L’apôtre Pierre vient de rappeler des vérités connues, mais qui doivent être saisies par la foi et vécues pour être efficaces et ne pas tomber dans l’oubli (versets 12, 13, 15 ; 3. 1). Être réveillé, veiller, sont des injonctions répétées dans ces deux épîtres. Dans la nuit morale qui nous environne, tout est propre à nous endormir. Le manque de vigilance, l’oubli des choses glorieuses concernant notre Seigneur, préparent les occasions de chute. Pierre se sent pressé d’exhorter ces croyants dispersés dans le monde, pour que la vérité de Dieu soit maintenue fermement, génération après génération (verset 15).
Pierre sait qu’il est près de déposer sa tente, de “déloger”. La tente, le corps actuel du croyant, est une demeure provisoire. Le Seigneur Jésus lui-même a dû connaître pour nous cette condition humaine : “et la Parole devint chair, et habita (ou dressa sa tente) au milieu de nous” Jean 1. 14. L’apôtre Paul parle de notre corps comme d’une “maison terrestre qui n’est qu’une tente” ; elle sera bientôt remplacée par une maison éternelle dans les cieux2 Corinthiens 5. 1. Avant de quitter les siens, Jésus avait montré à son disciple (verset 14) qu’il quitterait cette terre en martyr lorsqu’il serait “devenu vieux” Jean 21. 18, 19. Pierre sait que le moment est venu, et son adieu dans cette lettre est émouvant.
La scène de la transfiguration de Jésus est restée inoubliable pour Pierre, comme l’échelle de Béthel pour JacobGenèse 28 et le troisième ciel pour l’apôtre Paul2 Corinthiens 12. Ces visions ont été d’un puissant soutien toute leur vie. Pierre dénonce à cette occasion les fables nées de l’imagination de l’homme, qui servaient de support à un enseignement religieux pervers. L’apôtre Paul nous met en garde aussi contre ces produits imaginaires qui détournent les âmes de la vérité1 Timothée 1. 4 ; 2 Timothée 4. 4. Les religions humaines sont marquées de ces égarements.
Trois disciples avaient eu le privilège unique de voir le Seigneur Jésus dans l’éclat de sa gloire future. Ils avaient été les “témoins oculaires” du mystère impénétrable de la gloire divine. Le Seigneur leur avait enjoint de n’en parler à personne avant sa résurrectionMatthieu 17. 9, car le royaume en gloire dont ils avaient eu un aperçu ne pouvait être établi que sur le fondement de sa mort et de sa résurrection. Le moment est venu maintenant pour Pierre de révéler aux croyants cette merveilleuse vision avant de quitter ce monde.
Cette scène nous conduit au jour où le royaume de notre Seigneur sera introduit en gloire et en puissance (verset 16) Marc 9. 1 ; elle marque ces deux épîtres de son empreinte. Si les évangélistes rappellent qu’elle a eu lieu sur une haute montagne, symbole de la domination du Seigneur lors du règne millénaire, Pierre parle ici de la “sainte montagne” (verset 18) ; Sion sera cette montagne de Dieu dans un temps futurPsaume 2. 6 ; 48. 1, 11. L’apôtre évoque la majesté du Fils de Dieu lors de sa venue en puissance pour établir son royaume éternel. Il ne mentionne plus, comme les évangélistes, la présence de Moïse et d’Élie ; la voix du ciel avait rappelé que le Père se révélait maintenant dans le Fils, et que c’est lui qui désormais devait être écoutéMatthieu 17. 5.
L’apôtre nous place ici sur un plan élevé ; il nous conduit directement dans la nuée, symbole de la présence et de la faveur divines, appelée par l’apôtre “la gloire magnifique”. La voix du Père est alors immédiatement entendue ; elle s’adresse ici à Jésus lui-même qui reçoit de la part du Père honneur et gloire. À ce rappel, nous discernons la couronne qui orne maintenant le front de notre SeigneurHébreux 2. 9 ; mais Pierre parle d’une gloire personnelle plus intime. Le Fils de Dieu est le fils de l’amour du Père ; cet amour éternelJean 3. 35 ; 5. 20 s’est confirmé lorsque le Père a trouvé une parfaite satisfaction, un plaisir infini dans la personne de son Bien-aimé marchant sur la terre, de sa naissance à sa mort sur la croix. Ce plaisir qu’il a trouvé en lui, Dieu veut le faire partager aujourd’hui à ses enfants.
La voix venue du ciel (verset 18) et entendue par les apôtres confirmait la parole prophétique, la rendait comme plus ferme. La prophétie tout entière est une lampe dont le faisceau se projette sur une personne glorieuse : Jésus Christ. Elle est une lampe qui brille dans le cœur du croyant, car Jésus est son espérance. Cette lumière prophétique éclaire aussi un lieu obscur, un monde ténébreux ; elle nous dévoile constamment le mal qui nous environne et les pièges multiples que nous devons éviter. Elle donne l’éclairage nécessaire pour comprendre les événements de la terre ; elle révèle le jugement à venir du monde, mais aussi le triomphe final de tout ce qui est de Dieu. La prophétie traverse toutes les Écritures, de la Genèse à l’Apocalypse. Elle nous tient en éveil, elle éclaire comme un phare les bords du rivage que nous allons atteindre ; elle attire le cœur du côté où le jour va se lever. Pour le croyant, “les ténèbres s’en vont et la vraie lumière luit déjà” 1 Jean 2. 8. La prophétie conduit au jour de Christ (verset 19), le jour de sa gloire royale. Elle brille maintenant dans l’obscurité d’une terre ruinée, mais le soleil de justice éclairera une terre renouvelée et purifiéeMalachie 3. 20.
En attendant, une autre lumière brille dans le ciel : l’étoile du matin (verset 19). Elle attire le regard de celui qui veille dans la nuit ; son éclat augmente encore avant le lever du jour. Cette étoile brillante du matinApocalypse 22. 16 – Jésus lui-même – se lève dans le cœur du croyant pour l’illuminer ; elle sera la récompense du vainqueurApocalypse 2. 28. Dans ces trois passages où l’étoile du matin est mentionnée, la lampe prophétique brille aussi ; cette lumière conduit à la gloire royale de Christ. Elle exerce la conscience du croyant afin qu’il n’ait pas de communion avec les ténèbres du monde actuel. L’étoile du matin est pour le cœur, car elle symbolise l’attente des fidèles : Jésus vient pour enlever les siens à sa rencontre avant le lever du jour.
L’apôtre revient à la prophétie (verset 20) pour nous mettre en garde contre une tendance trompeuse de l’esprit de l’homme. Aucun passage prophétique ne peut être interprété isolément ; chacun d’eux est un chaînon de l’ensemble, centré sur Jésus Christ. Plusieurs prophéties ont eu un accomplissement partiel dans le temps, comme figure de ce qui s’accomplira pleinement lors de l’établissement du règne de Christ.
Séparer un passage prophétique de l’ensemble, le considérer en dehors de Christ, conduit à l’égarement et à la présentation de “doctrines diverses et étrangères” Hébreux 13. 8, 9. Soyons en garde contre ce genre de séduction très actuel. Jésus Christ est le même dans toutes les Écritures, hier, aujourd’hui, éternellement. Les hommes de Dieu qui ont parlé de lui ont été dirigés par le même EspritNéhémie 9. 30 ; 1 Pierre 1. 11, 12. Dieu s’est servi en tout temps d’hommes de conditions diverses, placés dans des circonstances différentes et séparés du mal, pour être ses porte-parole. Leurs messages prophétiques font apparaître la parfaite unité de la sainte Écriture dans son dessein final : la gloire de Dieu en Jésus Christ notre Seigneur.