L’apôtre a traité précédemment de la conduite personnelle des croyants parmi les nations (versets 11, 12), puis de leur attitude vis-à-vis des autorités (versets 13, 17). Il s’adresse maintenant aux chrétiens convertis pour leur rappeler comment ils doivent honorer leur Seigneur dans un cadre quotidien plus intime et plus familier.
Il commence par les domestiques, ceux qui servent dans la maison ; mais l’on peut transposer l’enseignement de ce passage aux conditions de travail actuelles. Le croyant qui craint Dieu (verset 17) sera soumis à celui que Dieu a placé comme supérieur dans le cadre de son travail. Il est ainsi mis à l’épreuve, car les maîtres “bons et doux” sont plutôt l’exception sur la terre. Quelques-uns sont plutôt “fâcheux”, manquant de droiture. Leurs ordres ou leurs directives ne semblent pas toujours adaptés à la meilleure exécution de la tâche. Le service accompli n’est pas estimé à sa juste valeur. Peu importe ; en tout cela le croyant s’en remet au Seigneur, qui lui montrera comment se soumettre sans réticence aux ordres reçus tout en accomplissant du bon travail. “Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes, sachant que du Seigneur vous recevrez la récompense” Colossiens 3. 23, 24.
Le chrétien fidèle, dans le cadre de son service, peut être amené à souffrir l’injustice de la part des hommes (verset 19). Doit-il s’en étonner ? Plus encore, doit-il contester et insister sur ses droits ? Il ne montrerait pas en cela son caractère d’étranger (verset 11), ni la douceur de Christ (verset 23) Philippiens 4. 5. Il se peut aussi que dans le cadre du travail les responsables agissent d’une manière plus ou moins droite, et demandent à leurs subordonnés des choses qui heurtent la conscience. Le croyant ne peut être heureux qu’en gardant une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes (verset 19 ; 3. 16) Actes 24. 16. De ce fait, il peut bien être affligé de ce qu’il voit autour de lui. Si, par obéissance à Dieu, il est obligé de refuser ce qui lui est demandé, il en supporte patiemment toutes les conséquences et s’en remet à celui qui juge justement (verset 23). Le grand sujet de cette épître est la souffrance du croyant sur la terre, à travers les tentations (1. 6), au milieu d’un monde qui agit sans conscience (2. 19), sans justice (3. 14), un monde sans Dieu et opposé à Christ (4. 13, 14, 16). Mais le bonheur du fidèle est de connaître la faveur de Dieu et d’attendre de lui sa louange (versets 19, 20). Par contre, endurer des souffrances si l’on s’est rendu coupable n’a rien de louable ; la sanction est méritée. L’apôtre demande aux croyants de ne pas s’attirer de telles souffrances (3. 17 ; 4. 15).
En accomplissant le bien à travers la souffrance, nous suivons le chemin de Jésus Christ. Lui, notre modèle, a été par excellence le bien au milieu du mal, le juste au milieu des injustes. “Il a passé de lieu en lieu, faisant du bien… car Dieu était avec lui” Actes 10. 38. Il a laissé des traces pour que nous les suivions, en posant nos pieds dans l’empreinte de ses pas. Cette fidélité dans notre marche sera la preuve de notre obéissance à sa parole et de notre communion avec lui1 Jean 2. 5, 6.
L’apôtre s’arrête un instant pour nous amener à contempler le parfait modèle. “Il n’a pas commis de péché, il n’a pas été trouvé de fraude dans sa bouche”. Bien des siècles à l’avance, le prophète ÉsaïeÉsaïe 53. 9 rend témoignage de Christ. Le seul qui n’ait pas commis de péché, c’est lui, “Jésus Christ le juste” 1 Jean 2. 1. Il n’y avait pas de péché en lui1 Jean 3. 5 ; cela s’est manifesté dans sa conduite comme aussi dans ses paroles : pas de fraude dans sa bouche ; ni ruse ni tromperie car tout était saint au-dedans de lui. Quel plaisir, quelles délices pour le cœur de Dieu son Père ! C’est pourquoi, comme l’avait prophétisé Ésaïe, Dieu n’a pas permis qu’il soit mis avec les malfaiteurs dans leur sépulture ; il a pris soin de lui par la main d’hommes riches, en attendant la gloire de sa résurrection.
Jésus était donc l’homme sans péché et sans fraude ; mais sa perfection faisait ressortir l’iniquité de la génération qui l’entourait. Ces hommes méchants et hypocrites jetaient du déshonneur sur lui en l’outrageantJean 8. 48, 49. Jésus endurait tout ; il avait enseigné : “Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre” Matthieu 5. 39. Il endurait d’une façon croissante la contradiction des pécheurs contre lui-mêmeHébreux 12. 3, l’opprobre et le mépris des hommes ; il en ressentait en lui-même une poignante et indicible souffrance, il était “l’homme de douleurs” Psaume 22. 7 ; Ésaïe 53. 3. Dans les psaumes qui parlent de lui à l’approche de la croix, nous entendons sa plainte intérieure : “Tous les jours mes ennemis m’outragent” Psaume 102. 9 ; “les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi” Psaume 69. 10. Mais devant ceux qui l’injuriaient et le provoquaient par des paroles blessantes ou des moqueries, il a gardé le silence. Devant les accusations mensongères, il s’est tu : “Il a été opprimé et affligé, et il n’a pas ouvert sa bouche… il a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent, et il n’a pas ouvert sa bouche” Ésaïe 53. 7. Il s’en est remis à son DieuPsaume 22. 12, 20-21, et a prié pour ses persécuteurs : “Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font” Luc 23. 34.
Tel est le modèle placé devant nous maintenant. Le chemin de Christ sur la terre se termine à la croix ; mais c’est là qu’il commence pour ceux qui désirent le suivre ; ils renoncent à eux-mêmesMatthieu 16. 24 et fixent les yeux sur le Seigneur qui seul peut les transformer à son image2 Corinthiens 3. 18. Comme un peintre, lorsqu’il veut reproduire un tableau, s’imprègne de la pensée de son auteur, de la forme, des coloris de son œuvre, de même en “fixant les yeux sur Jésus” nous pouvons saisir ce qu’a été la pensée de notre modèlePhilippiens 2. 5-8, celle de l’abaissement, de l’humilité, de l’obéissance à travers la souffrance.
Dans cette épître, lorsque l’apôtre demande aux croyants de se conduire à la gloire de Dieu, il rappelle aussi chaque fois les souffrances expiatoires que le Seigneur Jésus a endurées pour nous (1. 15-20 ; 2. 21-24 ; 3. 17-18 ; 4. 1, 2). Nous ne devons jamais perdre de vue le prix payé. “Il a lui-même porté nos péchés en son corps sur le bois” (verset 241). Son corps saint et sans trace de péché avait été formé par Dieu lui-même pour le jour du sacrificeHébreux 10. 5, 10, 20. Il fallait le corps d’un homme pour porter les péchés des hommes et souffrir la mort pour euxHébreux 2. 9, 14. Qui sondera la douleur de celui qui a souffert pour nous dans sa chair (verset 24 ; 4. 1) Ésaïe 53. 5 ; Hébreux 10. 20 ? Dans un muet langage, le pain rompu de la Cène le rappelle d’une façon émouvante.
Aussi la vie du racheté est-elle consacrée à son Sauveur dans la séparation du mal : mort aux péchés, vivant à la justice. L’apôtre rappelle : “Nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin” Ésaïe 53. 6. Mais le berger devait être frappé pour les brebis ; cela aussi avait été prophétiséZacharie 13. 7 ; Matthieu 26. 31. Depuis lors il rassemble son troupeau, le surveille et le conduit. Chacun de nous est-il maintenant une de ses brebis qui écoutent sa voix et le suivent ?