Le Seigneur est proche
Notre Seigneur est mort comme une victime volontaire. Certes, l’homme voulait sa mort, et il en a été l’instrument, mais si Jésus est devenu Homme, c’était pour mourir comme un homme, lui qui au commencement avait fondé les cieux et la terre par sa parole, lui qui aurait pu tout aussi bien balayer le monde d’un geste et le détruire.
Ce passage de l’Évangile de Matthieu raconte ainsi sa mort : “Jésus… rendit l’esprit. Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla, les rochers se fendirent” (27. 50, 51). La nature a ainsi rendu témoignage à la puissance créatrice de Jésus. La mort du Créateur est signalée par les ténèbres qui envahissent cette terrible scène (v. 45). Le voile qui interdisait l’accès à la présence de Dieu est déchiré à ce moment-là : le système juif, qui permettait un accès incomplet à Dieu, devient caduc, les ombres disparaissent – le plan divin pour approcher l’homme de Dieu vient de s’accomplir. Ce voile était jusque-là le symbole de l’incapacité de l’homme à s’approcher de Dieu. Sous la Loi, il ne le pouvait pas. Dieu demeurait alors inaccessible, derrière le voile, dans les épaisses ténèbres. Mais
Jésus a “les clefs de la mort et de l’hadès” (Apocalypse 1. 18). Des tombeaux se sont ouverts quand il est mort (Matthieu 27. 52), car il est la vie qui vivifie même les morts (voir 1 Corinthiens 15. 45). Il était lui-même les “prémices” de la résurrection (v. 20 ; Matthieu 27. 53).
Puissance effrayante ? Non, elle ne l’est pas pour nous qui croyons et qui pouvons dire, comme le centurion qui l’a regardé mourir : “Véritablement celui-ci était Fils de Dieu” (Matthieu 27. 54).