On avait l’habitude autrefois, comme cela se fait encore dans certains pays, de “cribler” le blé ou d’autres céréales, c’est-à-dire de les battre sur l’aire, puis de les passer au tamis, afin de séparer les grains de la balle et des graviers. Les disciples, qui savaient ce que voulait dire “cribler le blé”, ont compris immédiatement ce langage imagé du Seigneur. Il les avertissait avec force contre les assauts du diable, connaissant bien son intention, ce méchant désir d’étaler à la vue de tous le mal qui se trouve dans l’homme.

L’évangéliste Luc nous dit que le Seigneur lui-même crible aussi le blé ou le froment (voir 3. 17), mais c’est alors avec une intention opposée. Il nous crible afin que le mal, ou les méchants, soient éliminés et que le bien, ce qui peut être utile, ou ses rachetés, soient préservés. Satan, au contraire, crible pour que le bien soit détruit et que le mal soit mis en évidence. Et malheureusement, “l’accusateur de nos frères” (voir Apocalypse 12. 10) trouve trop souvent dans notre vie des choses inutiles, sans valeur, et même des péchés. Il avait la même intention à l’égard du Seigneur, mais il n’a pu trouver aucun péché en lui, comme le Seigneur lui-même peut le dire : “Il n’a rien en moi” (Jean 14. 30).

À cause de notre nature marquée par le péché – la “chair de péché” (Romains 8. 3) qui est toujours en nous –, sommes-nous donc livrés sans ressources aux objectifs du diable ? – Certainement pas ! Nous ne devons pas perdre courage, car le Seigneur connaît les plans du diable et il a prié pour nous, afin que notre foi ne défaille pas. Il intercède devant Dieu en notre faveur, pour nous garder et pour nous rétablir. Il peut même se servir de ce crible du diable pour nous faire du bien à la fin, en nous amenant à reconnaître et à confesser le mal mis en évidence par le diable pour que nous en soyons purifiés.

Toutefois, il y a un second côté que nous devons absolument rechercher : “Priez que vous n’entriez pas en tentation” (Luc 22. 40). Le monde est plein de tentations, et chacun de nous a ses points faibles. C’est pourquoi il faut que nous soyons sur nos gardes, pour ne donner à Satan aucune occasion de nous attaquer ; nous ne devrions jamais nous exposer nous-mêmes à une tentation, mais plutôt demander au Seigneur de nous en garder – de nous aider à les discerner et à nous en éloigner.