L’apôtre revient ici à des exhortations générales. Les relations dans la famille de Dieu sont à nouveau évoquées (1. 22). La richesse et la beauté morales d’une famille résident dans une entente harmonieuse. Les Philippiens avaient beaucoup de qualités, mais n’étaient plus d’un même sentimentPhilippiens 2. 2-5. Ils n’avaient plus la pensée de Christ, c’est-à-dire celle de l’humilité, de l’abaissement, du renoncement à soi-même, du dévouement pour les autres. Qui comme Jésus Christ a été humble de cœur, plein de compassion pour la souffrance de son prochain, même le plus misérable ? Qui maintenant est plein de sympathie pour nos infirmités, et toujours secourable dans nos épreuvesHébreux 4. 15, 16 ?
Il nous a laissé aussi un autre exemple : il ne rendait pas d’outrage et il n’y avait pas de fraude dans sa bouche (versets 9, 10 ; 2. 22, 23). Rendre le mal et l’insulte sont des réactions spontanées du méchant cœur de l’homme ; le croyant pieux n’agit jamais ainsi. Nous ne rendrons pas le mal si nous avons l’habitude de nous en détourner, en faisant le bien (verset 11 ; 2. 20). Ainsi l’apôtre Paul exhortait-il les croyants de Rome : “Ayez en horreur le mal, tenez ferme au bien”, puis : “ne rendant à personne mal pour mal… ne vous vengeant pas vous-mêmes, bien-aimés…” Romains 12. 9, 17, 19
“Bénissez ceux qui vous maudissent”, avait dit le Seigneur JésusMatthieu 5. 44. L’apôtre reprend cette injonction qui nous paraît difficile à réaliser (verset 9). Cependant, le chrétien qui apprécie la bénédiction dont il est appelé à hériter, ouvre son cœur et pardonne, comme Dieu lui-même l’a fait pour lui. N’est-ce pas le meilleur moyen de faire connaître Dieu ?
La bénédiction de Dieu est réservée à ceux qui l’aiment et se conduisent dignement devant lui. Ésaü était un homme sans foi, un profane : il méprisa les promesses de Dieu qui étaient à sa portée. “Aussi plus tard, désirant hériter de la bénédiction, il fut rejeté” Hébreux 12. 17. Dans quel esprit vivons-nous dans ce monde ? Dans celui d’Ésaü qui ne s’attachait qu’à la terre parce qu’il “s’en allait mourir”, ou dans l’esprit de Caleb ? Celui-ci, pendant quarante ans, n’a eu en vue que l’héritage réservé et les sources de bénédictions qui l’arrosaientJosué 14. 6-15 ; Juges 1. 15.
Le vrai bonheur du chrétien réside dans les choses d’en haut ; aimer la vie, c’est vivre de foi, “saisir ce qui est vraiment la vie” 1 Timothée 6. 12, 19. Voir d’heureux jours, c’est estimer que ce que Dieu accorde au fidèle est d’un grand prixPsaume 16. 5, 6. Ce ne sont pas les épreuves et les tribulations qui pourront empêcher le croyant de jouir de ce vrai bonheur, mais plutôt la tentation du mal. La langue est un petit membre, dit l’apôtre Jacques, mais d’elle peut jaillir un feu, un monde d’iniquité. Tenons-nous notre langue en brideJacques 1. 26 ; 3. 5, 6 ? David n’avait pas retenu ses lèvres de proférer la tromperie devant le roi des Philistins (intitulé de ce Psaume 34) ; il peut maintenant nous enseigner la leçon qu’il a durement apprise.
La bénédiction est donc pour ceux qui poursuivent la justice. Leur bonheur est de sentir le regard de Dieu sur euxPsaume 32. 8, de savoir qu’il écoute la supplication du juste (verset 12) Jacques 5. 16. Il y répondra en son temps et à sa manière, toujours merveilleuse et divine. Dieu est avec ceux qui font le bien et recherchent la paix avec persévérance. Est-ce bien notre cas dans l’assemblée comme dans le monde que nous côtoyons tous les jours ? La paix est fragile et tend toujours à nous échapper ; mais Dieu est par-dessus tout un Dieu de paix et veut que nous la poursuivions avec diligence en toutes chosesRomains 14. 19 ; Hébreux 12. 14.
Il est aussi le Dieu des rétributions, et “ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera” Galates 6. 7. Son gouvernement s’exerce déjà dans le temps présent, mais dans l’avenir il saura rendre à chacun selon ses œuvresPsaume 1. 6 ; Romains 2. 4, 6. En ce temps-là, il retranchera de la terre la mémoire des méchantsPsaume 34. 17. Mais l’apôtre Pierre s’arrête avant de citer ce verset, car nous sommes dans le temps où la bonté de Dieu pousse les hommes à la repentance.
Celui qui aime Dieu l’imite dans sa bonté envers tous les hommesLuc 6. 35, 36 ; Éphésiens 5. 1. Être bon, faire le bien, n’est-ce pas le moyen d’apaiser la malice de l’homme pervers ? Beaucoup ont été ainsi arrêtés dans leur intention de mal faire. Cependant, marcher dans un sentier de justice (verset 14), d’honnêteté, de droiture, d’intégrité, attire quelquefois sur le croyant l’animosité de l’incrédule. L’homme du monde agit souvent sans scrupules et se sent jugé par la conduite fidèle et juste du croyant. Le Seigneur Jésus, dans sa perfection, a souffert pour la justice plus qu’aucun autre homme, et il estimait bienheureux ceux qui le suivaient dans le chemin du royaume des cieuxMatthieu 5. 10.
Le prophète Ésaïe cité ici (verset 15) Ésaïe 8. 12, 13 encourageait les fidèles d’Israël qui pratiquaient la justice et ne se joignaient pas aux rebelles. Ces derniers tremblaient à la perspective du châtiment mérité et cherchaient du secours dans une folle alliance avec un monde ennemi. “Associez-vous, peuples, et vous serez brisés” : telle était à leur égard la sentence divine. Elle sera la même au jour de l’Antichrist. Mais le fidèle ne devait pas “craindre leurs craintes”.
Aujourd’hui encore, le croyant n’est pas effrayé comme ce monde à l’approche des jugements de Dieu. Il reste serein parce qu’il a Christ lui-même pour sanctuaire “dans son cœur”. Son espérance est ferme (verset 15), elle vit en lui (1. 3), elle est en Dieu lui-même (1. 21). Un chrétien fidèle est toujours prêt à confesser sa foi : sa conscience est pure, sa conduite est bonne, et les médisances des calomniateurs de ce monde tournent à leur confusion. Quelle que soit la violence du langage de l’interlocuteur, celui qui craint le Seigneur répond avec douceur, comme son Maître lui en a laissé l’exemple2 Corinthiens 10. 1. Il s’exprime en toute humilité, dans le respect de la personne à laquelle il s’adresse et avec le langage qui convient à un enfant de Dieu. Il peut ainsi fermer la bouche aux opposants, et peut-être en conduire quelques-uns dans la voie du salut.