L’apôtre insiste encore une fois sur la sobriété et la vigilance (4. 7). Le croyant fidèle ne se laisse pas enivrer par les attraits du monde, mais il vit sobrement. Il veille aussi, parce qu’il est “du jour” et non de la nuit1 Thessaloniciens 5. 5-8. Le diable rôde dans la nuit, comme une bête sauvage cherchant sa proie. Les “fils du jour” veillent et prient pour être gardés (1. 5 ; 4. 7). Le Seigneur Jésus a connu le diable dans le désert comme le séducteur, mais aussi à l’heure de la mort comme le lion destructeur. En Gethsémané, il a dit à ses disciples en leur montrant l’exemple : “Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation” Matthieu 26. 41.
Au temps de l’apôtre, le diable cherchait à exterminer le peuple de Dieu ; c’est ce qu’il veut depuis le commencement. Dieu avait dit au serpent : “Je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence” Genèse 3. 15. Cette inimitié féroce ne cessera pas jusqu’à ce que le diable soit jeté dans le feu éternel. Les souffrances des chrétiens auxquels Pierre s’adresse étaient en grande partie suscitées par Satan. Mais ces croyants juifs ne devaient pas penser qu’ils étaient seuls à les endurer, ou même que leur lot était pire que celui des autres chrétiens, ce que nous pensons quelquefois pour nous-mêmes. Non, dit l’apôtre, les souffrances que vous traversez s’accomplissent aussi (c’est-à-dire se poursuivent jusqu’au bout du chemin) dans “l’ensemble de vos frères” qui sont dans le monde, dans cette grande armée des témoins de la foi. Les attaques de l’ennemi devaient être encore plus terribles quelques années plus tard, comme le Seigneur l’avait annoncé : “Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir. Voici le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison… Sois fidèle jusqu’à la mort” Apocalypse 2. 10.
Depuis lors, que de persécutions, que de martyrs jusqu’à nos jours ! Une prisonnière de la tour de Constance a gravé dans la pierre, en lettres indélébiles, un seul mot : « Résister ». Dans cette sombre tour, elle a résisté pendant trente-huit ans à ses persécuteurs qui voulaient lui faire abjurer sa foi. “Résistez-lui, étant fermes dans la foi”. Lorsqu’il était un disciple plein de confiance en lui-même, Simon Pierre avait succombé devant Satan qui avait demandé à cribler les disciplesLuc 22. 31-34. Mais grâce à l’intercession du Seigneur, sa foi un moment défaillante avait surmonté l’épreuve. Il était “revenu”, il peut maintenant fortifier ses frères.
La Parole nous commande de fuir les convoitises, l’idolâtrie, la fornication… Mais devant l’ennemi le croyant ne s’enfuit pas, il résiste parce qu’il est du côté du vainqueur. “Résistez au diable et il s’enfuira de vous”, dit l’apôtre JacquesJacques 4. 7. La foi tient ferme parce que Dieu est là. Le diable court toujours sur la terreJob 1. 7 ; 2. 2 ; il rôde, il connaît bien ce monde dont il est le chef. Mais le croyant pieux est entouré d’une haie de protectionJob 1. 10, et sa foi est victorieuse du monde1 Jean 5. 4, 5.
La souffrance du croyant est toujours mesurée par un Dieu de grâce, tant dans son intensité que dans sa durée1 Corinthiens 10. 13. Elle ne va jamais au-delà de ce qu’il peut supporter, et Dieu accorde toujours en son temps une issue à l’épreuve. “Un peu de temps”, dit l’apôtre, et la souffrance fera place à la gloire. “Encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas”, dit un autre apôtre à ces mêmes croyants hébreux qui avaient “enduré un grand combat de souffrances” Hébreux 10. 32, 37. L’apôtre Paul avait souffert plus qu’eux tous ; il estimait pourtant que la somme de ses afflictions n’était qu’une légère tribulation “d’un moment”, car sa foi le plaçait déjà dans l’éternité de gloire2 Corinthiens 4. 17, 18.
Ainsi Pierre peut encourager ceux qui connaissent le feu de l’épreuve. Nous pouvons aussi un jour ou l’autre en éprouver l’ardeur, car les liens qui nous attachent encore à la terre doivent être consumés. Mais dans le temps de l’affliction, nous connaissons mieux “le Dieu de toute grâce”, notre foi s’attache plus fermement aux “choses éternelles” et un peu moins à celles qui “sont pour un temps”. Dieu nous a appelés à sa gloire éternelle (verset 10) 1 Thessaloniciens 2. 12 ; Romains 8. 28-30. Son propos à l’égard des élus est de les introduire dans sa propre gloire, et il l’accomplira. “Il vous rendra lui-même accomplis”, c’est-à-dire vous présentera tous ensemble en bon ordre, bien unis dans la gloire1. L’inlassable travail divin aboutira à cette stabilité, cette force, cette fermeté que connaîtront tous les croyants lorsque sera clos le temps de la faiblesse et de la souffrance. A Dieu reviendra toute gloire en ce jour-là (verset 11) Apocalypse 5. 13.
“Je vous ai écrit brièvement”, dit l’apôtre ; mais les exhortations qu’il vient d’adresser à ces chers croyants de la dispersion, si brèves soient-elles, font ressortir d’un côté la profonde affection de l’apôtre, et de l’autre la grâce illimitée de Dieu (verset 12). Ces croyants éprouvés étaient dans la faveur de Dieu malgré les apparences. Mais ils ne pouvaient en jouir qu’en regardant le but final : le salut et la gloire éternelle. Dans le dur chemin qui nous conduit vers le même but, nous devons aussi entendre la voix du Seigneur : “Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité” 2 Corinthiens 12. 9, 10. Une telle certitude apporte la paix à tous ceux qui sont en Christ (verset 14).
L’apôtre termine en parlant avec affection de trois personnes qui l’entouraient :
Ils étaient avec lui en exil à Babylone, loin de Jérusalem, et embrassaient dans leurs salutations tous leurs frères dans la foi. Ceux-ci devaient à leur tour marquer leur affection entre eux par un baiser d’amour. Conservons, nous aussi, cette coutume aujourd’hui.