Le livre d’Abdias est le plus court de l’A.T. Plusieurs aspects soulignent son inspiration divine.
Deux leçons évidentes se dégagent :
Aucun élément ne permet d’assimiler ce prophète à l’un quelconque des Abdias mentionnés dans l’Écriture. Son nom signifie “serviteur (ou adorateur) de l’Éternel”. Le fait que l’auteur soit inconnu étend encore la portée de la condamnation des ennemis d’Israël.
Ce peuple est constitué des descendants d’Ésaü, appelé Édom en Genèse 25. 30. Le nom d’Édom est associé au moment où Ésaü révèle son irrespect pour les choses saintes.
En effet, il méprise la bénédiction divineGenèse 25. 29-34. D’après Genèse 271, il ne semble pas se repentir, mais simplement regretter de ne pas être abondamment béni. Par la bouche de son père Isaac, Dieu lui offre cependant la possibilité d’une relation avec LuiGenèse 27. 39. Il lui promet qu’il s’affranchira un jour du joug de son frère Jacob, qui l’a pourtant trompé. Ésaü ne s’en contente pas, il laisse la haine l’envahir, et décide de tuer son frèreGenèse 27. 41. Désormais le nom d’Édom – qui rappelle son indifférence envers Dieu – va le caractériser, ainsi que sa postéritéGenèse 36. 8, 19, 43.
L’absence de pardon entre les deux frères les amène à s’éviterGenèse 32, 33. Les Amalékites, descendants probables d’ÉsaüGenèse 36. 12, attaqueront les Israélites par ruseDeutéronome 25. 17, 18. Plus tard, Dieu ordonne à Israël de respecter le territoire de Séhir qu’il a accordé à ÉdomNombres 20. 14-21 ; 24. 3 ; Deutéronome 2. 4-7, 22. La loi de Moïse réservait à Édom un traitement de faveurDeutéronome 23. 7, 8. Asservi par David2 Samuel 8. 13-14 ; Psaume 60, Édom se révolte sous Salomon1 Rois 11. 14-22, puis surtout sous Joram2 Rois 8. 20-22 ; 2 Chroniques 21. 8-11. Il use de cruauté lors du siège de Jérusalem par NebucadnetsarPsaume 137. 7 ; Lamentations de Jérémie 4. 21 ; Ézéchiel 25. 12 ; 35. 5. Plusieurs oracles prononcent sur lui un jugement final (voir ci-dessus), et à la fin du 5e siècle av. J.-C., Malachie constate que le pays est ruiné, et que toute velléité de reconstruire sera vaineMalachie 1. 2-5. Édom est alors probablement envahi par diverses tribus. Des témoignages historiques montrent que le territoire d’Édom était occupé par les Nabatéens (vestiges de la ville de Pétra2 vers la fin du 4e siècle av. J. -C).
L’événement auquel Abdias fait allusion correspond à un moment où Édom a profité d’une défaite juive devant quelque adversaire pour se faire un butin et emmener des prisonniers à bon compte. Il peut s’agir de la prise de Jérusalem par les Philistins sous Joram, à une époque où les Édomites s’étaient affranchis du joug juif2 Chroniques 21. 8-11, 16, 17. Il a en effet existé une connivence entre les Philistins et Édom pour du trafic d’esclavesAmos 1. 6, et Abdias 19 mentionne les Philistins.
Il peut aussi s’agir de la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar, car d’autres textes mentionnent le comportement ignoble d’Édom à ce moment dramatique (voir plus haut).
Le comportement d’Édom a attiré sur lui un jugement inexorableÉsaïe 34. 5-17 ; Jérémie 49. 7-22 ; Ézéchiel 35. 1-15. On peut considérer que ce jugement s’est réalisé, puisque la peuplade d’Édom a disparu, comme prédit par Abdias 183.
D’un autre côté, le prophète mentionne un jour de l’Éternel, qui verra la réalisation du jugement global d’Édom. Or il associe ce jour avec le triomphe d’Israël et avec le royaume futur de Christ. De ce point de vue, on peut considérer que le jugement final d’Édom est encore à venir. Dans ce cas, il faut admettre que la nation d’Édom ressurgira, tout comme les dix tribus d’Israël4. Le message d’Abdias aurait donc, comme souvent les textes prophétiques, à la fois une réalisation immédiate et un accomplissement pour les temps futurs.
Par ailleurs le jour de l’Éternel est “contre toutes les nations”, et le jugement d’Édom semble en être le symbole. Il en va de même dans plusieurs textesÉsaïe 34. 1-8 ; 63. 1-6 où l’écrivain passe sans transition de la mention d’Édom à celle d’un jugement universel. Dans ce cas, on peut aussi se demander si le passé d’Édom ne sert pas simplement d’illustration pour ce qui attend les ennemis de Dieu, sans nécessairement supposer une résurrection historique d’Édom (pourtant probable). Édom symboliserait prophétiquement le sort réservé à la violence humaine (il était habité par une haine meurtrière, comme Caïn), tandis que la Babylone prophétique représenterait le destin de la puissance corruptrice des peuples. Son jugement est identique à celui d’ÉdomÉsaïe 13. 17-22 ; 34. 9-17.
Quelles que soient ces interprétations, il semble que la mention du jour de l’Éternel (verset 15) introduise un nouvel horizon dans la prophétie d’Abdias, ce qui permet d’adopter le plan suivant :