Le Seigneur est proche
Dans l’Évangile de Matthieu, Christ est vu spécialement comme la victime. Tout au long de sa vie, nous voyons de manière remarquable son entière soumission ; mais en même temps, ce qui est très frappant, c’est l’intensité de la souffrance qu’il connaît dans son chemin. En pensant aux souffrances de la croix, il dit : “Mon Père, si c’est possible, que cette coupe passe loin de moi” (26. 39).
Dans l’Évangile de Luc, nous lisons que “sa sueur devint comme des grumeaux de sang” (22. 44) : c’est comme homme que le Seigneur est placé devant nous. Cela montre l’intensité de sa terreur face à la colère de Dieu. Jésus savait ce que c’était que d’être saint (et sa mesure en était divine et parfaite), il sentait donc ce que c’était que d’être “fait péché” devant Dieu (2 Corinthiens 5. 21). Mais il avait aussi une connaissance parfaite de l’amour de Dieu (une mesure également divine et parfaite), et il ressentait donc profondément ce que c’était que d’être abandonné de Dieu. Ainsi, sa souffrance était en ce sens absolue, infinie, parce qu’il la considérait avec son Père. Quand il dit : “Si c’est possible, que cette coupe passe loin de moi”, cela montre que son âme scrutait jusqu’au fond cette souffrance, au point que sa sueur devint semblable à “des grumeaux de sang”.
Et pourtant, quand il revient vers ses disciples, on ne voit pas la moindre trace de ce qu’il vient de traverser. Il pénètre leurs pensées et leur parle avec autant de grâce que s’il n’y avait pas, pour lui, cette coupe à boire ; ses reproches sont pleins de mesure et de tendresse : “Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ?”. Cette belle attitude, que nous pouvons voir tout au long de sa vie, montre une sensibilité parfaite à l’égard de ceux qui l’entouraient. Dès l’instant où il se tourne vers ses disciples, son seul souci est de manifester la plus grande tendresse et la plus grande bonté.
Nous voyons constamment de tels sentiments chez le Seigneur. Même devant Ponce Pilate, il ne dit rien : il est “comme une brebis muette devant ceux qui la tondent” (Ésaïe 53. 7).