La Bonne Semence
Dans le train omnibus d’une région de campagne, deux hommes s’entretiennent sur l’au-delà. L’un affirme avec assurance qu’avec la mort, tout est fini. L’autre, plus indécis, avance prudemment quelques objections.
Un paysan âgé, assis dans le même compartiment, suit la discussion avec intérêt. Sur son visage ridé et calme, on lit le poids d’un lourd vécu mais aussi le reflet d’une certaine paix intérieure.
Le premier voyageur continue, avec une volonté évidente de provocation : “Imaginez que celui qui est attaché aux vieilles croyances chrétiennes – parce qu’il est trop faible pour s’en libérer – se retrouve, le jour de sa mort, devant une porte, mais que celle-ci reste fermée, définitivement fermée. Quelle déception !” Un éclat de rire moqueur retentit.
À cet instant, le vieux paysan ne peut plus se retenir. “Quand j’entends de telles choses, murmure-t-il d’une voix basse, je suis frappé par tant de légèreté ! Est-ce que vous plaisantez vraiment ? Imaginez, un seul instant, que ce soit l’inverse qui se produise. Celui qui a nié l’existence de l’au-delà meurt, et devant lui, pourtant, s’ouvre la porte de l’éternité, la porte de l’éternité loin de Dieu. Imaginez son étonnement ! Il sera trop tard pour lui ! Aura-t-il encore le cœur à plaisanter ?”
Le silence s’installe tout à coup dans le compartiment. Tous les rires cessent.