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Formés à l'école de Dieu
J.B. Stoney

Pour bien comprendre l’histoire de Gédéon et apprécier le service qui lui a été confié, il nous faut voir d’abord dans quelle condition se trouve le peuple de Dieu au moment où Gédéon est appelé au rôle de témoin et de serviteur au milieu de ce peuple.

Israël a été sous le joug de Madian pendant sept ans, période complète d’années où ses ennemis ont dominé sur lui, parce qu’il s’est rebellé contre le gouvernement de Dieu ; ainsi, dans le pays de la bénédiction et des privilèges, le peuple a pu voir la différence entre la domination de Dieu et celle des hommes. Nous sommes toujours gouvernés par quelqu’un ou par quelque chose ; si ce n’est pas par Dieu, c’est par le diable ; et Dieu nous laisse quelquefois sentir l’emprise de la puissance de l’ennemi pour que nous apprenions combien l’autorité de Dieu est meilleure que celle que nous connaissions autrefois et sous l’esclavage de laquelle nous serions tentés de retourner. C’est là une discipline par laquelle tous les enfants de Dieu peuvent être amenés à passer.

Gédéon a souffert avec le peuple, il connaît les profondeurs de la misère à laquelle le peuple est réduit, il sait d’où il faut le sortir.

C’est de cette manière que Gédéon est préparé ; pas encore par une connaissance de sa propre nature mauvaise, mais par une identification pratique aux circonstances dans lesquelles le peuple d’Israël était plongé par sa propre faute. Il souffrait avec ses frères, et s’était sans doute joint à eux quand « ils crièrent à l’Éternel, à cause de Madian ». Mais avant que Gédéon soit introduit sur la scène comme libérateur, l’Éternel répond à ce cri en exposant au peuple, par la bouche d’un prophète, comment ils l’avaient abandonné (Juges 6. 8-10). La première chose que le Seigneur fait à l’âme, c’est de lui montrer qu’elle L’a abandonné et qu’elle a fait faillite. La parole de Dieu atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, et discerne les pensées et les intentions du cœur. Elle révèle à chacun sa condition ; c’est le rôle que jouaient les prophètes autrefois. C’est par eux que les secrets des cœurs étaient dévoilés. Ainsi quand le Seigneur révèle à la Samaritaine sa condition morale, elle le reconnaît immédiatement comme un prophète.

Nous trouvons donc le peuple préparé à recevoir la délivrance, par le réveil des consciences ; cela fait, l’Ange de l’Éternel entre aussitôt en communication avec celui qui est désigné pour être le libérateur. « Gédéon battait du froment dans le pressoir, pour le mettre en sûreté de devant Madian ». Cela caractérise bien cet homme ; l’épée a pénétré son âme, mais sa force ne l’a pas abandonné malgré l’adversité, et la vraie force est celle qui est prête au moment où elle est nécessaire. L’énergie de Gédéon est à la hauteur de la circonstance ; il est occupé à préparer la nourriture des siens, alors que Madian affame le peuple, qui est sur le point de périr. Pendant que le serviteur montre sa fidélité dans une très petite chose, l’Ange de l’Éternel, après l’avoir observé en silence, se révèle et lui adresse la parole : « L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme ». Il semble que ce soit là une étrange manière de s’adresser à un pauvre batteur de blé ! Mais le Seigneur n’a pas la même façon d’estimer que l’homme ; Il connaît l’instrument qu’Il peut employer, et sait ce qu’il pourra lui faire faire, comme l’apôtre le dit : « Il m’a estimé fidèle, m’ayant établi dans le service » (1 Timothée 1. 12). Il désigne Gédéon comme un fort et vaillant homme, parce qu’Il apprécie les efforts qu’il fait pour maintenir ce qui subsiste des bénédictions ; c’est à ce moment qu’Il l’appelle à une mission plus élevée et à un plus grand service.

Gédéon a évidemment médité sur les voies de l’Éternel, car il répond : « Ah ! mon seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi donc toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? Et où sont toutes ces merveilles que nos pères nous ont racontées, en disant : L’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Et maintenant l’Éternel nous a abandonnés, et nous a livrés en la main de Madian ». Nous voyons par cette réponse que non seulement il sait ce que Dieu a fait pour Israël auparavant, mais aussi qu’il comprend la position dans laquelle le peuple se trouve sous le jugement. Alors l’ange le regarde et lui fait connaître sa mission : « Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t’ai-je pas envoyé ? » Il faut que le serviteur de Dieu sache et croie que Dieu seul est puissant pour élever ou pour abaisser. « Deux fois j’ai entendu ceci, que la force est à Dieu » (Psaume 62).

Gédéon sait cela ; mais il y a une grande différence entre le fait de reconnaître que toute puissance appartient à Dieu, et le fait de voir qu’elle agit pour nous ; et, si nous mesurons qu’en lui seul est la force, nous sentons d’autant plus notre impuissance, ce qui produirait le découragement si nous ne pouvions nous reposer sur l’action de Dieu pour nous. Gédéon ne voit pas comment peut s’établir entre Dieu et l’homme un lien qui puisse faire de l’homme l’administrateur de la puissance et de la volonté de Dieu, et il plaide sa propre insuffisance et son peu d’importance. Mais l’Éternel, pour établir ce lien dans son âme, fait une promesse : « Moi, je serai avec toi ; et tu frapperas Madian comme un seul homme ».

Gédéon ne s’approprie pas cette promesse, quelque grande qu’elle soit ; il ne peut pas saisir tout ce qu’elle a de merveilleux, combien elle est à propos ; il faut qu’il sente dans sa propre âme le lien entre lui-même et Dieu, et qu’il soit accepté ; alors il s’écrie : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, donne-moi un signe que c’est toi qui parles avec moi ». Puis il apporte son présent, et le dispose suivant les indications de l’ange, comme nous le voyons dans les versets 18-22. L’Éternel accepte l’offrande, la consume miraculeusement, et disparaît à la vue de Gédéon, lui donnant une preuve irréfutable non seulement de Sa propre présence et de Sa puissance, mais aussi de l’acceptation de Gédéon comme Son serviteur. Il a demandé un signe qui l’assure du secours promis par Dieu, pour qu’il puisse dépendre de Lui dans le grand service qui lui est confié. Le fait que l’Éternel se manifeste Lui-même convainc Gédéon de Sa proximité, et c’est presque trop pour lui, il pense que cela signifie la mort pour lui, et il s’écrie : « Ah ! Seigneur Éternel, si c’est pour cela que j’ai vu l’ange de l’Éternel face à face ! » La parole de l’Éternel vient maintenant calmer son âme : « Paix te soit ; ne crains pas, tu ne mourras pas ». Gédéon alors bâtit un autel qui montre la relation qui le lie maintenant à Dieu, et qui lui donne de l’assurance pour commencer son service. L’autel, le lieu d’accès, est Jéhovah-Shalom (l’Éternel de paix).

Voici Gédéon préparé pour l’œuvre à laquelle il est appelé.

Beaucoup de gens cherchent à servir le Seigneur dans l’espoir d’acquérir par ce moyen le repos et la paix. Ils poursuivent alors leur service et l’estiment dans la mesure où il leur apporte le soulagement désiré. Il est vrai que tout serviteur fidèle doit savoir qu’il est en relation avec Dieu. Mais quand ses sentiments deviennent l’objet du service, ce dernier est détourné de son vrai but, et sa vraie source se perd. Le service doit être entrepris par une âme en paix avec Dieu, et à cause de cela heureuse de collaborer avec Lui ; et il est nécessaire de continuer ce service et de l’exécuter indépendamment des effets qu’il peut avoir sur nous-mêmes, et entièrement en rapport avec la volonté de Dieu.

Gédéon ayant appris à adorer Dieu à Jéhovah-Shalom reçoit des instructions sur l’action qu’il doit entreprendre, « la même nuit ». Remarquez que la bénédiction n’est jamais différée quand nous sommes préparés pour la recevoir. La nuit n’est pas normalement le temps de l’action, et l’homme dirait : demain ; mais, avec Dieu, du moment que nous sommes prêts, nous recevons la bénédiction. Au moment même où nous entrons dans le chemin de Dieu, nous nous trouvons dans la lumière avec la force de Dieu. – Cette nuit-là, Gédéon est conduit à être un témoin de celui qui s’était révélé à lui : « Prends le jeune taureau qui est à ton père, et le second taureau de sept ans ; et tu renverseras l’autel de Baal qui est à ton père, et tu couperas l’ashère qui est auprès ». Sa propre maison est le premier endroit où le vrai serviteur peut témoigner de ce qui est dans son cœur, c’est là qu’est le commencement de son service ; la puissance et la netteté avec lesquelles il le fait, préfigure sa carrière future et sa capacité. Gédéon doit déclarer à la maison de son père, et par elle à toute sa ville, d’une manière pleine d’audace, que la lumière s’est levée dans son âme, qu’elle exige de lui un témoignage et qu’elle lui donne le pouvoir de le rendre. Il faut qu’il supprime entièrement le faux culte dans la maison paternelle.

Gédéon obéit ; mais il le fait de nuit, craignant de le faire de jour. On voit là réapparaître la faiblesse de sa nature. Sa foi n’est pas encore assez affermie pour qu’il puisse témoigner ouvertement ; mais ce qu’elle le rend capable de faire, il le fait.

Dès le début, Gédéon rencontre l’hostilité de son propre peuple parce qu’il est fidèle à la vérité. Mais le cri de la populace réclamant la mort de Gédéon trouve sa réponse dans le défi de Joas à Baal : s’il est dieu, qu’il plaide pour lui-même. À cause de cela Gédéon reçoit le surnom de Jerubbaal.

Avec quelle grâce et quelle sagesse l’Éternel prépare-t-il son serviteur pour l’œuvre que son propos éternel lui a assignée ! Et sa façon d’agir avec nous est semblable. Son but est de nous assurer que, puisque Christ a triomphé de la puissance du mal, il y a, à notre disposition, en face de chacune des manifestations du mal, une puissance infiniment supérieure. En outre, plus l’opposition malfaisante est grande, plus la force qui la vaincra sera manifeste. Nous devrions être encouragés dans toutes les circonstances de la vie par ce fait : « Quand l’ennemi viendra comme un fleuve, l’Esprit de l’Éternel lèvera un étendard contre lui » (Ésaïe 59. 19). C’est une vérité de la plus haute importance pour le serviteur fidèle dans les temps difficiles, vérité que la main divine a fait pénétrer dans l’âme de Gédéon, et qui va être confirmée quand tous les Madianites et les fils de l’orient se seront rassemblés pour camper dans la vallée de Jizréël. Alors « l’Esprit de l’Éternel revêtit Gédéon, et il sonna de la trompette, et les Abiézérites furent assemblés à sa suite ». Il a déjà passé par deux grandes expériences qui l’ont qualifié et préparé pour son service : la première, sa relation personnelle avec Dieu établie à l’autel Jéhovah-Shalom ; la seconde, sa fidélité à la vérité de Dieu, dans la suppression totale du faux culte. Mais là, de nouveau, bien qu’ayant rassemblé avec la puissance de Dieu Manassé, Aser, Zabulon et Nephthali autour de lui, et étant prêt à l’action en face de l’ennemi, il doit apprendre qu’à moins d’être assuré de l’aide de Dieu, il ne peut agir.

L’histoire secrète de l’âme de ce fidèle serviteur, que la grâce nous donne en détail, est vacillante et humiliante. Extérieurement pourtant, on ne discerne que courage et énergie, et c’est souvent aussi notre cas. Qu’il est bon d’avoir à faire à un Dieu plein de grâce et qui tient compte de notre faiblesse ! Il rassure par des signes, l’esprit de son serviteur. Celui-ci aurait dû dès le début s’appuyer sur les promesses qui lui avaient été faites, mais Dieu lui donne en grâce toutes les preuves demandées et les renouvelle. Dans sa faible foi, Gédéon se voit ainsi confirmer qu’il est dans le bon chemin et qu’il sera béni en le suivant.

Celui qui dépend réellement de Dieu ne cherchera pas à avoir conscience de sa propre capacité, mais bien de celle de Dieu, dont la puissance répond à tout. C’est là ce que tout serviteur doit apprendre, mais Dieu ne l’enseignera pas à tous de la même manière. Gédéon apprend par les signes de la toison que la puissance de Dieu peut s’adapter à toutes ses requêtes, et qu’elle est capable de modifier l’ordre de choses établi afin de manifester Sa volonté.

Préparé de cette manière, Gédéon « se leva de bonne heure, et tout le peuple qui était avec lui, et ils campèrent près de la source de Harod ». Là l’Éternel intervient, car Il veut montrer que l’œuvre à accomplir est Son ouvrage. Il ne faut pas qu’Israël puisse se glorifier contre Dieu, et dire : « Ma main m’a sauvé ». Gédéon doit crier aux oreilles du peuple : « Quiconque est peureux et tremble, qu’il s’en retourne et s’éloigne de la montagne de Galaad ». Quelle épreuve pour la foi de Gédéon de voir vingt-deux mille hommes quitter sa bannière ! Mais là où il y a la foi, il y a toujours une épreuve. Toutefois, il vaut mieux pour un homme de foi se trouver avec quelques fidèles qu’avec un grand nombre de faibles et d’hésitants. Bien qu’il ne reste que moins d’un tiers des hommes du début, l’Éternel déclare que c’est encore trop, et ordonne que ceux qui restent soient passés au crible : il s’agit de voir quels sont ceux qui sont vraiment propres à la guerre et au témoignage. Gédéon doit les faire descendre vers l’eau pour que Dieu les « épure ».

Cette épreuve simple et surprenante aux yeux de l’homme a une application spirituelle qui nous sonde. Comme toutes les flèches du carquois divin qui ne manquent jamais leur but, et accomplissent ce que les efforts et le discernement de l’homme ne peuvent faire, ce test manifeste les pensées et les intentions du cœur. Trois cents seulement sont assez centrés sur le but pour ne prendre que l’indispensable et se hâter. Hélas ! si nous étions mis à pareille épreuve, combien d’entre nous resteraient dans la troupe de notre Gédéon ?

Beaucoup se trouveraient parmi les trente-deux mille qui partent avec lui, ou même parmi les dix mille qui traversent le premier tri, mais combien peu ont cette abnégation qui rend capable de poursuivre la course et de combattre le bon combat de la foi, sans égards pour soi-même ni pour ses besoins personnels. Il n’y a qu’une petite différence entre ceux qui ont lapé l’eau et ceux qui se sont mis à genoux pour boire. Et l’eau est nécessaire à des guerriers altérés. Mais la manière de la boire montre l’état du cœur ; et cela nous apprend cette grande leçon, qu’à moins que nous ne fassions du Seigneur, du Seigneur de gloire, notre seul objet et notre unique but, Il ne peut se servir de nous pour le bien de son peuple. Toutefois dans Sa grâce Il nous permet d’avoir une place et une bénédiction dans la délivrance qu’Il opère par des cœurs plus fidèles.

Pour Gédéon, comme pour ceux qui le suivent, ce passage au crible est une épreuve de foi, car la diminution de leur nombre les amène d’autant plus à dépendre de Dieu ; nous avons de la peine à nous soumettre à une telle éducation qui nous scrute jusqu’au fond : mais celui qui n’est pas enseigné n’est jamais à la hauteur des épreuves de la guerre. « Cette nuit-là » (car maintenant que les cœurs sont préparés, il ne doit plus y avoir de délai), l’Éternel lui dit : « Lève-toi ; descends au camp », mais Il ajoute avec grâce pour fortifier la foi de Gédéon : « Si tu crains d’y descendre, descends au camp, toi et Pura, ton jeune homme ; et tu entendras ce qu’ils diront ». Qu’elles sont variées les voies de Dieu envers ses serviteurs ! Dans le camp ennemi, l’interprétation d’un songe annonce le succès de Gédéon, et il apprend que les Madianites s’attendent déjà à leur propre défaite. Si nous savions écouter les indications que Dieu nous donne, nous trouverions souvent les preuves de la prochaine confusion de nos ennemis, et ce serait pour nous un encouragement à persévérer. Gédéon a ainsi pu voir que le Dieu qui donne la rosée était de nouveau tout près de lui ; il se prosterne et revient au camp avec la pleine assurance de la victoire avant même que le combat n’ait commencé.

Je n’ai pas besoin de m’étendre sur les détails de cette victoire, car c’est plus une poursuite qu’un combat, si ce n’est pour dire que la force est rendue parfaite dans la faiblesse. Les torches dans les cruches – des trésors dans des vases de terre, – et des trompettes pour annoncer que leur cause était celle de l’Éternel, étaient les seules armes de la petite troupe, jusqu’à ce que les épées des ennemis se retournent contre eux-mêmes. Le succès est complet, et Gédéon s’affirme comme un instrument dans la main de Dieu pour opérer la délivrance de Son peuple. Mais quelle formation variée a été nécessaire avant qu’il en soit ainsi ! Le vrai serviteur instruit par Dieu trouve toujours un moyen de faire son ouvrage, quelque difficile qu’il paraisse. Plus les difficultés sont grandes, plus grande doit être la preuve que nos ressources sont d’un ordre et d’un caractère différent de celles qui sont conjurées contre nous, et ce principe est aussi vrai pour de très petites choses que pour les plus grandes.

Quand Gédéon en a fini avec les Madianites, une difficulté d’un autre ordre se présente à lui : c’est l’opposition de ceux qu’il croyait ses amis, et il faut plus de sagesse pour ce cas-là que s’il s’agissait d’ennemis déclarés. La manière dont il traite les deux classes de ceux qui contestent avec lui est instructive. Avec les hommes d’Éphraïm qui lui reprochent de ne pas les avoir appelés à la bataille, il prend la place la plus humble, celle de la grâce, la vraie position sage et pieuse qu’il faut avoir envers ceux qui cherchent à se mettre en avant. Il aurait pu répondre que lui-même et ses trois cents compagnons avaient été spécialement appelés et choisis par Dieu ; mais ce n’est pas ce qu’il fait et il laisse aux hommes d’Éphraïm toute la satisfaction d’avoir remporté une victoire. Mais il agit tout autrement envers les gens de Succoth et de Penuel qui avaient refusé des pains à ces guerriers « fatigués, mais poursuivant toujours ». Il ne les épargnera pas. Leur conduite était opposée à l’œuvre de Dieu, et ils prenaient la position de traîtres à Son nom et à Sa gloire. Le principe est le même dans la période actuelle. Il y a des cas que nous devons traiter par la grâce ; mais d’autre part nous devons combattre pour la foi. « Je voudrais », dit l’apôtre, « que ceux qui vous bouleversent se retranchassent même » (Galates 5. 12). « Si quelqu’un… n’apporte pas cette doctrine (celle de Christ), ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas » (2 Jean 10).

Gédéon nous est présenté (chapitre 8. 22) une dernière fois ; il est alors sous l’exercice d’une nouvelle discipline bien particulière. De grands services accomplis font souvent naître la satisfaction de soi-même et le désir d’une exaltation que d’autres sont d’autant plus enclins à accorder qu’ils manquent de spiritualité. La foule demande à Gédéon de dominer sur eux, mais il répond : « Je ne dominerai pas sur vous,­… l’Éternel dominera sur vous ». Comment pourrait-il prendre la place de ce Dieu qui lui avait accordé tant de bénédictions et d’honneur ? Sa réponse est faite avec une sagesse spirituelle, mais quand il demande les anneaux du butin, il laisse percer un désir secret de rappeler ses services, quoiqu’il ait refusé puissance et honneurs. Un tel désir pouvait-il produire autre chose qu’un piège, que ce soit sous la forme d’un éphod ou de toute autre chose ? Et c’est ce qu’il advient pour Gédéon et sa maison.

Quelle leçon, quel avertissement pour nous, de voir un serviteur de Dieu perdre son caractère, en un instant, semble-t-il, après avoir été pareillement enseigné et avoir été formé pour l’œuvre ! Cela nous apprend que même si nous savons refuser une situation en vue, nous ne sommes pas à l’abri d’un piège plus subtil et dangereux : de supposer que le souvenir de notre service peut en quelque manière contribuer à la gloire de Dieu ; c’est au fond faire du service un moyen d’exaltation personnelle, et cela ne peut être qu’un « piège pour nous et notre maison ».