restons près du Seigneur, pour être préservés (verset 5) plutôt que délivrés (verset 7).