Pauvres ou riches, ce que nous recevons de Dieu (pas nécessairement de l’argent) doit nous servir pour donner à notre tour : « Je vous ai montré en toutes choses qu’en travaillant ainsi, il nous faut secourir les faibles et nous souvenir des paroles du Seigneur Jésus qui lui-même a dit : Il est plus heureux de donner que de recevoir » (Actes 20. 35). « Que celui qui volait ne vole plus, mais plutôt qu’il travaille en faisant de ses propres mains ce qui est bon, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin » (Éphésiens 4. 28).
À qui donnons-nous en réalité ? Celui qui donne au pauvre prête à Dieu (voir Proverbes 19. 17), et Dieu ne reste jamais redevable de ce qui est fait pour Lui (Marc 10. 30 ; Matthieu 6. 4). Nous recevrons toujours en retour quelque chose de bon qui dépassera de loin la mesure de ce que nous avons donné, « selon ses richesses en gloire dans le Christ Jésus » (Philippiens 4. 19). Pour autant, ne nous trompons jamais de motif : nous sommes appelés à donner par amour pour Lui, et non dans l’attente d’une récompense, ce qui reviendrait à marchander avec Dieu. Il lit dans nos cœurs.
Bien des questions pratiques se posent : combien donner ? de quelle manière et sous quelle forme ? à qui donner ?
La Loi de Moïse avait institué la dîme : chaque Israélite devait donner 10 % de ce que la terre avait produit. Il s’agissait d’un commandement de Dieu (même si des offrandes pouvaient aussi être faites volontairement). Dans le Nouveau Testament, il n’est plus question de la dîme pour les chrétiens ; le don est toujours présenté comme produit par la grâce, et non comme l’obéissance à une loi1. Libéré de l’obligation de la dîme puisqu’il n’est pas sous la Loi, le chrétien peut donner avec joie, librement et par amour pour Dieu, que ce soit pour soutenir la prédication de l’évangile ou pour aider les plus démunis.
1 Corinthiens 16. 2 donne des instructions pratiques à ce sujet : « Que, chaque premier jour de la semaine, chacun de vous mette de côté, chez lui, sur ce qu’il aura gagné ». Cela concerne tous les croyants de l’assemblée à Corinthe, quelle que soit leur situation financière. Les montants mis de côté seront différents de l’un à l’autre, mais la mesure est la même : selon ce que chacun a gagné.
Si nous sommes favorisés, pensons à ce que le Seigneur a dit à propos des riches qui jetaient leurs offrandes au trésor du temple (Luc 21. 4) : donnons-nous uniquement de notre superflu, ou sommes-nous prêts à renoncer à certaines choses pour pouvoir donner davantage ? Dieu ne regarde pas tant ce que l’on donne que ce que nous gardons pour nous : la veuve a tout donné ! Avons-nous conscience que tout ce que nous possédons lui appartient ?
Si nous sommes pauvres, notre situation n’est pas une raison pour ne rien donner : à la différence des riches, la veuve n’avait donné qu’une très petite somme, mais le Seigneur qui l’observe juge qu’elle a donné « plus que tous les autres » (Luc 21. 3). De même, il est dit des assemblées macédoniennes que, « dans les grandes détresses qui les ont éprouvées, l’abondance de leur joie et leur profonde pauvreté ont fait abonder la richesse de leur générosité » (2 Corinthiens 8. 2-3). Ce que la Parole de Dieu met en avant, ce n’est pas la quantité donnée, mais l’état de cœur de celui qui donne.
Des croyants peuvent être dans un grand dénuement, et éprouver de grandes difficultés pour subvenir à leurs propres besoins ; n’ont-ils alors rien à donner ? Rappelons-nous que tout ce que nous avons appartient à Dieu, ce qui veut dire qu’il n’y a pas que l’argent : nous pouvons donner notre temps, venir en aide en prêtant nos bras, partager un repas avec une personne seule, ou avec quelqu’un dont la situation est plus précaire encore que la nôtre… Dieu prépare à l’avance pour chacun de ses enfants des bonnes œuvres, « afin que nous marchions en elles » (Éphésiens 2. 10).
Ce n’est pas un point de détail : le Seigneur, assis en face de l’endroit où se faisaient les offrandes du temple, a observé « comment la foule jetait de la monnaie au trésor » (Marc 12. 41).
L’exemple de la veuve, souligné par le Seigneur, nous montre que nous devrions donner avec foi. Ayant tout donné, cette femme sans ressource devait s’attendre à Dieu.
La Parole de Dieu nous présente également des exemples à ne pas suivre. Les pharisiens faisaient « toutes leurs œuvres pour être vus des hommes » (Matthieu 23. 5). Ananias et Sapphira voulaient se faire bien voir des apôtres et des croyants en donnant publiquement une partie du prix de leur terrain. Le Seigneur nous rappelle : « Gardez-vous de faire votre aumône devant les hommes, pour être vus par eux… ne le claironne pas devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, pour être glorifiés par les hommes… que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit faite dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera » (Matthieu 6. 1-4). Ce que nous donnons est quelque chose qui doit rester entre Dieu et nous.
La bienfaisance se pratique avec discrétion, mais aussi avec joie ! Paul nous dit à ce sujet : « Que chacun fasse comme il l’a résolu dans son cœur, non pas à regret, ou par contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement » (2 Corinthiens 9. 7). Encore une fois, c’est l’état de notre cœur qui compte plus que le montant donné : soyons heureux de pouvoir montrer notre amour pour le Seigneur et pour nos frères et sœurs, en rendant pour son service une part de ce qu’il nous a lui-même donné, nous rappelant que tout nous vient de lui. « Tu donneras [à ton frère pauvre] libéralement, et ton cœur ne sera pas triste quand tu lui donneras » (Deutéronome 15. 10).
Il est important que chaque croyant demande à Dieu comment il peut donner pour répondre avec sagesse aux besoins qui se présentent devant lui. C’est donc un exercice individuel ou familial. Mais le Nouveau Testament nous présente aussi le fait de donner comme un acte collectif, effectué par l’assemblée. Ainsi, nous sommes enseignés à avoir des collectes chaque dimanche (1 Corinthiens 16. 1-2). Cette offrande matérielle est associée à l’offrande spirituelle (la louange), car Dieu prend plaisir à ces deux sortes de sacrifices (Hébreux 13. 15-16).
Les collectes peuvent alors être confiées à quelques frères qui, comme Étienne et Philippe, aient « un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse » (Actes 6. 1-6). Ils auront la charge de distribuer cet argent de la part de l’assemblée.
À ceux qui sont dans le besoin, et aux serviteurs de Dieu.
« Donne à qui te demande », nous dit le Seigneur en Matthieu 5. 42. Ce devrait être le geste spontané de celui qui connaît le Dieu de bonté et qui lui fait confiance. Mais la Parole nous enseigne également à donner avec discernement, pour « ce qui est bon et utile aux hommes », « pour les choses nécessaires » (Tite 3. 8, 14). La bienfaisance des croyants doit s’exercer envers tous ceux qui en ont besoin, mais plus particulièrement envers nos frères et sœurs chrétiens : « tandis que nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous, mais surtout à ceux de la maison de la foi » (Galates 6. 10).
Le soutien aux serviteurs va en priorité vers ceux qui, appelés par Dieu pour cela, ont renoncé à leur profession pour se consacrer davantage à son service. Ils annoncent l’évangile ou enseignent la Parole, et s’attendent au Seigneur pour « vivre de l’évangile » ainsi qu’il l’a ordonné (1 Corinthiens 9. 14). Nous avons vu que les serviteurs n’ont pas à réclamer de l’argent ; par contre, la responsabilité des croyants est d’avoir à cœur leur situation, et de leur faire part volontairement de leurs biens.
Que notre don soit destiné à faire du bien autour de nous, ou à soutenir tous ceux qui travaillent pour le Seigneur, il s’adresse en réalité au Seigneur lui-même : c’est un sacrifice, une offrande agréable à Dieu (Philippiens 4. 18).
Faire du bien à tous sans distinction, c’est agir de la même manière que Dieu qui use de bonté envers tous (Matthieu 5. 45). C’est en fait donner un témoignage de ce que Dieu est (Actes 14. 17).
À l’inverse, si nous sommes égoïstes, nous rendons un triste témoignage : « Mais celui qui a les biens de ce monde, qui voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jean 3. 17). Parfois la bienfaisance prépare le terrain pour annoncer l’évangile, et les deux choses ne devraient jamais être dissociées parce que le croyant désire avant tout partager les richesses célestes qu’il possède. Mais si les cœurs ne sont pas préparés, un don matériel peut quelquefois masquer la clarté du message de l’évangile et fausser les relations. Les donateurs ont besoin de sagesse (voir Jean 2. 23-25 et Matthieu 13. 58).
Le résultat des dons faits avec joie et libéralité est une chaîne de joie et de reconnaissance qui lie au Seigneur ceux qui donnent et ceux qui reçoivent : « La réalisation de ce service, non seulement comble les besoins des saints, mais encore multiplie les actions de grâce envers Dieu » (2 Corinthiens 9. 12). La prière des uns pour les autres manifeste alors la profonde affection qui unit les croyants entre eux (2 Corinthiens 9. 14). Enfin, cela nous amène tous ensemble à louer Dieu pour le don de son Fils : « Grâces à Dieu pour son don inexprimable » (2 Corinthiens 9. 15).
Notre Dieu est un Dieu qui aime donner : il « donne à tous libéralement » (Jacques 1. 5). Le Seigneur sur la terre est allé sans cesse « de lieu en lieu, faisant du bien » (Actes 10. 38). Imitons notre parfait modèle dans ce geste d’amour, afin que la vie de Christ soit visible en nous.