Orpa n’avait pas longtemps hésité. D’un côté : le veuvage, la misère en compagnie d’une femme triste et âgée, un peuple et un Dieu inconnus. De l’autre : sa propre nation, l’affection des siens, la perspective de fonder un nouveau foyer, ses idoles familières. Ses larmes vite séchées nous rappellent ce jeune homme qui, parce qu’il préférait ses richesses, s’en alla tout triste au lieu de suivre le Seigneur. « Je te suivrai où que tu ailles », dit un autre homme à Jésus. Mais celui-ci le prévient : « Le Fils de l’homme n’a pas de lieu où reposer sa tête » (Matthieu 19. 22 ; Matthieu 8. 19, 20).
Chez Ruth tout a été bien pesé, elle a calculé la dépense. Sa décision est irrévocable, c’est le choix de la foi. Elle s’est attachée à Naomi, mais aussi à son peuple, à son Dieu. Sans regarder en arrière, sans se laisser non plus arrêter par des craintes au sujet de l’avenir, elle se met en route avec sa belle-mère et arrive à Bethléhem. Ce nom signifie « maison du pain », l’abri par excellence contre la famine spirituelle. Là, avec le consentement de Naomi, elle va chercher sa subsistance. Et Dieu la conduit « fortuitement » (mais d’une main sûre) dans les champs de Boaz, l’homme qu’Il a préparé pour lui donner consolation et repos.