Pour caractériser leur comportement, Jude prend trois exemples de l’A.T., en suivant un ordre moral :
Caïn n’était pas irréligieux, mais il n’avait pas compris qu’on ne peut s’approcher de Dieu que sur la base d’un sacrifice. Contrairement à son frère Abel, il n’était pas un homme de foi, aussi fait-il son offrande selon ses propres idées et par ses propres moyens. En offrant des agneaux premiers-nés de son troupeau, Abel montre qu’il se soumet à la pensée de Dieu. Mais Caïn refuse l’idée du péché et de ses conséquences, en apportant le fruit d’un sol maudit, récolté par ses propres efforts. Ensuite, il n’écoute pas les instructions de Dieu, il se rebelle, et, rongé de jalousie et de haine contre son frère, il commet un meurtre1 Jean 3. 12. Il y ajoute aussi mensonge et impudence à l’égard de Dieu. Son comportement illustre la religion qui substitue les rites et les cérémonies à la simple foi. C’est le chemin de la nature humaine, orgueilleuse, prétentieuse, qui cherche à se rendre juste par ses efforts et ignore la grâce. Ce peut être une vie de belle apparence, bien organisée, sans Dieu : Caïn et ses descendants ont construit des villes, ont inventé les arts et les techniques, se sont bien installés sur la terre. Mais marcher sur les traces de Caïn aboutit à la mort.
Balaam était un devin réputé, un homme intelligent, très éloquent, d’une grande connaissance, qui avait une vision prophétique certaine, mais il était cupide et corrompu. Il mentait quand il disait recevoir ses révélations de l’Éternel, alors qu’en réalité ses pouvoirs étaient sataniques (comp. Nombres 22. 8, 19 : ses prétentions mensongères et Nombres 24. 1 : la réalité de sa divination). Malheureusement pour lui, il était celui “qui tombe… les yeux ouverts” Nombres 24. 16. Le roi Balak lui promet argent et honneurs pour maudire le peuple de DieuNéhémie 13. 2. Mais Dieu l’oblige à bénir. C’est pourquoi, l’apôtre Pierre l’appelle “prophète” 2 Pierre 2. 15, 16. Cet homme avait décidé de s’opposer à la volonté de Dieu par appât du gain. De la même manière, ceux qui font de la piété “une source de gain” ou ceux qui se détournent de la vérité pour “un gain honteux” 1 Timothée 6. 5 ; Tite 1. 11 sont dans la même erreur. C’est un mal ecclésiastique assez répandu. Or on ne peut servir Dieu et MammonMatthieu 6. 24. Le Seigneur dénonce, dans l’église de Pergame, la doctrine de BalaamApocalypse 2. 14 qui se faisait payer pour faire le mal et qui a poussé le peuple à l’idolâtrie et à l’immoralité. Cette doctrine prône aussi la liberté des mœurs, au mépris de la grâce de Dieu. Nous devons donc prendre garde aux faux prophètes, ceux qui se font payer et dont les enseignements ne sont pas dans le droit fil de la parole de Dieu. Et comprenons ce qu’est réellement la grâce de Dieu, dans une vraie séparation du mal et du monde.
Ce lévite, fils de Kéhath, avait un service très important dans le tabernacle. Mais cet office ne lui suffisait pas, il briguait la sacrificature. Avec deux compagnons, il se révolte contre Moïse, le conducteur, à qui Dieu avait donné l’autorité sur son peuple, et contre Aaron, le souverain sacrificateur ; en fait, sa rébellion est dirigée “contre l’Éternel” (verset 11). Il réussit à entraîner deux cent cinquante “princes” puis “toute l’assemblée” ! La gloire de Dieu se manifeste : la terre s’ouvre et engloutit les rebelles. Le jugement atteindra les apostats d’aujourd’hui, ceux qui se mettent à la place de Christ pour dominer sur les âmes. Mais il existe toujours un chemin de salut pour ceux qui écoutent la voix de Dieu (verset 26). Les fils de Coré ont été les objets de la grâce divine et ne sont pas mortsNombres 26. Caïn représente la fausse religion, celle de l’homme naturel, Balaam la corruption religieuse et Coré la rébellion ouverte contre Dieu sous le prétexte de le servir.
Le réquisitoire est solennel. S’ils ne font pas partie des enfants de Dieu, ils sont pourtant “avec vous”, “parmi vous” 2 Pierre 2. 1, peut-être installés aux places d’honneur dans l’assemblée et prêts à tout corrompre. Six images saisissantes soulignent le danger de les laisser faire :
Ces images nous font comprendre le danger que représentent ces faux apôtres et l’importance de les démasquer pour s’en éloigner.
Nous sommes étonnés de ne lire que dans la dernière épître les paroles d’un homme dont il est question dans la GenèseGenèse 5. 21-24. Certains pensent que ces versets font allusion à un livre apocryphe. Quoi qu’il en soit, la prophétie du septième descendant d’Adam s’adressait déjà aux impies des premiers temps, engloutis par le déluge. Des milliers d’années après, elle est toujours valable pour annoncer le jugement de Dieu contre les apostats de notre époque. Ses paroles, prononcées si longtemps à l’avance, soulignent la patience de Dieu. Mais elles sont aussi un avertissement solennel pour tous les moqueurs incrédules. Dans ce jugement :
Ce sera un jugement juste, définitif. Tous seront convaincus de péché et toute bouche sera fermée.
La condamnation, prononcée par Énoch, de ceux qui ont mal parlé contre le Seigneur (verset 15) est juste. Elle s’étend maintenant aux gens qui se plaignent de leur sort. Or, qui n’a jamais “murmuré” ? Pourtant, se plaindre, récriminer, est déjà une forme de révolte contre Dieu. Le peuple d’Israël dans le désert, coupable de ce péché, en a subi le châtiment. “La piété, avec le contentement, est un grand gain” 1 Timothée 6. 6. Le mécontentement est la conséquence de l’égocentrisme. Quand « le moi » est le pôle d’intérêt, on s’abandonne à ses convoitises et, avec beaucoup de beaux discours, on flatte les personnes dont on espère tirer profit. C’est vraiment le cas des méchants qu’Asaph enviait, avant de comprendre leur finPsaume 73. 8, 9, 19. La flatterie n’est pas bonne. Le Seigneur Jésus a souvent été flatté par ses ennemis qui lui tendaient des pièges. “L’Éternel retranchera toutes les lèvres flatteuses” 2.