“Jude, esclave de Jésus Christ” : Jude portait le nom du chef de file de la tribu royale (c’est la forme grecque de Juda). Pourtant il se présente simplement comme un esclave, quelqu’un dont la volonté personnelle ne s’exprime pas. Son maître, c’est Jésus Christ. Il est humble et effacé, jaloux de la gloire de son Seigneur et ne peut supporter qu’on y porte atteinte.
Il adresse sa lettre, non à un individu ou à une assemblée, mais à tout croyant au sein d’une chrétienté qui s’est corrompue et qui ne respecte pas l’autorité du Seigneur. Il cite trois caractéristiques des croyants :
À tous les croyants, Jude adresse une salutation en forme de prière, demandant trois choses :
Bien que ce soit un temps de ruine, Jude fait appel aux abondantes ressources divines. Car Dieu n’est jamais à court pour bénir.
Jude cherche le bien de ses frères, les bien-aimés enfants de Dieu. Il veut partager ce qui fait du bien. C’est pourquoi, il désire leur écrire au sujet de leur salut commun. Ce salut est la part de tous les enfants de Dieu. Il ne se limite pas seulement au salut initial de l’âme, acquis à la conversion, mais il s’étend jusqu’à la gloire. Il libère de la condamnation due au péché. C’est aussi un salut présent. Ce sont les délivrances de Dieu dont nous sommes les objets chaque jour. Et ce salut aura son plein accomplissement dans l’avenir, quand nos corps, ressuscités ou transmués, participeront à la gloire de Christ. Mais, comme il se présente un danger imminent, c’est le moment d’encourager, d’avertir. Jude modifie ses intentions initiales et leur envoie ce cri d’alarme, qui est une sérieuse mise en garde.
Ce changement est la preuve de l’action de l’Esprit de Dieu qui dirige un serviteur, pour répondre aux besoins spécifiques et immédiats des saints. Il constitue aussi une illustration de l’inspiration des Écritures. Ce changement était, pour l’auteur, une nécessité, par amour pour ses frères, dans la dépendance du Seigneur dont il était “l’esclave”, et parce qu’il s’agissait d’un combat. Ce combat n’est pas le fait de quelques « spécialistes », mais doit être le souci de tout croyant (tous ceux qui sont appelés par Dieu le Père). Chacun est un soldat qui doit chercher à plaire à celui qui l’a enrôlé2 Timothée 2. 4. Car, face au mal, la neutralité est impossible. Mais il ne faut pas se tromper de combat. C’est le combat “pour la foi”.
Le mot “foi” recouvre deux sens :
Cette foi chrétienne a été enseignée aux saints “une fois” pour toutes, comme l’œuvre du Seigneur a été faite une fois pour toutes. Elle a été enseignée pour établir la vérité. Les saints ne sont pas une élite. Est appelé saint tout vrai croyant, enfant de Dieu, qui est mis à part de ce monde pour Dieu. Ce fut le travail des apôtres d’enseigner cette doctrine, soigneusement, fidèlement, avec douceur, et particulièrement celui de Paul2 Corinthiens 2. 17 ; 4. 2. Dieu veuille que cet enseignement se perpétue2 Timothée 2. 2, un enseignement non modifié, non mis au goût du jour, mais adapté aux besoins de chacun. “Ce qui était dès le commencement” n’est pas une tradition, mais la révélation définitive de Dieu, selon l’avertissement solennel qui clôt l’Apocalypse de ne rien ajouter ni retrancher aux paroles de DieuApocalypse 22. 18, 19, avertissement déjà donné dans l’A.T. Deutéronome 4. 2 ; 12. 3 ; Jérémie 26. 2.
Si Jude exhorte ses frères à combattre, c’est pour les garder de deux dangers : soit oublier que la vie chrétienne est un combat et manquer de vigilance, soit fuir le combat et manquer d’énergie.
Des clandestins impies se sont glissés parmi les chrétiens. Pour qu’on puisse les démasquer, leur caractère est mis en évidence. Le Seigneur, ainsi que les apôtres après lui, a donné plusieurs mises en garde : ce sont de faux prophètes, des loups déguisés en brebisMatthieu 7. 15 ; ces “loups redoutables” qui se lèveront d’entre vous disperseront le troupeau, annonce Paul aux anciens d’ÉphèseActes 20. 29, 30 ; “faux apôtres… ouvriers trompeurs”, comme leur maître2 Corinthiens 11. 13. Pierre les appelle de “faux docteurs qui introduisent furtivement des sectes de perdition” 2 Pierre 2. 1. Jean les dénonce aussi : “Éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde” 1 Jean 4. 1. La condamnation de ces hommes malfaisants est inscrite à l’avance depuis longtemps. Sont-ils prédestinés au jugement ? Personne n’est destiné à la perdition. Mais ceux qui, tout en se disant chrétiens, ont pris volontairement une fausse route et cherchent à entraîner d’autres dans leur erreur seront condamnés comme les Écritures l’annoncent. Ce sont des impies : non des athées déclarés, mais des individus qui agissent comme si Dieu n’existait pas. Ils ne sont pas des enfants de Dieu. “Ils changent la grâce de notre Dieu en dissolution” : Dieu n’est pas leur Dieu. Cette expression très forte signifie que ces hommes s’abritent derrière l’amour de Dieu pour justifier leur vie immorale, ils tordent le message de grâce qu’ils ont reçu, pour pouvoir se conduire à leur guise. C’est dire : « Plus je pèche, plus Dieu me fait grâce. Plus il me fait grâce, plus il est glorifié ! » Les judaïsants légalistes accusaient Paul d’agir ainsiRomains 3. 8. Aujourd’hui, dans un monde où s’écroulent toutes les valeurs morales, ne risque-t-on pas, soit de perdre le sens de la vraie grâce de Dieu en réagissant d’une manière légaliste, soit d’oublier la sainteté de Dieu en se laissant imprégner par l’atmosphère du monde ou en subissant l’influence de faux docteurs qui prêchent une liberté illusoire2 Pierre 2. 19. Si on se laisse aller à la satisfaction du cœur naturel, on tombe dans la corruption.
Ces hommes “renient notre seul maître et Seigneur, Jésus Christ”. Comme Jésus n’est pas leur Seigneur, ils refusent de reconnaître son autorité et de s’y soumettre. Peut-être ont-ils souvent son nom à la bouche, mais “ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux” Matthieu 7. 21. S’il est mon maître, il a tous les droits sur moi, s’il est mon Seigneur, je reconnais sa dignité et je lui dois l’honneur. Ces hommes sont des apostats, “ceux qui se détournent” Psaume 101. 3 ou qui abandonnent le vrai Dieu1. Leurs caractéristiques sont mentionnées dans cette épître. Le mal qui a commencé à s’infiltrer dans l’Église à son début n’a fait qu’empirer depuis et se développera encore.