Dans sa vision, le prophète a contemplé “les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles” (2. 1). Ce messager s’est levé, il est déjà en route pour délivrer son peuple. Nahum voit maintenant surgir à son tour l’ennemi qui conquerra Ninive (verset 2). L’Éternel se tourne vers l’Assyrien qui, dans son orgueil, ne réalise pas que le jugement va fondre sur lui. Dieu l’interpelle et l’invite ironiquement à prendre des mesures de protection ! Le compte à rebours a commencé et rien ne pourra plus enrayer le processus qui va conduire à la ruine subite de Ninive.
Le verset 3 nous projette dans les temps de la fin quand Israël aura retrouvé sa gloire. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui car des ennemis continuent d’abîmer les sarments de la vigne de l’Éternel replantée en Israël.
La description prophétique de la prise de la ville est tellement animée (versets 4-7) qu’on croit y assister personnellement. L’invasion est si subite et rapide que les habitants de Ninive ne peuvent réagir. Le roi de Ninive pense rassembler ses hommes (verset 6). Dans la confusion générale, ils trébuchent comme ivres en se hâtant vers l’abri1 préparé pour la défense des assiégés. “La course n’est point aux agiles, ni la bataille aux hommes forts” Ecclésiaste 9. 11. L’acier fait étinceler les chars2 qui déferlent à travers la ville (versets 4, 5). Les portes du fleuve sont ouvertes (verset 7). Les eaux qui défendaient la ville et constituaient une barrière inattaquable sont maintenant autant de portes d’entrée aux attaquants. La ruine est consommée. La sentence est irrévocable : “C’est arrêté” (verset 8). Semblable à une reine dépouillée de ses vêtements, la ville sera emmenée nue accompagnée des gémissements de ses servantes (verset 8).
L’histoire profane nous apprend que Ninive succomba à une attaque combinée des Mèdes, des Babyloniens et des Scythes qui voulurent se venger, après la mort d’Assourbanipal (626 av. J.-C.), des ravages causés par les Assyriens. En 616 av. J.-C., ces peuples apparaissent aux portes de Ninive. Le siège dure 3 ans. La ville est prise, entièrement pillée et rasée en 612 av. J.-C. Sans le savoir, ces peuples sont dans la main de l’Éternel car il les a suscités comme instruments de jugement. L’Éternel les appelle “ses hommes forts” (verset 4) Ésaïe 13. 3. Leurs boucliers sont teints en rouge et les soldats vêtus d’écarlateÉzéchiel 23. 12-14, la couleur favorite des Mèdes, peut-être pour ne pas donner confiance à l’ennemi à la vue du sang perdu par les blessures. Il est à remarquer que l’Assyrien des temps de la fin sera lui aussi vaincu par celui dont les vêtements seront teints dans le sangApocalypse 19. 13.
Ninive était comme un réservoir d’eau3 alimenté par de nombreux affluents car elle accumulait d’immenses richesses provenant de ses pillages. Le réservoir est maintenant rompu. La populace cosmopolite de Ninive se précipite dans toutes les directions pour fuir (verset 9). A son tour la ville va être pillée de toutes ses splendeurs (verset 10). Elle qui faisait trembler tous les peuples connaît maintenant les tourments qu’elle infligeait aux nations. L’Assyrie qui embellissait sa capitale de toutes ses rapines est maintenant “vidée, et dépouillée, et dévastée” (verset 11). Ces trois mots hébreux (buqah, mebhuqah, mebhullaqah) renforcent l’idée de destruction totale. Ils reproduisent le son d’une bouteille qui se vide. Ce spectacle saisit de stupeur ceux qui le contemplent. La destruction fut telle que deux siècles plus tard des armées marchèrent sur l’emplacement de la ville de Ninive sans s’apercevoir qu’elles passaient sur ses ruines. Toute puissance humaine est bien éphémère quand elle se mesure au Dieu tout-puissant.
Des années auparavant, un émissaire de Sankhérib, roi d’Assyrie, criait aux habitants de Jérusalem assiégée : “Où sont les dieux de Hamath et d’Arpad… Ont-ils délivré Samarie de ma main ? Quels sont d’entre tous les dieux de ces pays ceux qui ont délivré leur pays de ma main” Ésaïe 36. 19, 20 ? Sur l’ordre du roi Ézéchias, un silence total avait accueilli ces paroles. Le temps de la réplique est arrivé. La réponse à l’insulte n’appartient qu’à l’Éternel, le vengeur de son peuple. Maintenant que la ville est anéantie et la puissance assyrienne réduite à rien, L’Éternel pose une question qui contient tous les éléments de la réponse : “Où est le repaire des lions ?” (verset 12).
La force brutale, la rapacité et la rapidité du lion caractérisaient les Assyriens. La comparaison est d’autant plus frappante que les sculptures assyriennes représentaient fréquemment des lions sous toutes sortes de formes, avec des ailes et parfois même une tête humaine. Les souverains assyriens aimaient la chasse aux lions. Le roi (le lion), la reine et les concubines (les lionnes) et les princes (les lionceaux) sont entièrement anéantis, la dynastie est éteinte (verset 12 ; comp. 1. 14). L’histoire nous apprend que le dernier des rejetons des rois d’Assyrie périt dans le sac de Ninive.
L’Éternel des armées des cieux a réduit en fumée l’arsenal militaire sur lequel s’appuyaient les armées assyriennes (verset 14). Il a fait taire la voix des messagers des souverains assyriens qui faisait trembler les royaumes de la terre2 Rois 19. 21-23 ; Ésaïe 36, 37. “O ennemi ! Les dévastations sont venues à leur fin pour toujours ! Tu as aussi rasé des villes, leur mémoire a péri avec elles !” Psaume 9. 7. Seule la voix du messager de bonnes nouvelles peut se faire entendre (2. 1).